La correction, immédiate, massive, imposante, inévitable, sans une once de pitié. « Resurrection ». J’avais grandement apprécié
« Dawn of an Eyeless Realm » mais je n’avais pas conservé le souvenir d’une telle ampleur, d’un tel sentiment d’écrasement absolu dans le
brutal slam deathcore des Français. Putain de merde. Oui, c’est gros, c’est gras, ça avance au rythme d’un éléphant de mer austral sur la banquise, c’est lourd comme un mâle adulte, « ça t’agrippe ça t’attrape et ça ne fait pas de sentiment […] ça te prend par la croupe et te retourne comme une crêpe », yep, je cite
STUPEFLIP, au bord du
nervous breakdown.
Ils ont bien caché leur jeu les
XENOTHEORY dans l’
interview accordée à
Lestat : «
il ne faut donc pas s’attendre à des expérimentations folles ou de grosses différences par rapport au premier album » qu’ils disaient… Mon cul c’est du poulet ? Même si cette affirmation est également un peu vraie, il n’y a effectivement pas de gros écarts stylistiques, tout est juste mieux. Plus massif, plus varié avec notamment un travail sur les guitares absolument monstrueux en ce qui concerne ces espèces de
leads qui surplombent les rythmiques ultra compressées par exemple, ou encore tout simplement la capacité des notes et des silences à absorber tout l’oxygène environnant pour nous laisser bouche ouverte avec un sentiment de froide asphyxie.
Plus intense donc, plus complexe également grâce à une
djentification accrue des compositions, section rythmique blindée au UHMWPE, je suis à deux doigts de porter plainte pour les lésions causées à mon cerveau. Avec une telle arme à disposition, ils vont prendre cher les Aliens, il y a des chances qu’on leur grille promptement leurs petits culs pleins d’acide.
Un disque de
deathcore n’en serait pas tout à fait un sans ses invités. En l’occurrence, ce sont
Dan Tucker (
CROWN MAGNETAR),
Jason Gerhard (
KANINE) et
Danny Luzon (
HURAKAN) qui s’y collent, leur apport vocal permettant surtout de varier les timbres de la démesure,
Nicolas Cardoso s’occupant quant à lui de creuser seul la fosse où seront enterrés les corps. La prestation gutturale de ce mec est simplement dingue, ne montant que rarement les octaves pour le plaisir humide (lacrymal, pas génital) des plus basiques d’entre nous.
«
Blissful Death » colporte le mal. Tu passes ton temps la tête penchée vers le bas, à ébaucher des gestes amples avec les bras, arcbouté sur tes guibolles. Tu n’aimes pas ça les squats ? Pourtant ton corps se recroqueville malgré lui, la cabèche rentre dans les épaules, les sourcils se froncent, les poings se ferment, les jambes se plient, le dos se courbe, tu moulines à vide et tant pis si un clancul passe dans ton périmètre, il va la prendre sa praline, pas de raison qu’il y coupe. « The Fortieth Night ». Mais… et là je m’apprête à écrire une réflexion de petite bite : suis-je mentalement suffisamment solide pour me bouffer quarante-trois minutes d’apnée absolue ? Parce que les mecs ne se contentent pas de te foutre des tartes avec les paluches de Jeff Dabe, ils te vrillent la tronche pendant des plus de six minutes parfois (« Son of Man ») et, souvent, alors que tu pensais que le tempo ne pourrait pas ralentir davantage, ils te refoutent un break de gros bâtards dans le citron, encore plus lent, encore plus accablant et lorsque vraiment ils sont au fond du forage de Kola, dans le dur, que le rythme demande grâce à force de se faire écrasant, ils partent sur une accélération subite qui te procure la même sensation de réveil qu’un snif d’ammoniaque (« Le dixième cercle »). Oui, l’écoute est ammoniaquée.
Toujours sans batteur, pour l’infime préjudice que cela pourrait causer à l’album,
XENOTHEORY vient selon moi d’inscrire son nom au fronton des plus grands équarisseurs du
brutal deathcore, l’adjonction de guitares à la
MESHUGGAH ne faisant que rehausser le concept d’une bonne louche de Sci-Fi parfaitement appropriée. Quant au reste, si une formation telle qu’
EXTERMINATION DISMEMBERMENT propose peut-être encore plus de lourdeur (dans un style plutôt
slam death cela dit), je ne retrouve que rarement un tel concentré d’opacité, la densité d’un trou noir tout du long, à la fois irrespirable et immersif, fascinant d’exagération, difforme et disproportionné, débordant d’inventivité pourtant dans ce style qui ne laisse que peu de place à l’innovation. La correction, immédiate, massive, imposante, inévitable, sans une once de pitié.
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