Putridity - Degenerating Anthropophagical Euphoria
Chronique
Putridity Degenerating Anthropophagical Euphoria
Putridity m'avait laissé un bon souvenir avec son premier album Mental Prolapse Induces Necrophilism sorti il y a quelques années sur Permeated Records. Du brutal death pas original pour un sou mais qui proposait une bonne balance entre brutalité et groove. Depuis, les Italiens ont procédé à quelques petits changements puisque Ciccio a abandonné le micro pour se concentrer sur la guitare tandis que Paolo Chiti (ex-Gorefuck et Corpsefucking Art) l'a remplacé au poste de frontman. Mais la grosse surprise, c'est surtout la signature sur Willowtip Records, plus connu pour ses groupes extrêmes techniques ou ses combos de grind modernes que pour ses formations de brutal death ultra guttural. Putridity aurait-il envie de marcher sur les pas de Defeated Sanity? Du coup, ce nouvel album était attendu et pouvait envoyer les Italiens dans une nouvelle dimension.
Mais c'est plutôt à une relégation que doit faire face Putridity tant ce Degenerating Anthropophagical Euphoria se révèle indigeste, la balance penchant désormais très largement du côté de la brutalité. Keyser qui se plaint d'un album trop brutal?! Hé oui car à vouloir jouer à celui qui a la plus grosse, le groupe en a oublié ses fondamentaux. Putridity propose toujours des titres courts, entre 2 et 3 minutes mais a décidé de repousser les frontières de la brutalité par du bourrinage non-stop: ça joue très vite, ça blaste quasiment tout le temps, ça change de direction toutes les 5 secondes avec harmoniques sifflées dans tous les coins, et ça gargouille de façon incompréhensible. En gros du brutal death US classique mais dont toutes les valeurs auraient été multipliées par 10, une sorte de Enmity en plus technique, Putridity ne s'arrêtant en fait qu'une minute le temps de l'interlude "Wallowing In Aftermaths" blindé de larsens et de vibrato. Et le résultat n'est pas beau à entendre: les morceaux se suivent et se ressemblent, aucun riff à proprement parler, pas une once de mélodie, rien que l'on puisse se rappeler. Après une bonne quinzaine d'écoutes, je n'ai d'ailleurs toujours rien retenu, à l'image de ces titres de morceaux sans queue ni tête ("Draining Necro Anal Disgorgement", "Cannibalistic Postclimax Flesh Consumption"...). Bref, qu'est-ce que c'est chiant! Typiquement le genre de groupes qui bourrent à tout va sans rien derrière. Comme ce pauvre batteur épileptique qui semble ne jamais vouloir s'arrêter de cogner, livrant même régulièrement des gravity blasts (sans retouche s'il vous plait!). Problème, le son de batterie manque tellement de puissance qu'elle en devient insignifiante. Au moins Hour Of Penance ont pour eux une production de blockbuster! Et au bout de 24 minutes, plus rien, c'est fini! Un bon gros foutage de gueule! Du moins sur le principe car je ne sais pas si j'aurais tenu beaucoup plus tant le brutal death de Putridity atteint ici des sommets de platitude.
Un mauvais point qui en devient du coup un bon! Putridity en marque toutefois un de vrai bon point, la seule chose qui sauve Degenerating Anthropophagical Euphoria d'une note davantage humiliante d'ailleurs. De ce magma en fusion incompréhensible ressortent en effet quelques séquences jouissives. Des slam parts groovy et ravageuses qui font un bien fou quand elles surgissent, comme sur "Euphoric State Of Dementia" à 0'24, "Innate Butchery Aptitude" à 1'17 ou "Living Decomposition" à 1'12. Enfin quelque chose à se mettre sous la dent! Enfin quelque chose qui procure un effet autre qu'un bâillement irrépressible! Un album sauvé par des slam parts, avouez que c'est plutôt pathétique! Mais sauvé est un bien grand mot car sauvetage il n'y a point. Degenerating Anthropophagical Euphoria est l'archétype de tout ce qui va mal dans la scène brutal death, une nouvelle preuve que la brutalité pour la brutalité ne mène jamais à rien. Un amoncellement de clichés (nom du groupe générique, titres des morceaux incompréhensibles, gutturals rébarbatifs, harmoniques sifflées horripilantes, samples de torture inutiles...) dont la seule lueur d'espoir réside dans des ralentissements jubilatoires bien gras. Et une pochette gore splendide aussi, il faut bien l'avouer. Dans le même genre en tout cas, et pour rester en Italie, on préférera largement un Septycal Gorge certes moins extrémiste mais plus marquant. Poubelle!
| Keyser 20 Septembre 2011 - 1938 lectures |
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