Nous avions quitté Unfathomable Ruination il y a trois ans avec un
« Finitude » qui avait mis tout le monde d’accord et terminé en bonne place sur le podium des meilleurs sortis extrêmes de l’année, un album sacrément brutal, technique, dont la richesse et la densité demandaient un sacré paquet d’écoutes au compteur avant d’être pleinement appréhendées. Qu’allait donc nous réserver cette nouvelle offrande des Anglais et surtout allaient-ils parvenir à maintenir un tel niveau de composition ? Pas de suspense inutile la réponse est « oui ». Et même si « Enraged & Unbound » prendra quelques minces distances avec son prédécesseur, le propos reste le même et la qualité de l’ensemble n’a guère baissé.
Accusant uniquement le départ du bassiste Federico Benini, c’est à ce détail près le même groupe que sur
« Finitude » qui sévit ici, déjà un bon point. Continuité dans le line-up et continuité dans le style pratiqué, « Enraged & Unbound » poursuivant dans la droite lignée de son prédécesseur ce brutal death ultra vindicatif, technique et chaotique tout en restant d’une cohérence totalement bluffante. Pas de grosse surprise à attendre donc ici, Unfathomable Ruination n’a pas changé sa recette et c’est tant mieux ! Rythmique complètement épileptique, riffing technico-chaotique bouillonnant, breaks à foison, mélodies insidieuses, growl de boucher… Tout le monde est au rendez-vous et assure une prestation impeccable à commencer par un Doug Anderson en feu encore intenable derrière ses fûts mitraillant sans répit tous les patterns possibles et imaginables avec une vélocité et une précision à faire pâlir un anémique. Du blast, du tchouka-tchouka, du gravity, une double pilonnante, le tout saupoudré d’une pointe de groove bien senti, encore une fois chapeau. Et si le gus s’échine à jouer au poulpe ce n’est pas par simple plaisir d’éblouir son monde mais bien pour suivre un riffing lui aussi en ébullition, totalement schizophrène entre gros riffs de bucheron sous amphétamines, tremolo perçants, technicité permanente restant toujours à bonne distance de la ligne rouge et continuant encore sur « Enraged & Unbound » à insuffler un soupçon de mélodies venant compléter le propos et lui conférer une ambiance aussi déshumanisée que sur
« Finitude ». Bref, ça tricote mais sans jamais perdre ni le fil ni l’auditeur. Inutile évidemment de compter sur l’ex-Fleshrot Ben Wright pour apporter un peu d’humanité ou de douceur ici, le frontman persistant dans un growl toujours aussi puissant, caverneux, accompagné de petites envolée plus écorchées et si en plus je vous dis que le sieur s’est fait le plaisir de se voir épaulé par deux hurleurs et pas des moindres (les deux featuring totalement idoines de Julien Truchan sur « Defy The Architect » et Sven de Caluwé sur « Occulta Violentiam », ton sur ton donc) vous vous doutez que le moment où Unfathomable Ruination donnera dans le chant clair n’est pas prêt d’arriver.
Si je vous disais plus haut que « Enraged & Unbound » prenait de minces distances par rapport à son ainé c’est essentiellement par son aspect un peu moins dense (attention, ne croyez pas pour autant maitriser la bête en deux ou trois écoutes vous vous fourvoieriez !) et proposant une approche un poil plus groovy car nombreux seront les passages qui vous feront remuer nerveusement la nuque (le début de «An Obsidian Perception » puis à 4’54, ce passage presque hardcore sur le titre éponyme à 46, le début de « Defy The Architect », « Maniacal Disillusion » à 3’06, la fin de « Protoplastic Imprisonment »), n’étant d’ailleurs pas sans rappeler parfois un certain Benighted, quand d’autres revêtiront des atours presque thrashy (« Codebreaker » à 2’31, « Defy The Architect » à 2’50, « Maniacal Disillusion » à 1’29). Rien de fondamentalement nouveau car ces éléments étaient déjà présents sur
« Finitude » mais ils me semblent avoir été, ici, encore plus mis en avant ce qui n’est malheureusement pas le cas de la basse du nouvel arrivé Jake Law qui souffre d’un mix peu avantageux (tout juste pointe-t-elle un peu plus le bout de son nez au début de « A Prophetic Compulsion ») à l’intérieur d’une prod pourtant toujours aussi puissante qu’organique.
Bref il n’y a pas à tortiller du cul, en un mot comme en mille, « Enraged & Unbound » est une nouvelle petite bombe et ne fera absolument pas honte à son ainé. Peut-être un poil moins dense que
« Finitude », il vous faudra pour autant un bon petit nombre d’écoute avant d’en percevoir finement les contours. Brutal comme il faut, technique sans excès, chaotique et sachant intelligemment intégrer ses mélodies, ce troisième opus des Anglais (et sa pochette d’Eliran Kantor dépeignant si bien les tourments et démons intérieurs de l’âme humaine) est une réussite de bout en bout et devrait finir d’asseoir la statut d’Unfathomable Ruination comme l’un des leaders de la scène brutale mondiale.
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