En méditation de pleine conscience, il y a un exercice que j'aime bien. Il consiste à attribuer une couleur à chaque moment de la journée, chaque émotion, chaque sensation. L'objectif est de mettre le doigt sur les idées noires ou grises pour mieux pouvoir les dégager.
Ce matin, je me suis amusé à étiqueter la discographie de MONSTER MAGNET avec des couleurs.
Tab, Spine of god, Superjudge, Dopes to infinity : bleu-vert avec des reflets violets.
Powertrip : doré comme le fuseau d'une pute ukrainienne.
God Say No : orange éclatant avec des reflets rouge et jaune, comme du napalm en feu.
Mastermind : rouge orangé, comme des braises qui s'éteignent.
Last Patrol : violet avec des reflets bleu vert.
Mindfucker doré comme le fuseau d'une pute ukrainienne avec des reflets violets et bleu vert.
Oui, le nouveau rejeton du monstre magnétique marque une forme de retour arrière vers plus de Metal, d'agressivité et de méchanceté, mais elle est temporisée par des élucubrations plus posées, plus Stoner, avec des accents Southern Rock aussi. Bref, ce dernier disque est la quintessence de tout ce que MONSTER MAGNET a produit de bon en trente ans.
Mindfucker, c'est une démonstration de la capacité de Dave Wyndorf à se réinventer. Le brun moustachu n'est pas un adepte de la zone de confort, c'est plutôt un savant fou, un Géo Trouvetout du Stoner qui balance la tradition par dessus les moulins avec des sorties de route maîtrisées qui surviennent au bon moment : celui où on trouve qu'il a fait le tour d'un genre et qu'il serait bon de passer à autre chose.
Ainsi, en 1998, après dix ans de Stoner enfumé, psychédélique et contemplatif, le beau Dave part s'enfermer dans un hôtel de Vegas et accouche de son
Black Album, le vénéneux
Powertrip. Les albums suivants poursuivent sur la même lignée, celle d'un Heavy Metal à tendance Stoner, avec une bonne idée par chanson, une collection de riff plus cool les uns que les autres et des arrangements riches qui explosent de partout, faisant passer des morceaux généralement longs comme une promenade de santé. Certains estiment que le père Dave s'est laisser aller à un peu de complaisance avec
Monolythic Baby,
4-Way Diablo et
Mastermind et le bonhomme leur fait une nouvelle fois la nique en 2013 avec
Last Patrol, une forme de retour aux sources plus posé et apaisé. Ce n'est pas vraiment un retour au son initial du monstre, mais la phase de rébellion sous coke semble être passée. D'ailleurs les deux albums suivants,
Milking the stars et
Cobras and Fire, relectures et remixage complet des tracklist de
Last Patrol et
Mastermind confirment l'impression que Wyndorf et son crew ont envie de quelque chose de plus calme et posé.
Et là, nouvelle surprise,
Mindfucker marque un nouveau virage, il revient à la dureté de
Powertrip avec une musique bien agressive et Metal. Des riffs qui tabassent, un chant colérique et nerveux. Mais cette hargne qui fait du bien est contrebalancée par un fonds bien épais et gras et une structure narrative qui ménage sa monture en alternant les sensations. Un peu comme un coït, si vous voyez ce que je veux dire. C'est exactement ça, chacun des dix morceaux est un petit coït de cinq à sept minutes.
Alors si vous étiez fâché avec le beau Dave, MONSTER MAGNET vous donne l'occasion d'une réconciliation sur l'oreiller. Et si vous l'aimez toujours autant depuis le premier jour, il vous propose de fêter ça dignement.
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