Profanity - The Art Of Sickness
Chronique
Profanity The Art Of Sickness
J'avais découvert Profanity lors de la première édition du Netherlands Deathfest l'année dernière. Une belle claque à laquelle je ne m'attendais pas. Pourtant, le groupe ne date pas d'hier puisque sa formation remonte à 1993. Les Allemands n'ont toutefois sorti depuis ce temps que quelques démos, deux full-lengths et un EP, ceci expliquant sans doute leur manque de renommée. Je m'étais en tout cas empressé de me procurer auprès du groupe le dernier EP Hatred Hell Within après le concert à Tilburg. EP qui a confirmé que Profanity, c'était du bon! J'ai donc sauté sur l'occasion de m'occuper du nouvel opus du combo, orné qui plus d'une jolie pochette typique du style signée d'un Pär Olofsson plus inspiré que sur le dernier Immolation. Sorti fin avril chez Apostasy Records, The Art Of Sickness est le premier album de Profanity depuis 17 ans et le troisième en 24 ans de carrière. Pas rapides les mecs!
Enfin, pas rapides niveau productivité parce qu'en ce qui concerne la vitesse de jeu, c'est une autre histoire! Le brutal death technique, ça vous parle? Il vaut mieux parce qu'on nage en plein dedans avec Profanity. Decrepit Birth, Necrophagist, Odious Mortem, Severed Savior, Obscura, voire Virvum pour les leads les plus lumineuses ("Mouth Of Nepotism" vers la fin), si ces noms vous mettent le cérumen aux oreilles, Profanity devrait continuer à vous l'y faire couler. La formation d'outre-Rhin aime le contraste, faisant cohabiter une base brutal death US bien grassouillette aux fortes influences Suffocation à tout un tas d'acrobaties technico-mélodiques tels sweeping, tapping et autres agilités digitales à un rythme souvent élevé. C'est bien simple, ça ne s'arrête quasiment jamais, quitte à en être un peu indigeste tellement il y en a partout! D'autant qu'avec des changements de rythme toutes les cinq secondes, entre brèves salves de blast-beats, semi-blasts, tchouka-tchouka et patterns groovy plus ou moins rapides, couplés à des morceaux longs de 6 à 7 minutes, les Bavarois s'avèrent difficiles à suivre. Il faudra en effet quelques efforts pour passer à travers ces 40 minutes d'épilepsie auditive ras la gueule de riffs soit mélodiques soit lipidiques (parfois même les deux accolés, les lignes de guitares se montrant très complémentaires), de solos et autres leads eux tous très mélodiques. Voire carrément trop, certaines mélodies sonnant un peu trop "gentillettes" pour du metal de la mort comme le premier sweep de "The Great Obstacle", titre d'ouverture qui donne bien le ton, ou le solo de "Who Leaves Stays" à 0'55 certes agréable aux oreilles mais pas très metal extrême. Détrompez-vous, j'adore les mélodies, c'est même la base de n'importe quelle musique, même la notre. Mais là, ça gazouille comme un matin de printemps, heureusement qu'ils se rattrapent sur les riffs blastés, beaucoup plus sombres et méchants!
Cela dit, difficile de nier le talent des gratteux qui assurent techniquement tout en n'étant pas dénués de feeling. Personne n'ira ainsi remettre en question leurs qualités techniques, eux qui en mettent plein la vue tout au long des six morceaux (les sweeps hypnotiques de "Specific Souls", wow!), sans trop en faire non plus. L'excellent bassiste a lui aussi son mot à dire, tout sauf un figurant tant son autonomie est grande. Il s'agit d'ailleurs d'une des composantes de la musique du trio germanique qui m'avait le plus attiré lors de leur show en terre batave qui m'avait fait découvrir Profanity. Le batteur n'est pas non plus en reste. L'entendre enchaîner les changements de rythme cinquante fois par morceaux (même si les mêmes reviennent régulièrement bien entendu), aussi à l'aise aux blasts que sur les rythmiques plus modérées, laisse rêveur. En ce qui concerne le feeling, ça groove bien et les riffs et mélodies s'avèrent plutôt inspirées. Toutes ces qualités additionnées font de The Art Of Sickness un bon album de brutal death technique, voire très bon sur ses passages les plus marquants. Nul doute que la plupart des amateurs sauront y trouver ce qui leur plaît dans ce style élitiste exigeant. Plus qu'à vous dire que l'on retrouve quelques invités prestigieux comme Terrance Hobbs de Suffocation sur un solo de "Recreating Bliss" et Christian Münzner (ex-Necrophagist/Obscura/Spawn Of Posession) sur "Better Left Alone" ainsi que Aad Kloosterwaard de Sinister et Ricky Myers (Disgorge, Sarcolytic) venus épauler le frontman guitariste Thomas Sartor au chant sur ces mêmes morceaux, et vous serez sans doute déjà en train d'écouter la bête!
Si je ne vais pas au-delà de 7,5/10 cependant, ce qui est déjà tout à fait satisfaisant, c'est que l'on bute sur quelques points d'achoppement dont certains ont déjà été évoqués. Je rajouterai à l'aspect parfois indigeste et à certaines mélodies trop lisses un côté un peu trop décousu dans certains enchaînements, type "stop 'n go" dont je ne raffole pas, préférant la fluidité. Je trouve également le son de la batterie trop synthétique, comme souvent dans le genre. Cela reste toutefois léger car il colle au style moderne et démonstratif et ne gêne l'écoute que sur les semi-blasts que je ne pourrais décidément jamais piffer. Plus important: en dépit du groove à la Suffocation et de mélodies souvent accrocheuses qui aident à l'appréciation immédiate de l'œuvre qui conserve dès lors une efficacité indispensable en ce qui me concerne et font que l'on a déjà entendu bien plus complexe dans le style, on a quand même du mal à retenir quelque chose. Rien ne se révèle vraiment mémorable au final, révélant un talent d'écriture encore perfectible. Très plaisant, de quoi en faire un disque tout à fait recommandable pour les aficionados de death et brutal death technique, mais pas inoubliable au point de le nommer dans les meilleures sorties du genre ou même simplement dans le bilan de fin d'année. Du coup, l'excellent EP Hatred Hell Within garde ma préférence. Plus court, plus digeste et un peu moins gavé de mélodies chatoyantes, il passait mieux. Ici, le groupe se montre certes très prolixe mais un peu trop. Alors personne ne vous en voudra si vous faîtes une overdose, notamment de mélodies. The Art Of Sickness reste dur à s'enfiler, même pour les cavités les plus habituées. Heureusement, les qualités de ce nouveau disque, dont la brutalité (ça blaste!), l'intensité (pas des fonctionnaires les mecs, ils ne prennent quasiment jamais de pause!), la puissance (production maousse costaud!), la technicité (ça tricote plus que ta grand-mère en hiver!), le groove (ces tartines de sauce américaine!), la basse (ça frétille!) et le sens de la mélodie (solos/leads en pagaille!) ne sont pas les dernières, restent assez nombreuses pour en dresser un bilan assez largement positif.
| Keyser 7 Août 2017 - 751 lectures |
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