Antropofagus / Putridity / Prion / Infected Flesh / Mass Infection - Split Torso Trauma

Comatose Music n'avait pas sorti de split CDs depuis 2002 et le Dislimb/Dyscrasia! Neuf ans après, le label américain remet ça et ne fait pas les choses à moitié puisque pas moins de cinq groupes font équipe sur ce Split Torso Trauma. Et pas n'importe lesquels en plus! Histoire de nous faire saliver davantage, chaque formation propose deux titres inédits (ou presque).


ANTROPOFAGUS

Le split s'ouvre sur les vétérans d'Antropofagus. Un nom culte dans la scène underground, les Italiens dévorant de la chair humaine depuis 1997. Comatose a d'ailleurs réédité leur seul et unique full-length No Waste Of Flesh de 1999 il n'y a pas très longtemps. Bizarrement toutefois, je n'avais encore jamais posé mes oreilles sur la musique des Ritals. Une belle erreur puisque ces 2 nouveaux titres m'ont agréablement surpris. Il faut dire que le combo de Genoa semble avoir bien évolué d'après ce que j'ai pu écouter à retardement de l'album (merci YouTube encore!). Antropofagus propose désormais un brutal death plus technique et moderne, relayé par une production claire et puissante. Intense et chaotique, la musique du quatuor ne tient pas en place. Ça bourre (blasts-beat, semi-blasts...), ça se la joue plus technique (sweeps), ça change de rythme et de riff toutes les cinq secondes, bref ça part dans tous les sens. Malgré cet aspect difficile à suivre, Antropofagus reste efficace grâce à de bons riffs et en maintenant une bonne dose de groove dans son brutal death par le biais notamment de quelques touches slammisantes. Niveau chant, c'est du classique avec du growl et un peu de shriek. Bref, pas grand chose à reprocher à "Consumed By A Lacerating Desire" et "Eternity To Devour" à part un côté parfois trop synthétique (en premier lieu le son de batterie), deux compos qui devraient ravir les amateurs de brutal death moderne à l'américaine. Bonne surprise!


PUTRIDITY

On reste dans la Botte avec un des groupes les plus brutaux du moment. On se rappelle du sympathique Mental Prolapse Induces Necrophilism en 2007 qui avait placé Putridity dans la catégorie des combos prometteurs. Malheureusement, j'ai été carrément déçu par le petit nouveau Degenerating Anthropophagical Euphoria. Ultra bourrin mais totalement vide. Ici le groupe est le seul à proposer du vieux avec une version démo de "Zombie Oral Sex", titre qui apparaissait déjà sur le premier full-length. Cette version s'avère toutefois plus bancale avec surtout une production crue et brouillonne qui renforce certes la bestialité de la chose mais ne met pas en valeur les qualités des Turinois. Et du coup ça me fait le même effet que le nouvel opus, soit 2'23 de brutal death bas du front à la Enmity dont il n'y aurait rien à retirer sans ces ralentissements bien gras, seuls moments de réjouissance dans un océan de brutalité lassante à fort taux d'harmoniques sifflées et de gutturals innommables. Changement de décor total par contre sur la piste suivante, une cover du "Necropedophile" de Cannibal Corpse. Une vraie reprise avec la touche bourriniste de Putridity, sans renier l'esprit de l'original. Absolument jouissif! Et le sample final de cour de récré me fera toujours autant délirer!


PRION

Ceux qui se souviennent du sulfureux Impressions en 2008 ne seront pas déçus, bien au contraire. On retrouve ainsi sur ces deux nouvelles compos ("Losing Itself In The Infinite" et "End is Near") le style des Argentins, à savoir un brutal death à la croisée de Morbid Angel pour le groove evil et dark et Hate Eternal pour l'aspect intense, chaotique et dissonant. Toujours une pelletée de blasts qu'on se prend avec plaisir dans la tronche mais Prion varie ici un peu plus le jeu, et ce n'est pas plus mal. On rajoute à cette mixture vicieuse un riffing bouillonnant de qualité et des vocaux extrêmes qui sortent un peu des growls ordinaires, et on se dit que Prion pourrait bien faire très mal si les Sud-américains arrivent à garder un niveau constant sur un prochain album qu'il faudra bien évidemment surveiller.


INFECTED FLESH

Les groupes en "flesh", ce n'est pas ça qui manque dans le brutal death. Deeds Of Flesh, Flesh Consumed, Digested Flesh, Clean Flesh, Melting Flesh et même Flesh tout court, la liste est longue et montre bien le manque flagrant d'inspiration de cette scène. Un nouveau combo qui se présente avec un tel patronyme, moi ça me donne envie de le descendre...en flèche! Les Espagnols d'Infected Flesh (enfin, l'Espagnol plutôt, Roger Borrull ayant reformé le groupe tout seul en 2006) ne sont cependant pas nouveaux (formation en 1997 tout de même) et échappent au taillage de costard total. Pas que leur musique soit géniale, c'est même du brutal death plutôt générique. Le son est bordélique, le chant de goret à la Sanatorium bidon, ça ne varie pas des masses et la batterie, pourtant jouée par Seth van de Loo (Severe Torture, Centurian), agace avec ses semi-blasts constants et le son casserole de la caisse claire. Mais il y a quelque chose dans certains riffs comme celui d'intro de "Ancestors Of The Scalpel" (qui rappelle un peu Severe Torture justement), un côté sombre, qui compense un peu le côté générique du reste. Les intonation moins gruikées sont également les bienvenues, tout comme le solo sympathique à 2'40, toujours sur le même morceau. C'est cela dit insuffisant pour faire d'Infected Flesh un groupe réellement intéressant. Mais sur deux titres, ça passe.


MASS INFECTION

Encore un truc d'infectés mais d'un tout autre niveau. Mass Infection survole en effet ce Split Torso Trauma en l'éclaboussant de tout son savoir-faire. Pour ceux qui suivent les Grecs depuis un moment, c'est bien sûr tout sauf une surprise. Mais c'est toujours agréable de voir un groupe qui ne déçoit pas. Mass Infection nous offre donc deux nouvelles compos, "Beholding The Throne" et "Beyond Perpetuation", qui devraient figurer sur son prochain album à paraître dans les mois à venir chez Comatose. Pas d'évolution à signaler depuis l'excellent The Age Of Recreation, juste une confirmation du talent des Hellènes pour nous concocter des morceaux courts et efficaces de brutal death à l'ancienne qu'on peut s'écouter des dizaines de fois sans se lasser. Leur secret: des putains de bons riffs aux tremolos entêtants (on sifflerait presque l'air sous la douche!) sur des bons gros blasts des familles. Quoique le son de batterie est toujours un peu limite. Un détail tant tout le reste semble parfait. Et écoutez moi ces solos sur "Beyond Perpetuation", si ce n'est pas du grand art ça!


Ma foi un bon petit split que ce Split Torso Trauma qui propose cinq formations offrant chacune un brutal death différent, et qui comblera du coup une bonne partie des amateurs de tendresses sonores. Une hiérarchie s'impose toutefois d'elle-même avec un excellent groupe (Mass Infection), deux très bons (Prion et Antropofagus) et deux autres plus anecdotiques (Putridity et Infected Flesh) qui ne manqueront néanmoins pas d'attirer l'attention des moins philosophes d'entre-vous. C'est qu'il y a du bon en ce moment chez Comatose!

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