Dio - Holy Diver
Chronique
Dio Holy Diver
Dans le Metal, c'est comme dans le vin. Il y a de bons millésimes. 1983 en est un. Allez-donc jeter un cil à la liste des disques parus cette année si vous en doutez. Un bon MAIDEN, un bon OZZY, un excellent METALLICA, un bon SLAYER, les débuts de MÖTLEY CRÜE, un BLACK SABBATH sous estimé et les débuts solo de Ronnie James Dio, fraîchement (au propre comme au figuré) débarqué de BLACK SABBATH. Démissionné / Débarqué, les avis divergent. Mais quel que soit le juste terme, l'union sacrée entre le lutin et le gang de Birmingham est finie et bien finie. Après les deux albums d'anthologie que sont Heaven and Hell et Mob Rules, l'enregistrement laborieux du LIve Evil a fait exploser le quatuor constitué des Anglais Tony Iommi et Geezer Buttler et des Américains Ronnie Dio et Vinnie Appice. Irréconciliables suite à une dispute autour du mixage du live, les américains sont allés voir ailleurs, laissant aux Anglais leurs yeux pour pleurer et un mauvais disque live pour se consoler.
Libéré du Sab, Dio décide de finaliser un projet qui lui trotte dans la tête depuis longtemps : fonder son propre groupe. Le lutin avait essayé de mener ce side projet en parallèle de BLACK SABBATH, mais Tony Iommi a refusé, comme il l'avait fait quelques années plus tôt pour Ozzy, que son frontman partage son temps entre deux groupes. Porté par le succès encore frais dans les esprit de ses deux albums avec BLACK SABBATH, Dio signe un deal avec Vertigo et recrute des musiciens pour compléter son line-up : Vinnie Appice aux fûts, Vivian Campbell à la guitare et Jimmy Bain à la basse. Le groupe s'enferme en studio pour composer et enregistrer vite et bien le premier opus du groupe auquel Dio donne très modestement son nom. Un choix pas totalement idiot dans la mesure où, si le lutin est encore paré de l'aura de BLACK SABBATH, le reste de sa petite troupe est composé de glorieux inconnus. Autant capitaliser sur la renommée du chanteur pour se démarquer sur une scène Heavy Metal aux côtés des grands groupes très renommés et des étoiles montantes de la scène Hard FM / Glam Metal qui est en phase d'exploser à Los Angeles.
Holy Diver est un album qui se déguste. Comme la madeleine de Proust qui rappellerait le temps béni du Heavy Metal qui avait quelque chose à raconter et envoyait du rêve par tous les sillons. Le disque accuse un petit coup de vieux mais il a finalement moins mal vieilli que d'autres disques parus à l'époque. Bien sûr, certaines chansons sonnent terriblement années 1980 ("Don't Talk To Strangers" en particulier). Bien sûr il y a quelques intros au synthé un peu ringarde : l'intro venteuse de "Holy Diver", un effet synthétique pathétique sur "Invisible" et le risible hurlement de loup enroué sur "Shame On The Night". Mais ces petits signes du temps mis à part, la colonne vertébrale du disque est faite d'un Heavy Metal solide et intemporel. La tracklist est intelligente et équilibrée. Ouvrant sur "Stand Up and Shout", une grosse baffe Heavy tout en guitare tranchante, en batterie vrombissante et en chant agressif. Le parfait hymne pour stade. Vient ensuite le célèbre morceau titre, archi connu et magnifique "Holy Diver", porté par un tempo plutôt lent, un chant envoûtant et un riff génial. Cette chanson aurait tendance à faire oublier le reste de la tracklist, et ça serait pourtant bien dommage de passer à côté. Car même s'ils ne sont pas tous aussi équilibrés que "Holy Diver", chacun des sept morceaux suivants a quelque chose à dire. Ils se suivent comme à la parade, développant des ambiances et des thématiques variées. Sans jamais faiblir ni tomber dans le mièvre parfois effleuré, la tracklist se clôture sur l'exceptionnel "Rainbow In The Dark" et le plus anecdotique "Shame On The Night".
Ce qui est vraiment bien avec Holy Diver, c'est aussi de constater à quel point le travail de DIO est différent de celui de BLACK SABBATH. Ce nouveau projet n'a résolument rien à voir avec le son du groupe Britannique. Il est plus enjoué, plus léger, plus cool, moins pesant et plombé. Même Ronnie Dio est différent. Son chant est toujours très technique, riche et aisément reconnaissable, mais l'Américain, libéré du poids de la couronne de frontman de BLACK SABBATH semble plus à son aise dans un univers qu'il s'est inventé. Un univers dans lequel il laisse à ses collègues le champ nécessaire pour s'exprimer. Voila un disque où l'on sent que chaque musicien a pu s'exprimer. Chaque instrument a un son organique et orgasmique : la guitare de Campbell éjacule des soli d'anthologie, la batterie de Vinnie Appice alterne tempi posés et accélérations d'antologie. Quant à Dio, inutile de vous dire qu'il est à 200% de son karma. Le chanteur alterne les tessitures vocales comme qui rigole, ose des montées dans les aigus à faire péter tous les verres en cristal de la maison et habite littéralement ses textes.
Le disque ne se révèle pas forcément du premier coup, mais il gagne à être redécouvert. Sans être un disque fondateur à l'importance historique, Holy Diver est un album sur lequel il n'y a rien à jeter et tout à garder. Un album qui rend justice au millésime 1983, décidément exceptionnel.
| rivax 16 Mai 2018 - 1962 lectures |
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