Avec un petit plus de trente ans de carrière dans les pattes, Dying Fetus est certainement l’un des plus vieux groupes de Brutal Death encore en activité aujourd’hui. Mais si résister aux affres du temps qui passe est une chose, rester au sommet de la chaîne alimentaire en est une autre. Et à ce petit jeu-là, le groupe de Baltimore peut se targuer de trôner parmi les rois de la jungle et autres apex prédateurs. Une carrière exemplaire faite évidemment de quelques sorties un poil moins convaincantes mais qui ne peut que forcer le respect et la déférence. Bref, tout cela pour vous dire que six ans après l’excellent
Wrong One To Fuck With, les patrons du Brutal Death américain sont aujourd’hui de retour avec leur neuvième album.
Baptisé
Make Them Beg For Death, celui-ci est dans son intitulé tout aussi explicite que son prédécesseur. Une indication on ne peut plus claire que Dying Fetus, malgré son âge pour le moins avancé, n’est pas là pour faire de la figuration. Aussi, pour cette nouvelle démonstration de force en dix leçons, les Américains ont choisi de faire une fois encore appel aux services du producteur Steve Wright (Acid Bath, Diabolic, Misery Index...) accompagné pour l’occasion par Mark Lewis (Cannibal Corpse, Deicide, Gutslit, The Black Dahlia Murder...) en charge ici du mixage et du mastering. Enfin pour ce qui est de cette très chouette illustration réalisée dans un esprit Slasher Movie typique de ce qui se faisait dans les années 70 et 80, on la doit à Daniel McBride (Soreption, The Faceless, Veil Of Maya...) sur la base d’un cliché signé du photographe Kendall Johns.
Bien que six longues années se soient écoulées depuis la sortie de son prédécesseur (eh oui, déjà!), on ne peut pas dire que les chose aient particulièrement changé du côté de Dying Fetus. En sollicitant à nouveau et pour la cinquième fois consécutive l’expertise de Steve Wright, les Américains se sont assurés de pouvoir bénéficier à nouveau d’un son absolument redoutable. En effet,
Make Them Beg For Death jouit des mêmes atouts que son prédécesseur avec une production implacable mais équilibrée capable de se montrer moderne et clinique (il faut bien cela pour restituer correctement tout ce qui passe chez Dying Fetus) sans pour autant manquer de naturel. Parmi les choses les plus appréciables, cette caisse claire qui résonne juste comme il faut et qui vient agréablement trancher avec le reste des instruments aux sonorités bien plus bordées, notamment cette grosse caisse aux atours bien plus "synthétiques" (notamment lors des salves de double).
Mais si la qualité de la production joue un rôle important sur ce genre d’album nécessitant en effet de pouvoir être parfaitement compris au regard du nombre de notes déroulées à la seconde, il est cependant évident que cela ne suffit pas à faire de
Make Them Beg For Death un nouvel incontournable dans la discographie des Américains. Là où Dying Fetus a toujours réussi à tirer son épingle du jeu c’est dans la qualité d’écriture de ses compositions et dans son aptitude à mélanger à son Brutal Death Metal, selon un dosage plus ou moins variable mais toujours homogène et pertinent, quelques touches de Hardcore et de Grindcore. Aussi, si ce neuvième album ne réserve absolument aucune surprise, ce dernier n’en demeure pas moins extrêmement réjouissant.
Outre ces courtes déferlantes de notes dont John Gallagher s’est fait depuis plusieurs années une spécialité (les premiers instants de "Compulsion For Cruelty" et "Hero’s » Grave", "Feast Of Ashes" à 0:24, "Unbridled Fury" à 2:33...), le désormais chevelu régale toujours autant par la nature hyper dynamique et variée de tous les riffs qu’il tricote avec une évidente décontraction. Comme sur toutes les sorties qui l’ont précédé, ce nouvel album voit ainsi se succéder séquences bien boursouflées ("Enlighten Through Agony" à 2:28, la première partie de "When The Trend Ends", "Raised In Victory, Razed In Defeat" à 1:14, "Subterfuge" à 0:29...), passages nettement plus nerveux et incisifs ("Compulsion For Cruelty" à 1:18, le très direct "Throw Them In The Van" expédié en moins de deux minutes , "Unbridled Fury" à 0:48, les premiers moments de "Hero’s Grave"...), instants de groove naturellement dénués de finesse mais d’une efficacité à toute épreuve ("Enlighten Through Agony" à 2:57, "Compulsion For Cruelty" à 0:20, "Undulating Carnage" à 1:22, "Hero's Grave" à 2:29...) et même quelques moments plus mélodiques amenés par le biais de quelques solos tantôt sympathiques ("Feast Of Ashes" à 2:39, les toutes premières secondes de "Hero's Grave") tantôt bruyants et chaotiques ("Undulating Carnage" à 1:51). Rien de bien nouveau donc mais peu importe puisque même si tout le monde connait la chanson sur le bout des doigts, difficile de ne pas se soumettre une fois de plus à l’évidence et ne pas s’enthousiasmer face à des compositions habiles et aussi bien ficelées.
Évidemment, John Gallagher n’est pas seul pour mener cette vieille barque même si c’est évidemment lui que l’on entend le plus entre ses riffs brise-nuque qui fusent dans tous les sens et son growl toujours aussi gras et épais. Derrière ses fûts, Trey Williams n’est en effet pas du genre à faire semblant lui non plus malgré un côté peut-être un poil scolaire, adressant ainsi ses rafales de blasts et de double-pédale avec une intensité et une variété qui là encore risque de donner le tournis à plus d’un auditeur. Suivant de près ce qui se passe entre les mains de son pote rouquin, on peut dire que les changements de rythmes et d’intentions sont tout aussi nombreux. Un jeu sec et tendu qui entre cavalcades plus ou moins soutenues, breaks implacables et autres changements inopinés de cadence n’a aucun mal à produire l’effet escompté : nous mettre la tête au carré en brisant également au passage son lot de cervicales.
Plus discrète, la basse de Sean Beasley n’en demeure pas moins essentielle, notamment lors des séquences sur lesquelles monsieur Gallagher se place partiellement en retrait histoire de laisser un petit peu plus d’espace à ses deux camarades et lors desquelles celle-ci peut en effet s’apprécier beaucoup plus aisément grâce à ses lignes tout en rondeurs bien plus perceptibles comme c’est le cas par exemple sur "Compulsion For Cruelty" à 3:01, "Feast Of Ashes" à 1:36, "Unbridled Fury" à 0:37, "When The Trend Ends" à 1:20 ou bien encore "Undulating Carnage" à 2:15.
Pour ce neuvième album Dying Fetus ne nous a donc réservé absolument aucune surprise. Comme bien souvent on ne leur en tiendra pas rigueur dans la mesure où
Make Them Beg For Death s’avère extrêmement bien ficelé et tout à fait à la hauteur des attentes après l’excellent
Wrong One To Fuck With. Groove et brutalité se mêlent ici à nouveau pour un résultat toujours aussi virile et explosif. Plus court que son prédécesseur d’une bonne dizaine de minutes (quinze pour ceux qui auraient chez eux la version avec titre bonus), ce nouvel album frappe dur et fort sans changer quoi que ce soit à la formule ultra-balisée du groupe de Baltimore. Si vous êtes ok avec ça, il y a de grandes chances pour que vous tombiez sous le charme de ces nouvelles compositions brutales, agressives, chaloupées et brises-nuques. Bref, Dying Fetus continue de faire du Dying Fetus sans laisser de côté l’inspiration. Du coup, difficile de faire la fine bouche car, quand même, ça ne déconne pas du tout.
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