Mastodon - Once More 'Round The Sun

Celle-là, je ne l’avais pas vu venir. Enfumé par les déclarations enjouées de Brann Dailor au sujet des nouvelles compos (« un contenu massif, épique et joyeusement barré », dixit l’intéressé) et par le superbe visuel psyché signé Skinner, j’ai foncé pied au plancher chez mon disquaire. Hésité au moment d’investir, en complément, dans la dernière offrande d’un DOWN en constante perte de vitesse. Pourtant, au sortir d’une première écoute toutes vitres ouvertes et moteur ronflant, elle est belle est bien là, derrière sa ligne blanche, pouce levé à mon attention. A moins que ce soit le majeur ? Dame déception, sur ce coup là, tu m’as bien roulé. Heureusement qu’Anselmo et ce qui reste de l’institution de New Orleans ont troqué le corbillard pour un bon vieux truck bien graisseux (« Down IV Pt. 2 », une réussite), MASTODON refusant désormais ostensiblement de se salir les mains.

Déjà que le propret (mais accrocheur) « The Hunter » en a laissé certains sur le carreau, c’est sûr, ce n’est pas avec « Once More ‘Round The Sun » que MASTODON va battre le rappel des troupes. En panne sèche d’inspiration, les Américains livrent ici un album sans aucune surprise, poursuivant l’entreprise de simplification opérée sur le skeud précédent. C’est d’autant plus regrettable qu’on guettait plutôt le retour en force du progressif faisant tout le charme de « Crack The Skye ». En lieu et place, on devra se contenter de quelques séquences à peine plus nerveuses que précédemment, malheureusement cloisonnées dans une formule trouvant très vite ses limites. Hormis sur la pénible « Aunt Lisa », ses cris stridents et son final façon FAITH NO MORE (les chœurs de majorettes de « Be Aggressive »), il n’y a rien sur « Once More ‘Round The Sun » qui n’évoque ce que le groupe nous a déjà proposé par le passé, souvent en nettement mieux. Même les quasi huit minutes de la lancinante « Diamond In The Witch House », qui démarre très bien, ne parviennent pas à dynamiter un contenu par trop balisé, capitalisant à outrance sur les lignes de chant mélodiques de Brann Dailor. Du coup, ce qui apparaissait comme une évolution positive sur « The Hunter » (le chant m’est toujours apparu comme étant leur talon d’Achilles, surtout dans leur période sludge) devient un défaut récurrent, MASTODON enquillant les refrains tarte type « Curl Of The Burl » (« The Motherload », « High Road », « Ember City ») jusqu’à l’écœurement. On en vient presque à regretter que l’album ne vire pas au tout instrumental même si là encore, la platitude l’emporte souvent sur les morceaux de bravoure. Parmi les plus marquants on citera tout de même l’agréable « Asleep In The Deep », rare bon titre sans défaut majeur avec la spatiale « Halloween », ainsi que la très supérieure « Chimes At Midnight », malheureusement affligée d’une structure prévisible au possible. Quel dommage de se contenter de cinq minutes trente et d’un simple rappel de thème (fade out en prime, wow !), là où MASTODON aurait pu accoucher d’une petite merveille de metal progressif !

Bien sûr, « Once More ‘Round The Sun » renferme pas mal de bons riffs et ce qu’il faut de mises à l’amende rythmique, y compris sur les pistes les plus agaçantes (« The Motherload », « High Road », le title track) ; toujours aussi captivant, le jeu de Brann Dailor tire l’ensemble vers le haut et quelques soli racés viennent embellir le tableau. Simplement, à trop vouloir structurer un fond de jeu jadis tout feu tout flamme, le quatuor d’Atlanta banalise sa musique. Invariablement, tous les titres s’agencent de la même manière : un riff alambiqué du duo Hinds/kelliher (jusqu’à la caricature sur « Feast Your Eyes » ou « Aunt Lisa »), un coup de semonce rythmique plus ou moins virulent (quelques relents sludge appréciables tout de même) suivi d’un peu de pommade sur les chorus, pâles resucées de ceux présents sur « The Hunter ». MASTODON faisant du MASTODON, en moins bien qu’avant, voilà en substance ce qui ressort d’une écoute distraite ou approfondie du premier couac de leur discographie, jusqu’alors difficilement attaquable.

DONNEZ VOTRE AVIS