Dans la mélasse putride de groupes de brutal death ultra guttural qui ont vomi quelque chose cette année, peu ont retenu mon attention. Il faut dire que, trouvant cette scène de plus en plus médiocre, je m'en détourne petit à petit. Certains combos arrivent toutefois à m'y faire revenir, avec plaisir. Ce rendez-vous avec Decaying Purity était ainsi coché depuis un moment dans mon calendrier suite à un premier album prometteur,
Phases Of Dimensional Torture, sorti en 2008 chez les Espagnols de Grotesque Productions. Les Turcs franchissent ici un palier puisque les voilà désormais sous la tutelle de Sevared Records, LE label US de bourrins, capable du meilleur comme du pire. Autre changement, Toshihiro Egawa prend la place de Jon Zig pour la pochette et fait passer l'Américain pour un amateur grâce à une œuvre d'art exquise mettant en scène démons sadiques, décors infernaux et femmes à poil torturées (tout ce qu'on aime!), festivités des plus réjouissantes mises en musique sur l'intro classique "Inception Of Domination". Ce seront par contre les seules évolutions notables, le reste suivant les traces laissées trois ans plus tôt.
Decaying Purity n'a en effet, sans surprise, pas changé de recette pour son deuxième assaut baptisé
The Existence Of Infinite Agony. Pour ceux qui aurait loupé le coche à la première sortie, les Stambouliotes ne s'embarrassent ni de finesse ni d'originalité puisqu'ils s'adonnent sauvagement à du brutal death à l'américaine dans la droite lignée des Deeds Of Flesh, Disgorge et compagnie, comme des milliers d'autres. À la différence que le quatuor a du talent, ce que vient confirmer cette nouvelle livraison. La formation a même élevé son niveau de jeu, que ce soit en terme de vitesse ou de technique. Le père Onur Gazioğlu a ainsi mis son plus beau tablier de boucher pour nous servir des plâtrées de blast-beats, bien suivis par les riffs véloces de Mustafa Gürcalioğlu qui, s'ils ne sont pas les plus novateurs et pourraient se débarrasser de leurs sempiternelles harmoniques sifflées, sont suffisamment travaillés pour qu'on les retienne au moins un peu (l'enchaînement "The Forsaken Tomb Of The Impious"/"The River Of Entrails" (avec même une tentative de lead à 2'50!)/"Unstoppable Rage" en première ligne). Pas comme d'autres qui bourrent dans le vent sans aucun effort de composition (oui Putridity, on parle de toi, entre autres). On croise encore ces breakdowns typiquement brutal death US, bien gras et limite slammy parfois ("Defilement Of The Deranged" à 1'55, "Dreadfully Gutted" à 0'20, "The Forsaken Tomb Of The Impious" à 1'01, "Create The Torso With A Hatchet" à 2'04, etc.), mais l'objectif est clairement centré sur du charclage en règle. Résultat: des morceaux de 3-4 minutes ultra efficaces qui foncent dans le tas. La brutalité s'en trouve décuplée et des titres comme "The River Of Entrails", qu'on avait découvert sur la réédition Sevared de
Phases Of Dimensional Torture, prennent à la gorge par leur intensité, à l'instar d'une deuxième partie d'album particulièrement sauvage. On tombe aussi sur quelques rythmiques plus thrashies ("Create The Torso With A Hatchet"...) montrant la volonté du combo d'Istanbul de varier les thèmes un minimum.
Ce qui n'empêchera cependant pas
The Existence Of Infinite Agony de pêcher par une trop grande monotonie de toute manière difficile à éviter dans le genre. Par chance, l'opus pointe à 30 minutes, une durée pertinente qui évite l'indigestion de blasts et de gruiks. Gruiks? Oui, Decaying Purity n'a pas encore adopté un chant heavy et l'ami Serkan Niron gutturalise à mort. Assez lassant sur la longueur mais pas autant que leurs compatriotes de Cenotaph qui avaient malgré cela fait bonne impression l'année dernière avec leur
Putrescent Infectious Rabidity. Le vrai gros défaut de
The Existence Of Infinite Agony, c'est en fait sa production faiblarde. Un gros manque de puissance qui empêche la musique du quatuor d'avoir l'impact qu'elle mériterait. Outre une couche de guitare aussi mince que l'espoir de voir l'équipe de France de football remporter l'Euro 2012, c'est ainsi surtout la batterie en bois qui en fait les frais. D'un côté on est content d'entendre une caisse claire sèche et naturelle non-triggée (seule la grosse caisse l'est), de l'autre on aurait quand même apprécié pouvoir décoller le papier peint. Reste une explosivité assez jouissive que l'absence d'une production compétitive ne peut enlever.
L'effet de surprise ne jouant plus en la faveur de Decaying Purity, on devient logiquement plus exigeant et moins complaisant avec ses défauts. Loin d'être parfait,
The Existence Of Infinite Agony reste néanmoins un des rares albums corrects de UGBDM sortis cette année. Decaying Purity ne sortira jamais de grands classiques ni ne révolutionnera le genre mais n'importe quel fan de brutal death saura reconnaître les qualités du combo turc. Plus brutal, plus travaillé, mieux en place, dégageant vraiment quelque chose et proposant de vrais riffs, le groupe poursuit ainsi tranquillement son chemin au-dessus de la masse. Pas suffisant pour rendre
The Existence Of Infinite Agony réellement marquant mais avec une production adéquate et des riffs encore plus mémorisables, le prochain album pourrait être celui qui fera passer les Ottomans au niveau supérieur. Allez, encore un peu de boulot!
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