Comme pas mal de groupes avant eux, les géniteurs de
« Crack The Skye » ont essuyé le contrecoup qui pend aux naseaux de tous ceux qui accouchent d’une œuvre majeure ou assimilée, ce qui était plutôt le cas de leur production précédente (un opus pour le moins alambiqué contenant moult morceaux de bravoure telle l’étincelante « The Czar ») : à un moment donné, ras la casquette de se tailler la barbe avec le coupe ongles en argent massif de grand-mère transmis de génération en génération, fini de ronger son frein progressif trois minutes durant avant d’envoyer du lourd ce qui, ne l’oublions jamais, reste l’objectif premier d’un MASTODON en rupture (momentanée ?) de schémas de compos à tiroir et de débordements instrumentaux.
A l’instar d’un METALLICA et d’un NAPALM DEATH trouvant jadis refuge dans la simplicité d’un « Black Album » ou d’un « Fear, Emptiness, Despair » (après les éprouvants « … And Justice For All » et « Utopia Banished »), retour aux fondamentaux pour MASTODON avec un nouvel opus direct et sans fioritures ; avec ses trois minutes par titre en moyenne, ses refrains catchy et ses structures classiques, « The Hunter » a donc le profil de l’album de transition typique, pas prise de tête pour un sou mais forcément décevant pour qui attendait les Américains sur un terrain de jeu moins balisé. Heureusement pour nous, en matière de bouteille, Brann Dailor et ses comparses ont en eux l’équivalent d’une palette de Jack Daniel’s tombée du camion pour faire passer une rasade supplémentaire de leur metal stoner dans le gosier des piliers de comptoir les plus endurants, quand bien même les effluves enivrantes de
« Crack The Skye » ne seraient plus de mise. Conditionnel de rigueur car au-delà du format court de la plupart des titres, on trouve tout de même matière à évoluer en haute altitude sur la planante « The Hunter », un chemin de traverse mélancolique à souhait (solis déchirants à l’appui) qui trouve un écho distant en fin traque, lorsque les chargeurs sont vides et les treillis mis à mal par mère nature (« The Sparrow »). D’autres cartouches, bien plus mortelles sur le plan rythmique (« Thickening »), sont baignées d’un poison faisant des ravages dans l’organisme d’auditeurs rabattus sans vergogne au milieu de la clairière
« Blood Mountain » (les guitares cycloniques de « Blasteroid »). Car si « The Hunter » s’apparente à une pause sans conséquences dans la carrière du combo d’Atlanta, ce n’est pas par ce que MASTODON paraît plus accessible –
l’intensité de « Remission » n’est plus vraiment de mise – qu’il remise pour autant toute forme d’ambition au placard. Au fil des écoutes, même un hit single évident comme « Curl Of The Burl », très DOWN dans l’exécution, finit par découvrir autres attraits que l’efficacité primaire dont il se pare à première vue, dans une forme d’équilibre très fragile entre retour au bestiaire d’antan (« Black Tongue », « All The Heavy Lifting » et ses riffs monstrueux n’allant pas sans rappeler … DEATH !), capitalisation sur les progrès accomplis par le trio Sanders/Hinds/Dailor derrière le micro et réminiscences nostalgiques d’une scène 70’s dont bon nombre d’artistes continuent de se faire une montagne, OPETH et son maigre « Heritage » en tête.
Où l’on navigue entre sonorités spatiales/psyché (« Stargasm »), et où MASTODON va jusqu’à piétiner les plates-bandes d’un certain ALICE IN CHAINS (leur récente tournée commune n'y est sans doute pas pour rien) sur l’excellente « Dry Bone Valley » (un chant divin, troublant de similitudes avec celui de Jerry Cantrell/William DuVall), les seuls véritables tirs à blanc de « The Hunter » figurant en fin de programme avec la déconcertante « Creature Lives » (c’est quoi ce truc ? Un chant de Noël ?) et une « Spectrelight » nerveuse mais assez quelconque malgré un nouveau caméo de Scott Kelly (NEUROSIS). Au final, ce qui séduit le plus dans cet opus conçu pour secouer les riffeurs de tous poils, c’est la capacité de MASTODON d’aligner quatre idées en moins d’une minute pour marquer les esprits (comme un certain tennisman Suisse, qui prive de temps ses adversaires pour mieux dicter sa loi), sans presque jamais sacrifier son fond de jeu au profit de l’efficacité découlant du format court. Comme quoi, plaisir immédiat ne rime pas forcément avec faible durée de vie d’écoute, pour ce qui n’est qu’après tout le cinquième full length d'un groupe plus que jamais référentiel.
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