Antropofagus - Origin
Chronique
Antropofagus Origin
Désormais c’est devenu une habitude de voir revenir tous les cinq ans le combo de Gênes avec un nouvel album sous le bras, car depuis
« Architecture Of Lust » en 2012 c’est le temps qu’il lui faut dorénavant pour pondre un long-format. Néanmoins depuis sa précédente livraison de l’eau a coulé sous les ponts car il y’a du mouvement avec l’arrivée chez les Polonais d’Agonia Records mais surtout le départ du chanteur Mattia De Fazzio (alias Tya) - remplacé depuis par Paolo Chiti (DEVANGELIC), qui s’il avait déjà assuré des concerts passe pour la première fois le cap du studio avec le trio restant. S’il n’a clairement pas la puissance vocale de son prédécesseur il se débrouille néanmoins très bien en imposant une tessiture plus profonde et caverneuse qui sied totalement aux compositions, qui restent dans le plus pur style de ce que propose le guitariste Meatgrinder depuis vingt-cinq ans pour ainsi offrir un disque totalement sans surprises, mais toujours redoutablement violent et brutal.
Car on sait bien que les transalpins n’ont pas pour habitude de changer leur façon de faire et une fois encore on ne va pas être surpris de ce qu’on va entendre, même s’il faut bien reconnaître qu’on va être légèrement déçu du résultat final bien qu’il tienne largement la route. On a en effet l’impression que la recette commence un peu à se tarir et qu’une sensation persistance de roue-libre apparaît ici et là, même si l’écriture reste directe et sans concessions à l’exécution impeccable via un niveau techniquement toujours impressionnant, comme vont le dévoiler les efficaces « Origin » et « Downward The Spiral » qui ouvrent les hostilités de très bonne façon. Si le classicisme y est assumé on y retrouve l’ensemble des tempos propices au groupe et le jeu de batterie si reconnaissable de Davide Billia (qui une fois encore y a mis toute son énergie et sa puissance), bien aidé par une production abrasive mais équilibrée qui ne bouffe pas tout l’espace disponible. Néanmoins on va quand même avoir rapidement un sentiment de prévisibilité auquel il est difficile d’échapper dans ce genre si radical, et c’est cela qui va ressortir de « Oppressed Suffering » qui nous balance là-encore tout l’attirail musical de l’entité mais auquel il manque un truc pour vraiment adhérer vu qu’on a le sentiment d’avoir déjà entendu ça par le passé chez elle… et surtout en mieux, même si ça reste dans le haut du panier du style. Ne nous méprenons pas effectivement ça reste particulièrement bien foutu et il n’y a qu’à écouter la doublette de fin « Passage Of Annulment » et « Chapter Of Not Letting The Body Perish (M.O.R.T.E. Pt2) » pour confirmer cela, tant les variations proposées donnent autant envie d’en découdre que de secouer mécaniquement la tête via des plans pachydermiques écrasants de noirceur. Ce rendu va d’ailleurs trouver son paroxysme sur les monstrueux « The Slaver Ascension » et « Of Prosperity And Punishment » à la densité folle et aux plans mid-tempo redoutables de force et d’accroche et dont le groove saisit immédiatement le reste du temps de ces deux morceaux, qui ne cessent d’alterner entre accélérations et ralentissements pour mieux offrir un moment furibard qui fait largement plaisir à entendre.
En revanche on sait depuis longtemps que les Italiens ne sont pas les meilleurs quand ils misent tout sur le bridage en règle joué de façon continue… et ici malheureusement c’est encore une fois le cas et même de façon plus marquée que précédemment, via les ennuyeux et redondants « While Nothingness Slithers » et surtout « Hymns Of Acrimony ». Malgré les efforts de ses géniteurs ça ne décolle hélas jamais et donne en plus la sensation de ne jamais vouloir se terminer (malgré une noirceur encore plus prononcée), tout en se montrant beaucoup trop répétitif à la longue et font qu’on y décroche totalement. Mais heureusement cela sera finalement le seul loupé de cette galette néanmoins très plaisante à défaut d’être mémorable et qui ne sera qu’une pierre de plus à l’édifice des vétérans de Ligurie, même si le plaisir de les retrouver comblera largement ce sentiment d’inachevé vu qu’on sait qu’ils sont capables de faire mieux. Du coup même si tout ça est moins homogène (et globalement un peu plus en dessous) que par le passé ce quatrième opus de la longue carrière des anthropophages a des arguments de haute-tenue à proposer toujours avec une efficacité sans bornes et un professionnalisme qui ne se dément pas. En revanche il faudra pour son successeur clairement élever le niveau au risque pour ses membres de disparaître du haut du pavé où ils sont installés depuis longtemps… même s’ils ont encore largement de la marge par rapport à la masse de formations sans intérêts signées chez son ancien label Comatose Music (qui y perd sacrément au change en ne les ayant plus sur son catalogue), et heureusement d’ailleurs… sur ce point-là on n’est pas inquiet.
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