Il aura fallu un peu plus de six ans à Herzel pour donner une suite à
Unis Dans La Gloire, première démo particulièrement bien accueillie parmi tous les amateurs de Heavy Metal épique. Six ans c’est long, surtout au train où vont et viennent les sorties aujourd’hui. Pourtant, alors qu’il aurait pu s’étioler, l’engouement manifesté à l’égard des Bretons ne semble pas avoir faibli d’un iota. Au contraire, à force de prestations particulièrement efficaces et fédératrices (et de chroniques dithyrambiques), le groupe originaire de Quimper a réussi à entretenir ce vif intérêt autour de sa petite personne. Un intérêt qui lui aura notamment permis de signer en début d’année dernière sur le label italien Gates Of Hell Records (Sölicitör, Traveler, Chevalier, Meurtrières, Vultures Vengeance...) pour la sortie de ce premier album très attendu intitulé
Le Dernier Rempart.
En bons Bretons, les garçons d’Herzel tirent naturellement une certaine fierté de leur héritage culturel et historique. Rien d’étonnant à ce que celui-ci serve donc de toile de fond aux histoires que va choisir de raconter le groupe à travers ces nouvelles compositions. Présenté comme un album conceptuel,
Le Dernier Rempart se divise en deux parties. "Maîtres De l'Océan" et "La Flamme" vont ainsi s’articuler autour de faits historiques survenus en Bretagne. Le premier en 56 avant Jesus Christ lors de la guerre des Vénètes opposant la république romaine et les Vénètes, peuple de Gaule Celtique à la tête d'une coalition de peuples armoricains. Le second en 1342 lors du siège de la cité d’Hennebont par Charles de Blois et qui verra notamment Jeanne de Flandre mettre le feux par surprise aux tentes des assaillants de la ville avec l’aide d’un petit contingent de soldats. Un fait d’arme glorieux qui lui vaudra rapidement le surnom de Jeanne La Flamme. "Berceau De Cendre", "L’Épée Des Dieux" et "L’Ultime Combat" vont quant à eux venir former un triptyque racontant la naissance, la vie et la mort du personnage d’Herzel dont le nom en breton symbolise la notion de résistance et dont le récit prend racine autour de contes et légendes bretonnes, notamment celui de l’incendie de la cathédrale de Quimper en 1620 (ou Gwerz an Tour Plomb en breton) que beaucoup ont attribué à l'époque à une force diabolique. L'exercice, s'il est toujours un petit peu casse-gueule, va permettre à Thomas Guillesser de briller dans son rôle de chanteur grâce, au-delà de sa technique pure, à la qualité de ses textes particulièrement immersifs et de toutes ces rimes soignées qui tout au long de l’album vont amener une musicalité supplémentaire. Une musicalité qui d'ailleurs, même si on n’y prête pas nécessairement attention lors des toutes premières écoutes, va également participer à construire une partie de l’identité d’Herzel.
Sans trop de surprise (même si le groupe nous en réserve quelques-unes tout au long de l’album),
Le Dernier Rempart poursuit le travail entamé par Herzel sur sa première démo avec à la clef ce Heavy Metal épique et fédérateur qui a fait le succès d’
Unis Dans La Gloire. Si le rythme n’est donc toujours pas particulièrement soutenu, la formule employée par les Quimpérois n’en reste pas moins hyper dynamique et cela malgré la richesse de ces titres qui s’étalent pour la plupart entre cinq et huit minutes. Aussi, passé ce court sample qui sans crier gare va transporter l’auditeur sur le pont d’un navire échoué que le vent et le ressac prennent plaisir à faire craquer, Herzel ne va pas manquer de nous faire taper du pied et hocher la tête au rythme de ces hymnes bretons tous plus entrainants les uns que les autres. Même lorsque le groupe calme le jeu sur un titre tel que "Berceau De Cendre" aux tournures progressives et aux sonorités bretonnantes pour le moins évidentes (les deux/trois premières minutes ne seront effectivement pas sans évoquer Rush ou Yes aux amateurs de Rock Prog et même Alan Stivell ou Dan Ar Braz pour les quelques adeptes de musique celte), on se retrouve systématiquement porté par des séquences empreintes de ce même dynamisme toujours aussi contagieux. Car si le groupe ne cavale jamais à cent à l’heure, l’envie d’aller galoper dans la baie des trépassés ou sur les hauteurs des Monts d’Arrée n’en reste pas moins particulièrement vivace.
Outre cette dynamique, ces évocations d’une Bretagne d’antan passent également par ces très chouettes mélodies qu’Herzel va distiller tout au long de l’album ainsi que par l’utilisation d’instrument folklorique aussi surprenant que bienvenu. À ce titre, impossible de ne pas évoquer "Le Dernier Rempart" qui sert ici d’interlude entre la première et la deuxième partie de l’album ainsi que "L’Ultime Combat" sur lesquels va résonner une bombarde (jouée par Ronan Le Dissez), instrument typique des bagads bretons à la sonorité si perçante. Et si évidemment entendre ce genre d’instruments est à mon avis un gros plus, notamment pour l'identité d'Herzel, ce sont surtout les riffs dispensés par Kevin Le Vern et Gurvan Lardeux qui vont ici mener l’essentiel de ce travail mélodique. Des riffs inspirés et soignés qui ne manqueront pas de vous filer la chair de poule et, à l'instar d'
Unis Dans La Gloire, de vous transporter en terres et mers bretonnes à coups de leads et autres solos particulièrement épiques ("Maîtres De L'océan" à 1:09, "La Flamme" à 0:36, la deux/trois premières minutes de "Berceau De Cendre", "L'épée Des Dieux" à 3:34 ou "L’Ultime Combat" à 5:31...).
Enfin, parce qu'il faut bien en terminer avec cette chronique, saluons également le soin apporté à la production de ce premier album, une étape qui n’a pas été des plus faciles pour Herzel puisque si l’enregistrement de l’album a débuté début 2020 au Novomax Studio de Quimper, celui-ci a dû s’arrêter pour cause de crise sanitaire et se poursuivre dans le home-studio du guitariste Gurvan Lardeux durant l’été 2020. Limpide et puissante, cette production va offrir la possibilité à chaque instrument de s’exprimer au mieux. Ces guitares évidement mais également cette basse aux rondeurs délicieuses, cette batterie impeccable et bien entendu le chant de Thomas Guillesser dont les envolées King Diamondiennes particulièrement assurées ne manqueront pas de convaincre tous les hardos de Bretagne et de Navarre.
Si
Le Dernier Rempart s’est fait particulièrement attendre, il ne fait aucune doute que cela en valait largement la peine. Evidemment, nous n’aurions pas été contre un titre supplémentaire, surtout après autant d’années d’absence mais le travail ici accompli, de la qualité d’écriture et de composition à ces mélodies fédératrices et irrésistibles aux couleurs bretonnantes en passant par ces constructions technico-progressives, ces refrains hyper catchy, la couleur des arrangements, la profondeur des textes, les thèmes abordés et cette fierté bretonne sous jacente, difficile d’y trouver à redire. Car derrière ses influences toujours aussi évidentes dont continuent de se nourrir les Quimpérois (de Manilla Road à Medieval Steel en passant par Warlord, H And H ou Sortilège), Herzel n’en reste pas moins un groupe définitivement à part, avec pour lui une identité particulièrement marquée qui fait bien évidemment toute la différence. C’est donc sans difficulté aucune que
Le Dernier Rempart s’impose dès ce mois de mars 2021 comme l’une des meilleures sorties Heavy Metal de l’année. Gourc'hemennoù messieurs !
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