The Sword - Apocryphon
Chronique
The Sword Apocryphon
Alerté il y a deux ans de ça par l’excellence d’un « Warp Riders » (bientôt chroniqué en ces pages par mon confrère Hosty), je n’ai pas hésité longtemps à me coltiner le successeur d’un album vintage comme on l’aime, jusque dans son artwork SF délicieusement rétro. Sans trop m’attarder sur la présentation de ce combo d’Austin, Texas, précisons tout de même que THE SWORD peut se targuer d’avoir accompagné sur les routes des groupes comme NEBULA, KYUSS LIVES !, CLUTCH ou encore METALLICA, ce qui donne déjà un aperçu du terrain de jeu des Américains. Quatrième effort studio venant consacrer une reconnaissance croissante (le single « Hammer Of Heaven », présent sur la B.O. du blockbuster Avengers), « Apocryphon » donne donc dans le stoner de tradition, parsemé d’influences heavy metal late seventies/early eighties qui raviront les fans de la dite période. Suffisant pour faire tourner les joints et les têtes pour les six prochains mois ?
En réalité, tout dépend des espoirs que vous avez placé en THE SWORD, groupe à fort potentiel de sympathie dont la formule de base navigue entre insolente efficacité et conformisme propret. Car au-delà de ses qualités évidentes (j’y reviendrai en fin d’article), « Apocryphon » est de ces albums un brin énervant qu’on aimerait adorer mais auquel il manque toujours un petit quelque chose pour séduire sans réserves. Appelez ça comme vous voulez, absence de supplément d’âme, regrettable manque de flambe ou sévère carence en burnes, malgré un « Dying Earth » irrésistible qui réunit OZZY OSBOURNE et le IRON MAIDEN plutôt posé de « Piece Of Mind » (pensez à une version enfumée de « Where Eagles Dare », pour situer). Il y a pire références, vous avouerez ! Pour le reste, les trois quart d’heure de durée d’ « Apocryphon » paraissent aussi gentiment longuettes qu’elles passent toutes seules une fois entériné le fait qu’on n’est pas en présence d’un chef d’œuvre. Légèrement desservies par la trop grande clarté d’une production signée J. Robbins (« RobotHives/Exodus » et « Strange Cousins From The West » des excellents CLUTCH, c’est lui), les dix nouvelles compositions de la sensation stoner du moment assurent tout de même l’essentiel ; des riffs mille fois entendus mais parfaitement fonctionnels, une bonne dose de groove, des éclairs heavy à l’ancienne qui font dresser l’oreille (« Hawks And Serpents », qui démarre comme « Flight Of Icarus » de qui vous savez) et quelques inévitables accents bluesy (« Eyes Of The Stormwitch ») venant enrichir le tableau. Maillon fort de THE SWORD, le frontman John D. Cronise tient bien la baraque avec un chant clair séduisant et un jeu de guitare alliant décontraction rock (la clutchienne « Arcane Montane ») et background heavy metal (« Cloak Of Feathers »). Et si le batteur originel Trivett Wingo a rendu son tablier pour cause d’incompatibilité avec la vie en tournée, son remplaçant Santiago « Jimmy » Vela III rend ici une partition propre, à défaut d’emballer des compositions pêchant un peu par manque de densité. Car exception faite d’un title track propulsé par des claviers d’un autre âge, le manque d’engagement de la bande frôle parfois la facilité (la mollassonne « The Hidden Masters »), même si la légèreté naturelle de ce « Apocryphon » trouvera grâce aux oreilles de bon nombre. Pour peu que l’on appréhende le nouveau THE SWORD comme une passerelle vers un passé plus glorieux, la ballade vaut donc le détour, même si ceux qui espéraient un « Warp Riders » bis risquent d’être un brin décontenancés.
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