Six ans que Decaying Purity n'avait pas fait parler de lui. Depuis le très fort
Malignant Resurrection of the Fallen Souls, point culminant de la carrière des Turcs commencée en 2005. On était donc très content de retrouver le combo l'année dernière sur un nouvel album baptisé
Mass Extinction of the Providential Ones et paru fin mars 2020 sur Sevared Records, il y a maintenant un an. Peu de choses ont changé malgré le long laps de temps, on notera juste le retour à la basse de l'expatrié Malik Çamlıca (Diabolizer, Hyperdontia, Septage, ex-Hellsodomy et Burial Invocation).
Si un an a passé sans que l'on évoque ce quatrième long-format du groupe, vous devez vous douter qu'il doit y avoir un hic. En effet et ce n'est pas qu'en raison de la pochette d'un Paolo Girardi bien moins inspiré que sur
Malignant Resurrection of the Fallen Souls pour lequel il avait signé une de ses plus belles œuvres. La tête du démon ailé géant avec son slip en guenilles fait en effet plus sourire qu'elle n'effraie tandis que les gueux fuyant les tourments infernaux font un peu tâche sur l'artwork d'un album de brutal death. Heureusement toutefois, le quatuor de Kadıköy s'en sort tout de même mieux que l'illustrateur. Sans pour autant convaincre comme il l'avait fait sur l'opus précédent. J'ai ainsi eu du mal à m'enthousiasmer pour ce
Mass Extinction of the Providential Ones qui s'est vite avéré, malgré un niveau très acceptable, nettement inférieur à
Malignant Resurrection of the Fallen Souls. La faute, déjà, à une production rondouillarde pas mauvaise mais qui manque d'agressivité et de rudesse au niveau des guitares, réduisant dès lors l'impact du brutal death de Decaying Purity. Il y aussi cette batterie, en particulier la grosse caisse, trop mise en avant dans le mix. Je n'y ai également pas retrouvé l'intensité jouissive qui m'avait tant plu sur l'œuvre précédente. Les Turcs continuent certes de beaucoup blaster mais les blasts semblent moins rapides qu'à l'accoutumée, trop contenus. Les rythmiques thrashies, plutôt pataudes, n'aident pas non plus à retrouver de l'explosivité. Et globalement, les riffs, très souvent des tremolos bouillonnants, se montrent moins inspirés en dépit d'une technicité accrue. Le rendu sonne ainsi assez monotone, malgré le niveau de brutalité qui reste conséquent. Ça tabasse mais un peu dans le vent, rien ne marque vraiment les esprits.
Bon, c'est vrai, je me montre un peu dur avec les Stambouliotes. C'est parce que je ne peux m'empêcher de ressentir de la déception à l'écoute de
Mass Extinction of the Providential Ones alors que
Malignant Resurrection of the Fallen Souls les avait fait franchir un palier. J'ai l'impression qu'ici, ils régressent. Par chance, la deuxième partie de l'opus se montre un peu plus conséquente avec une intensité plus palpable dans l'ensemble et certains passages enfin très bons comme sur "Summoning the Creatures of Doom" à 1'01 et 2'01 (voilà du bon riff blasté !), "The Vicious Circle of Punishment" qui balance la sauce dès l'ouverture sur un riff bien méchant avant de proposer un riff étonnamment mélodique qui surprend mais convainc, et "Eternal Wish of Death" à 3'02 où l'une des deux guitares instaure une petite ambiance de fin du monde qui met bien. Pas qu'il n'y a rien à retirer de la première moitié toutefois, on appréciera ainsi le démarrage sombre et menaçant de "Exhuming Ancient Species" suivi d'un tremolo blasté notable, le côté Internal Suffering de "Storms of Chaos" et son intro samplée classique à base de hurlements et de grondements, l'arrivée sans doute du monstre de l'artwork venu tout dézinguer, ou encore l'excellent riff "hypnotique" de "The Depths of Mass Graves" à 2'45. On ne reniera pas non plus un certain sens du groove efficace, sur quelques mid-tempos sinistres à la Cannibal Corpse. Quant au chanteur Serkan Niron, ses growls bien gras et gutturaux s'avèrent toujours aussi imposants. Par contre, je ne raffole pas des superpositions de chants pour donner un côté démoniaque aux vocaux, trop utilisées et qui finissent par lasser.
Mass Extinction of the Providential Ones n'est ainsi pas du tout un mauvais album. Il peut même paraître très convenable, avec quelques passages fort goûtus, pour l'amateur de brutal death à l'américaine. Il a d'ailleurs plutôt été plébiscité par la majorité, semble-t-il. Pour ma part, ce nouvel opus de Decaying Purity se révèle un peu trop léger par rapport au potentiel du combo. Preuve en est la comparaison avec
Malignant Resurrection of the Fallen Souls qui le dépasse d'une bonne tête. Brutalité trop souvent stérile, riffing à l'inspiration en baisse malgré quelques éclairs, intensité pas toujours au rendez-vous avec notamment des séquences thrashies qui se traînent mollement ou des blast-beats finalement pas si rapides, production trop pataude, tout cela fait que je ne peux qu'être déçu que les Turcs n'aient pas réédité la performance de l'opus précédent, surtout après un long silence de six ans. Mais comme ils avaient fait le même coup avec un
The Existence of Infinite Agony en-dessous du prometteur
Phases of Dimensional Torture, on peut penser que le prochain missile ne ratera pas sa cible.
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