Traveler - Traveler
Chronique
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Qui dit fin d'année dit bilan. Et pour le remplir, il va falloir mettre les bouchées doubles tant j'ai pris du retard sur tout un tas de sorties qui mériteraient d'y figurer. Que ce soit dans la catégorie meilleurs albums ou celle des déceptions. Le temps manquant, je vais me concentrer sur la première jusqu'à mi-janvier. Pourtant, ne vous y trompez pas, 2019 restera une année plutôt terne, apportant son lot de désillusions, le plus important depuis de nombreuses années. Heureusement, les découvertes tiennent encore leur rang, prouvant une nouvelle fois que la scène metal reste en perpétuelle ébullition grâce à de nouveaux venus qui en veulent.
Et parmi ces découvertes, Traveler tient une place de choix. Chaque année, dans tous les sous-genres, une poignée de groupes fait le buzz dans l'underground. À tort ou à raison mais là n'est pas le sujet. En heavy, Traveler fait partie des quelques formations à avoir fait beaucoup parler d'elles. Une "hype" totalement justifiée à l'écoute de son premier full-length éponyme sorti en début d'année via Gates of Hell Records (quand je vous dis que j'ai du retard !), sous-label de Cruz del Sur à qui l'on doit également le cru Chevalier, l'épique Vultures Vengeance (pour les fans de Dark Quarterer) ou encore le speed Riot City (tape) en 2019. Riot City, tiens, justement. Traveler partage le même batteur, Chad Vallier. On y croise aussi un ex-Striker, le bassiste Dave Arnold, ainsi qu'un ex-Borrowed Time, le chanteur Jean-Pierre Abboud, également frontman de Gatekeeper. Bref, vous l'avez compris, Traveler est un groupe canadien qui fait du heavy metal, ce dont on aurait pu se douter rien qu'à la vue de ce logo kitsch très années 1980 et de cette pochette aux mêmes qualificatifs, bien qu'elle aurait aussi convenu à un combo plus extrême.
Classique. Voilà ce qui vient à l'esprit à l'écoute de Traveler. Classique dans le sens noble du terme. Le combo de Calgary respecte à la lettre les codes du heavy metal traditionnel, tout au plus y injecte-t-il des doses de speed. Mais putain qu'il le fait bien ! Il le fait même mieux que quasiment tout le monde cette année. La production est cristalline tout en conservant ce grain old-school, les compositions catchy, punchy et mélodiques et les trente-huit minutes s'avèrent un véritable régal pour l'amateur éclairé. Concernant le riffing, on est dans le classique très inspiré, ça transpire le heavy metal par toutes les notes. La rythmique se fait pêchue, certes pas aussi rapide qu'un Enforcer ou un Riot City (quoique ça ne se ménage pas sur la bien-nommée "Speed Queen") mais ça joue quand même de façon assez soutenue la plupart du temps, avec quelques mid-tempos plus appuyés comme sur un "Fallen Heroes" plus émotionnel. Diablement efficace sur tous les fronts ! D'autant que les solos sont aussi à la fête, ça se répond du tac au tac entre les deux guitaristes qui ont du feeling à revendre, avec notamment quelques parties de twin guitars très agréables ("Starbreaker", "Behind the Iron", "Mindless Maze"). La formation se fend même d'un instrumental "Konamized" fort sympathique qui débute sur un petit parfum Maiden avant d'embrayer sur des saveurs Accept puis de gazouiller fièrement. J'ai même entendu nos Français de Hürlement à un moment ! Bref, chez Traveler, on sent les bases NWOBHM (début de "Behind the Iron" ...), en plus couillu. On pense à Omen, Judas Priest, Grim Reaper, Iron Maiden et tout un tas d'autres trucs cools.
Pas les pires références ! Traveler ne s'en cache d'ailleurs pas. Comment ne pas voir en le titre d'ouverture "Starbreaker" un hommage au Priest ? Rien que dans le titre ! Et puis la phrase Sin after sin dans les paroles ou la façon de chanter le refrain quand le frontman prononce le titre à la "Jawbreaker" ! Sur "Speed Queen", dernier morceau qui clôture le disque de façon bien virile, impossible de ne pas penser à Omen, un titre comme "Be My Wrench" par exemple. Ça speede et ça pose les couilles, c'est juste moins érotique ! Pour Maiden, c'est plus dans quelques mélodies typiques et les lignes de basse bien audibles. Encore un point fort ! Et en parlant de point fort, le vocaliste Jean-Pierre Abboud se pose là. Je ne le répéterai jamais assez, le heavy, avec le doom, est le style de metal où le poste de chanteur est le plus prépondérant et peut faire toute la différence, en bien comme en mal. Pas de grand album de heavy metal sans grand chanteur. Ça tombe bien, Traveler a de quoi faire avec JP Abboud qui possède notamment une grande versatilité dans ses intonations, sans toutefois jamais monter haut dans les aigus (c'est pas Riot City !). On est plus souvent dans les médiums, avec quelques passages dans les graves et quelques poussées vocales très priestiennes. Imaginez justement un croisement entre Rob Halford, Steve Grimmett et John David Kimball. Pas mal, hein ? Du coup, on a le droit à des couplets entraînants aux rythmiques et mélodies vocales bien trouvées ainsi qu'à des refrains (super important dans le heavy !) simples des plus catchy comme sur "Starbreaker", "Street Machine", "Behind the Iron", "Fallen Heroes" (plus poignant), "Mindless Maze" ou "Speed Queen". Nickel !
J'ai toujours le sentiment de rabâcher les mêmes phrases en chroniquant du heavy. Normal après tout, le heavy c'est comme ça et pas autrement. Encore une fois, Traveler ne propose rien de nouveau sur ce premier longue-durée éponyme qui ne surprend jamais, si ce n'est par sa grande qualité. On reste dans le traditionnel qui fleure bon les années 1980. Tant mieux j'ai envie de dire. Plus sobre que son frangin Riot City, Traveler passe le cap des écoutes répétées sans souci. Mieux, il se bonifie pour nous donner un des meilleurs albums de heavy metal de l'année aux côtés des valeurs sûres RAM et Vulture, des nouveaux talents Galaxy, Riot City et Vultures Vengeance, et du surprenant Diamond Head. Pas étonnant après tout car il a tout ce qu'il faut : des rythmiques entraînantes, des riffs solides, des solos inspirés, un chant varié et prenant nous offrant des refrains catchy et des couplets efficaces, une basse audacieuse et ce sacro-saint feeling qui fait toute la différence. Il n'y a guère que "Up to You" de plus quelconque, encore que son intro mélodique savoureuse et ses cavalcades intrépides donnent bien envie de lever le poing. Non, clairement, ces voyageurs tapent l'entrée fracassante avec ce premier longue-durée qui a tout d'un grand. Alors prenez vite votre ticket chez Heavy Metal Airlines et embarquez dès que possible !
| Keyser 7 Décembre 2019 - 1460 lectures |
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