Les Allemands, ils détiennent décidemment tous les
skills pour jouer du
thrash metal. C’est comme ça, pester n’y changera rien. Si l’on croit un peu à la génétique, je me dis qu’il doit y avoir un truc dans ce pays qui contamine aussi bien les petits garçons que les petites filles et, arrivés à l’âge adulte, ils se mettent naturellement à porter la moustache, des jeans trop serrés, des baskets voire une coupe mulet pour la frange la plus dure (jeux de mot validé par Jean Louis David).
La formation munichoise, qui fêta ses dix ans l’année dernière, a pris le temps de peaufiner son style : trois démos parues entre 2014 et 2018 avant de sortir le premier LP «
Sacrifice Your Future » en indépendant mais également chez trois différents labels au catalogue intéressant (
High Roller Records,
Iron Shield Records,
Carnal Beast). En 2002, les musiciens se sont remis au boulot via l’EP «
The Iron Curse » dont l’un des deux titres, « Divide and Kill », se retrouve d’ailleurs sur ce dernier né.
À l’image de cette pochette qui me rappelle celle de
CRYPTIC SHIFT sur son excellent
« Visitations from Enceladus », tant dans sa thématique que ses couleurs ou encore son style, on subodore que
WHITE MANTIS ne joue pas dans la cour des gros bourrins satanistes ni dans celle des nostalgiques des années 80. En taule, le groupe prendrait ses quartiers dans le coin des intellectuels car même si la référence qui revient le plus souvent est
KREATOR, ce que je peux comprendre pour une certaine vitesse d’exécution, le chant et la structure globale des titres nous renvoient plutôt vers des formations davantage cérébrales :
VOIVOD ou
MELONG DELTA par exemple, avec cette petite touche de modernité technique qui fait toute la différence, ou comment faire du neuf avec du vieux. En effet, on le connaît ce
techno thrash, il ne surprend plus vraiment, seulement lorsqu’il est aussi bien exécuté on savoure et on ferme bien sa gueule. Il faut dire que je m’enthousiasme rarement pour un album de
thrash mais j’aime beaucoup ce mélange entre un chant plutôt typé
heavy (une tessiture certes limitée mais utilisée au maximum de son potentiel), un
riffing très sec, de belles envolées en solo ainsi qu’une réelle volonté de proposer des structures travaillées qui parviennent à instaurer de belles ambiances.
Car oui, musicalement parlant, les mecs tricottent sérieusement (je connais peu le passif des membres même s’il est globalement chargé) et l’auditeur se rendra vite compte que la formation dispose d’un niveau professionnel sans que cela soit vraiment sujet à débat. C’est sérieux, carré, il y a une forme d’inventivité qui fait que je n’ai pas l’impression d’écouter un énième clone et ce en dépit des influences annoncées. La personnalité est là, présente à chaque instant. De plus, «
Arrows at the Sun » dure juste ce qu’il faut : dix compositions, quarante-six minutes, suffisamment long pour avoir le temps de développer les intentions mais pas assez pour risquer le remplissage, le superfétatoire, voire la lassitude. Le groupe se tient à un format de chanson globalement aux alentours des cinq minutes et j’apprécie cela car, alors que tu sens que les mecs auraient parfaitement la ressource pour planter des trucs progressifs qui n’en finissent plus, ils optent pour une approche allant à l’essentiel, occultant tout élément superflu de leur vision métallique.
Je ne suis vraiment pas qualifié pour entrer dans des détails techniques, peut-être que des personnes plus érudites que moi considèreront que ce LP n’envoie que de la poudre de perlimpinpin, comme le disait, avec le si juste à-propos qui le caractérise, Emmanuel Macron à Marine Le Pen, mais à mon goût nous sommes vraiment face à un disque capable de jouer les podiums
thrash de fin d’année, uniquement sur l’intensité de jeu, l’inspiration, le placement des lignes vocales, la qualité des solos, la richesse des riffs et des rythmiques, pile à la croisée d’une époque révolue (ces subtils dérapages aigues du chanteur) et du contemporain (l’excellente technique, la production limpide).
Une conclusion ? Il est putain de cool ce disque.
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