Enforcer - Diamonds
Chronique
Enforcer Diamonds
Ces temps-ci, j'avoue prendre beaucoup plus mon pied à écouter du heavy que du brutal death. Il faut dire qu'il n'y a pas grand chose à se mettre dans les oreilles en cette année 2010 bien indigente. Heureusement, certains groupes sont là pour relever le niveau. C'est là qu'intervient Enforcer et son deuxième full-length, Diamonds. Complètement passé à côté du premier album Into The Night sorti il y a deux ans, je saisis là l'occasion de me rattraper et de rejoindre la cohorte d'admirateurs du combo suédois.
A l'heure où Iron Maiden sort son quinzième album studio, il est bon de se rappeler qu'à une époque lointaine, le groupe se faisait plus cru et speed. Notamment sur les deux premiers albums avec Paul Di'Anno au chant. Et c'est pile là-dedans que tape Enforcer. L'influence se faisant omniprésente, n'attendez pas quelque chose d'original. Le seul reproche qu'on pourrait adresser aux Scandinaves d'ailleurs. Parce que sinon Enforcer, c'est du heavy speedé typé NWOBHM ultra bandant comme on n'en fait plus!
Une perle déjà magnifiquement présentée dans un beau digipack coloré, avec des paroles qui auraient pu être imprimées en plus gros caractères toutefois mais ce n'est qu'un détail. Quant à la production, rien à redire, elle n'est ni trop passéiste ni trop moderne et sait mettre en valeur tout ce qu'il faut. On saluera aussi un mix excellent, notamment en ce qui concerne la basse, l'un des instruments phares de ce Diamonds. Toujours audible, sautillant entre les lignes mais sans être démonstrative, c'est sûr, il y a du Harris là-dessous! Mais la basse n'est que la cerise sur le gâteau tant le quintette a à offrir. La force d'Enforcer? Savoir composer des titres assez courts (3-4 minutes en moyenne, "Katana" et "Walk With Me" étant eux plus longs en affichant près de 6 minutes), plutôt simples, ultra efficaces, accrocheurs en Diable et dôtés d'un putain de dynamisme qui donne une patate incroyable! Le rythme se fait ici souvent enlevé avec une apogée sur "Live For The Night", 2'34 de pure tuerie speed jouissive. C'est même carrément un riff thrash que nous proposent les Scandinaves sur "Take Me To Hell" à 1'37! On se retrouve ainsi toujours à secouer la tête, ou à taper du pied sur les mid-tempi. Il faut dire qu'il n'y a aucun remplissage ici, que des bombes. "Walk With Me" est peut-être légèrement en dessous mais il aurait été le tube de bon nombre d'albums d'autres groupes, c'est dire la qualité d'ensemble! Dix titres ras la gueule de riffs simples mais terriblement efficaces et de mélodies catchies qui donnent envie d'y retourner dès les quarante minutes écoulées. Ce que je fais depuis plus de deux mois!
Parce qu'évidemment, pour qu'un album de heavy soit réussi, la mélodie doit être à la fois soignée et mémorable et y avoir une place prépondérante. C'est bien le cas ici, que ce soit dans les riffs ou les nombreux soli qui parsèment Diamonds, la paire Adam Zaars (nouvelle recrue de Repugnant au passage)/Joseph Tholl se répondant souvent du tac au tac comme à la grande époque. On aura même le droit à un break somptueux sur l'instrumental "Diamonds" sublimé par le chant aérien apaisant d'une demoiselle, seule véritable surprise d'un opus qui se veut avant tout classique. En parlant de chant, il ne faudrait bien sûr pas zapper le maître à penser Olof Wikstrand qui fait un travail remarquable. Pas forcément impressionnant même s'il est évidemment bon chanteur avec un timbre bien aigu qui se fait parfois plus criard quand il se lâche, le bonhomme puise sa force dans la mémorabilité de ses lignes et l'énergie qu'il y met. C'est même parfois lui qui fait décoller des passages sur lesquels les riffs sont un peu moins inspirés. Au menu: refrains super entraînants à chanter sous la douche ("Midnight Vice", "Roll The Dice", "Running In Menace", "High Roller", "Nightmares" et surtout la géniale "Katana" qui récupère au passage le titre de meilleur morceau de l'opus) et couplets énergiques pour coller à la rythmique frénétique de son batteur de frère. Du tout bon on vous dit!
Bon alors évidemment, tout ça n'a rien de révolutionnaire et ça reste du classique de chez classique (grosses influences early-Maiden, des passages rapides pouvant rappeler Savage Grace, le riff d'intro de "High Roller" que n'aurait pas renié Judas Priest...). Mais honnêtement, je m'en tamponne le coquillard. Je préfère ça à n'importe quel truc qui dénature le genre en incorporant de l'accordéon, de la flûte de pan ou du ragga à son metal. Le chant bien aigu, le côté kitsch et limite glam des musiciens pourront également en rebuter quelques uns. Pas moi. Enforcer revendique haut et fort ses influences eighties et, comme toute personne ayant un tant soit peu de goût le sait, rien ne vaut les années 1980 en matière de metal. Enforcer signe là un vibrant hommage aux heures de gloires du heavy et pourtant, malgré cette adoration pour le passé, sa musique sonne plus frais que la majorité des productions modernes. Pur, énergique, efficace, mélodique, dynamique, inspiré, addictif, Diamonds est tout simplement l'album heavy de l'année.
| Keyser 20 Août 2010 - 3154 lectures |
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