Cela fait un petit moment que je suis Heaving Earth. Depuis 2008 et sa toute première démo en fait,
Vision Of The Vultures, quand les prometteurs Tchèques, tout juste formés, avaient été dénichés par le label français Nihilistic Holocaust. Le groupe a entre-temps confirmé son potentiel avec un premier full-length séduisant,
Diabolic Prophecies (2010), suivi d'un EP 2-titres (2012) et du split
Engulfed (2012) avec Altars regroupant les mêmes morceaux. Des titres fort appréciables mais qui à l'époque ne m'avaient pas paru plus transcendants que ça, semblant même marquer une certaine stagnation chez le groupe, tout en restant de qualité. Heaving Earth allait-il donc pouvoir franchir le cap de bon groupe prometteur à celui de crack du milieu? C'était la grande interrogation à laquelle ce nouvel album baptisé
Denouncing The Holy Throne, sorti il y a quelques mois sur le petit label qui monte, Lavadome Productions, se devait de répondre. Sachant que les titres "I Am Nothing" et "Into The Depths Of Abomination" de l'EP et du split y figuraient à nouveau et que la pochette de Marco Hasmann, splendide au demeurant, reprenait celle du premier album en vue du dessus, on pouvait légitimement avoir quelques doutes.
Des doutes vite balayés par ce qui s'impose d'emblée comme la meilleure réalisation des Tchèques et un concurrent sérieux pour le titre d'album brutal death de l'année. Le combo surprend même dès le titre d'ouverture "The Final Crowning", qui après une courte introduction cosmique puis une montée en puissance virile, montre un visage davantage technico-mélodique que ce à quoi il nous avait habitué, notamment dans les leads en sweeps. L'influence de Leon Macey de Mithras, qui a mixé et masterisé l'œuvre? Sans doute un peu car, même si le reste de
Denouncing The Holy Throne ne montre pas autant d'allant pour ce type d'élans guitaristiques, on retrouvera tout un tas de leads/solos fort plaisants dont certains feront aussi penser au groupe anglais ("Doomed Before Inception" à 1'45, le début de "And The Mighty Shall Fall", etc.). Le nouveau guitariste, Jaroslav Šantrůček, qui remplace Patrik Šnóbl, y est peut-être aussi pour quelque chose. Quoiqu'il en soit, Heaving Earth a ainsi bien franchi un cap important en ayant su élever son niveau de jeu et de composition. Si l'on reste dans un brutal death metal sombre et labyrinthique prenant ses racines chez Immolation ainsi que du côté de Morbid Angel (le nom du groupe ne vient pas de nulle part après tout!) et Hate Eternal, Heaving Earth s'est surpassé sur ce
Denouncing The Holy Throne. À tous les niveaux. La production, déjà, claire, puissante et pas trop propre, s'avère un modèle du genre. Niveau intensité, les Slaves ont également mis le paquet. Leur style était déjà bouillonnant, il se fait désormais encore plus touffu. Blast-beats en masse, riffs forgés dans la roche en fusion, trémolos rapides infernaux, leads chaotico-mélodiques, harmoniques sifflées, dissonances, arrangements et autres petits détails que l'on note au fil des écoutes... le tout en restant efficace et accessible malgré une durée conséquente de plus de cinquante minutes. Il faut dire que le quintette de Prague, s'il passe pas mal de temps à brutaliser l'auditeur, a eu l'intelligence de proposer suffisamment de variation, trouvant l'équilibre parfait pour garder une intensité indispensable sans lasser. Ça, on le doit non seulement à un riffing de premier choix et à un sens aigu de la mélodie mais aussi à un gros travail sur les ambiances grâce entre autres à des mid-tempos, morbidangeliens ("Worms Of Rusted Congregation", fin de "Into The Depths Of Abomination"...) ou non (intros de "Nailed To Perpetual Anguish" et "Jesus Died", etc.), ainsi que des plages instrumentales.
Denouncing The Holy Throne comporte en effet pas moins de quatre interludes de une à deux minutes, "And The Mighty Shall Fall", "...Into The Sea Of Fire", "...Where The Purified Essence Descends Ablaze" et "Endless Procession Of The Holy Martyrs / Final Termination" en outro. Sortes de ponts entre les vrais morceaux, ceux-ci apportent, et c'est assez rare pour le souligner, un vrai plus à la fois en termes d'atmosphères mais aussi de construction. Ils renforcent le concept de l'album tout en l'aérant, sans casser le rythme car toujours placés intelligemment. En bref, tout coule de source et on ne s'ennuie pas un instant malgré la longue durée dont je ne raffole pas.
Un exploit pour ce type de brutal death intense aux guitares bouillonnantes et à la technique remarquable. C'est justement ça la grande réussite de Heaving Earth qui nous a pondu avec ce
Denouncing The Holy Throne un bon gros pavé mais tout à fait digeste. Il faudra certes quelques écoutes pour en faire le tour tant ça foisonne de partout mais l'efficacité de l'opus se démontre dès la première rencontre. Un "grower" comme on dit, qui devient de plus en plus addictif au fil du temps. C'est que le deuxième full-length des Slaves dégage une telle puissance de par sa production aux petits oignons, ces blast-beats implacables ou ce growl monstrueux. Une puissance doublée d'une ambiance infernale et volcanique tout aussi prenante grâce à ses riffs sombres et vicieux et ses mid-tempos imposants, sublimée par des leads inspirées. Le potentiel de Heaving Earth se voit ici enfin exploité à fond et seul quelques passages se révèlent un peu en-deçà, par exemple ce riff médiocre légèrement saccadé à la double vers 3'30 sur "Forging Arcane Heresy", titre sinon très probant avec ce motif limite sautillant en ouverture. Comme tous les autres morceaux de toute façon,
Denouncing The Holy Throne se montrant d'une grande homogénéité. Et finalement, ces deux compositions plus anciennes, "I Am Nothing" et "Into The Depths Of Abomination", que j'avais appréciées sans les trouver géniales en 2012, s'avèrent tout à fait à la hauteur et se fondent sans problème dans cet ensemble cohérent et fort bien structuré duquel il est difficile de ressortir un morceau meilleur que l'autre. La consécration pour Heaving Earth qui a tout ce qu'il faut pour satisfaire les fans de Morbid Angel, Immolation, Hate Eternal et plus globalement tous les amateurs de brutal death supérieur.
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