Je n’aime pas le heavy metal – mais j’aime le rappeler à chaque fois que j’en chronique. Cependant, je dois m’avouer vaincu ! Peut-être connaissez-vous déjà Trevor William Church comme leader de Beastmaker, groupe de doom metal généreux dans ses ambiances occultes (et pas que de ce côté-là, la formation ayant sorti pas moins de huit EPs à la suite récemment !). Si ce n’est pas le cas, je vous invite à écouter le merveilleux
Inside The Skull, son groove rock et ses relents de metal à l’ancienne formidablement vénéré, jusqu’à une pochette rappelant les œuvres de Judas Priest.
A croire que son amour pour le heavy metal ne pouvait se contenter de quelques clins d’œil, voici revenir le jeune prodige cette année sous le nom de Haunt, projet embrassant clairement son idolâtrie pour les leads épiques et guitares au son si vieux qu’elles touchent la frontière avec le hard rock. Un style vintage, clairement à sa place sur un label de la trempe de Shadow Kingdom, et qui a le vent en poupe depuis un moment, le nombre de formations rétrogrades ne cessant de grandir. Et ce n’est pas le créateur du déjà-prometteur EP
Luminous Eyes qui apportera du neuf dans le vieux : des solos emportés aux mélodies fédératrices, en passant par des compositions aux structures on-ne-peut plus simples,
Burst Into Flame ressemble, sur le papier, à ces groupes ayant l’intention de respecter un cahier des charges, où cocher des cases est plus important qu’écrire sa propre histoire.
Mais alors, pourquoi ce disque qui a tout pour me donner le sentiment ennuyeux de lire la page Wikipédia sur le heavy metal me plaît tant, au point d'avoir tourné quotidiennement des semaines durant ? Parce que
Burst Into Flame mérite son nom jusqu’à des compositions marquées par le feu sacré, un amour candide qui éteint toute mauvaise pensée à son égard. Très vite, on se retrouve à vouloir galoper avec lui, lors de titres énergiques au possible qui, derrière leur révérence assumée, se permettent une appropriation marquée de la patte de Trevor William Church. Impossible pour l’amateur de Beastmaker de ne pas remarquer ici son empreinte, dans un feeling rock présent en filigrane le long de ces trente-sept minutes, effleurant même le psychédélisme et le Sabbath-Worship malgré une tendance lourde au ravage, l’épopée se vivant la mâchoire serrée. Alternant moments incroyablement catchy (« Wanderlust », bon sang !) et passages plus mid-tempo, laissant éclater ce goût qu’a Haunt pour les lignes vocales eighties (« My Mirage » sortira difficilement de votre tête), ce premier longue-durée est plus sérieux qu’il peut le paraître au premier abord, jusqu’à des paroles davantage profondes que les clichés usuels, prenant à son compte le côté revendicatif du style (« Heroes »).
Et puis il y a lui, ce magnifique boulimique à la voix d’or qui, s’il n’enchante pas autant que dans sa maison-mère, transmet ici une personnalité rendant Haunt reconnaissable entre mille. Sûr, les amateurs de notes élevées et phrasé rapide en seront pour leur frais – tant pis pour eux, Trevor William Church séduisant par un chant fonctionnant sur le temps long, nasillard, lisible et étalé, aux ritournelles finissant par s’inscrire durablement dans l’esprit. « Crystal Ball », « Frozen In Time », « Reflectors », « Heroes »… La tentation est grande de citer l’ensemble de l’album sur ce point, tant le savoir-faire développé explose au micro.
Cela serait excessif néanmoins,
Burst Into Flame péchant ici ou là, montrant qu’une certaine timidité se cache encore dans son déballage de flambeur. Prenant son parti de ne pas changer fondamentalement la donne malgré une identité certaine, il s’essouffle lors d’une fin de disque moins enfiévrée, les riffs se faisant plus communs dans leur déroulement (la classique « Can’t Get Back »). Enfin, l’alternance presque mécanique entre morceaux rapides et titres plus lents montre que Haunt ne se laisse pas encore totalement aller à écrire son propre heavy metal vintage, frôlant une démonstration s’arrêtant à l’adoration scolaire sur certains aspects. Du pinaillage, pour un disque qui me fait douter de mon désamour pour le heavy metal. Mince, je vais finir par croire que j’adore ça !
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