On continue dans les albums de 2010 chroniqués à la bourre avec Heaving Earth. Les Tchèques avaient fait forte impression sur leur démo
Vision Of The Vultures en 2008 et j'avais fondé de réels espoirs en eux. Deux ans et une signature chez les Polonais de Redrum666 plus tard, Heaving Earth sort son premier full-length
Diabolic Prophecies à la pochette signée du talentueux Marco Hasmann qui n'en finit plus d'enchaîner les artworks. Alors, confirmation ou plantage?
Confirmation bien sûr, quoiqu'il y a encore du chemin pour arriver à concurrencer les grosses cylindrées. On retrouve ainsi ce qui faisait la force du quatuor sur sa démo, lui qui reprend son brutal death dark et haineux tout en le rendant plus ambitieux. Pensez à Morbid Angel pour les riffs mid-tempo sombres et groovy, à Immolation pour l'ambiance evil et dissonante et à Hate Eternal pour la brutalité et le chaos. Tant qu'à avoir des influences, autant choisir ce qui se fait de mieux! Fort d'une production remarquable sans véritable défaut si ce n'est un mix qui a quelque peu oublié la basse, avec notamment une batterie qui frappe fort (miam ces blasts!) sans sonner artificielle,
Diabolic Prophecies se pose comme un album de brutal death redoutable qui a su digérer ses influences pour en sortir une musique certes pas tout à fait originale mais travaillée et inspirée, preuve d'un potentiel intéressant même si pas encore utilisé à 100%. Le gros point fort d'Heaving Earth? Des passages blastés jouissifs sur des riffs bien méchants qui rendront dingues les amateurs de subtilité. Écoutez moi donc "Serpents Domination" (0'29, 0'49) qui ouvre l'opus de façon tonitruante, l'accélération d'"Atavistic Revelations" à 2'38 sur un putain de bon solo ou encore "Hideous Idolatry Violation" (0'28, c'est le chaos de la pochette!). De la bonne, c'est moi qui vous le dis!
Je vous parlais de solos, voilà un autre atout de la formation slave. Et pas des solos minables de 10 secondes qui ne ressemblent à rien. Heaving Earth a bien travaillé ses gammes et s'ils ont tous un côté chaotique pour coller à la musique, l'aspect mélodique et construit des solos est indéniable ("Beyond The Void" à 4'52 et à 6'02 assez aérien, "The Seething Fragments" à 3'11 sur un riff à la Morbid Angel, "Disciples Of Obscurity", au riff d'intro très Incantation, à 2'30...). Un bel effort sur la mélodie qui fait plaisir à entendre.
Bons riffs, bons solos, bonne atmosphère evil et torturée, du blast, que demande le peuple? Hé bien le peuple il aurait bien voulu que tous les passages soient aussi jubilatoires que les parties blastées. Car Heaving Earth ne fait pas que blaster, ce qui est a priori une bonne chose, il laisse aussi de la place pour les mid-tempi, censés accentuer les ambiances. Dans cette optique, les Pragois ont développé davantage leurs compositions, atteignant presque les 6 minutes de moyenne pour un total de plus de trois quarts d'heure. "The Shrine Of Desolation" frôle même les 9 minutes! Le truc, c'est que le combo ne gère pas toujours bien les mid-tempi. Soit le riff est banal ("The Seething Fragments" à 2'12, "Hideous Idolatry Violation" à 3'30) soit le groupe tient trop longtemps le même motif comme sur un "The Shrine Of Desolation" qui semble ne jamais vouloir finir, à l'instar d'un "Beyond The Void" lui aussi gâché par un côté trop mou et longuet. À côté des séquences véloces impressionnantes, ces passages font un peu tâche. J'aurais ainsi préféré un album plus court (45 minutes c'est trop) et plus centré sur les blasts tellement le groupe dégage de la puissance sur ceux-ci. Autre reproche, celui-ci bien moins grave mais toujours pour relever un côté parfois trop générique, le chant du nouveau frontman Michal "Sepp" Kusak (growls secondés quelques fois par des shrieks) se fait trop classique. Pas mauvais du tout mais ce n'est pas grâce à ça que la formation pourra se démarquer.
Diabolic Prophecies reste toutefois un album de death metal de très bonne facture, d'autant qu'il s'agit du premier full d'Heaving Earth. Brutalité, ambiance infernale, technique, mélodie, groove, les Tchèques ont tout ce qu'il faut pour se faire un nom, en particulier auprès des fans d'Hate Eternal, de Morbid Angel et d'Immolation, les trois influences principales du groupe. Il manque encore quelque chose au quatuor de Prague pour passer au stade supérieur mais laissons lui le temps de peaufiner son style et de revenir avec un deuxième album qui, je l'espère, fera encore plus mal.
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