Dire que cet album se faisait attendre serait un doux euphémisme… Rien à se mettre sous la dent depuis
« Stop at Nothing », sorti il y a pratiquement 4 ans maintenant ! L'attente fut longue, mais pas vaine, car John Gallagher n'a pas perdu la foi, et malgré un line-up encore une fois chamboulé (Vince Matthews et Eric Sengaya ayant respectivement quitté les postes de chanteur et de batteur, remplacés au pied levé par Sean Beasley et Duane Timlin (ex-Divine Empire)), le Fetus nous assène ici un nouvel assaut sonore, parfaitement digne du groupe et qui fait oublier toute l'impatience accumulée au fil du temps. Gallagher composant 99% des titres comme à son habitude, on sait que même si le délai de livraison est parfois long, le résultat en vaut toujours la peine !
Et autant le dire tout de suite : « War of Attrition » est très bon. Pas innovateur, pas différent de ce que faisait le Fetus auparavant…simplement très bon. Il ne faut pas longtemps, à peine les premières secondes d' « Homicidal Retribution » pour se dire que le Fetus est de retour pour de bon. Il n'a pas changé d'un iota, toujours aussi catchy, toujours aussi brutal, un crossover magique entre la rapidité du Brutal Death et les mosh parts du Hardcore, le tout saupoudré d'un niveau technique nettement au dessus de la moyenne. Aucune évolution musicale n'est à noter depuis
« Killing on Adrenaline » à vrai dire, mais ce n'est en tout cas pas moi qui y trouverait à redire, le groupe étant quelque part un précurseur de ce genre (oui je sais, Suffocation a beaucoup aidé, mais Dying Fetus a sa propre patte depuis bien des années) et n'ayant plus grand-chose à prouver. A vrai dire, tant que le groupe continuera à produire des albums de qualité comme « War of Attrition », j'aurais du mal à ajouter quoi que ce soit au chapitre « originalité », vu que ce n'est pas ce que j'attend du groupe. Je veux juste des riffs sanglants, des passages techniques empreints de folie, des accélérations magistrales, et des growls à la Gallagher : et je suis on ne peut mieux servi avec ce nouvel album.
Servi par sa meilleure production à ce jour (oubliez le son un peu en retrait de
« Stop at Nothing », ici c'est du gros son sans tomber non plus dans l'excès), le Fetus aligne donc comme à son habitude 8 titres de Brutal Deathcore, 8 classiques assurés du groupe, avec toujours cette dualité au niveau du chant qui a fait sa force. J'ai cru aux premières écoutes que Jason Netherton avait fait une infidélité à Misery Index tant le timbre de voix de Sean Beasley lui est similaire ; on se croirait revenu à l'époque de
« Destroy the Opposition », car il faut avouer que Vince Mattews, bien que convainquant, n'atteignait pas le style de son prédécesseur. Musicalement, l'alternance de passages ultra rapides et de mosh parts est on ne peut plus d'actualité, avec toujours ces structures en tiroirs qui ont depuis longtemps occultés toute idée de refrain et de couplets réguliers. Chez le Fetus, on enchaîne les riffs, et la force du groupe est de ne jamais perdre l'auditeur, se rendant d'une accessibilité rare, malgré la brutalité de l'ensemble et les structures tout de même bien complexes. Un petit bâillement pendant un blast qui s'étire un peu trop ? Pas de soucis, voilà la mosh part de « Raping the System » à 2min02 qui va te remettre dans le droit chemin, suivi d'un court solo de virtuose. Envie de baver sur un petit accès de folie guitaristique ? Tu cours vers la 3eme minute et 53 secondes d' « Unadultered Hatred » jusqu'au 4min27 environ… et tu enchaînes avec un court riff implacable qui me rappelle un peu Dies Irae, pour ceux qui connaissent. Un petit riff accrocheur ? 2min46 sur « Ancient Rivalry »… Et j'ai noté un riff un peu atypique pour le groupe, car bâti sur un contretemps, à 3 :17 sur « Insidious Repression ». C'est indiscutable, on a rarement le temps de s'ennuyer pendant un album du Fetus, pris à la gorge que l'on est par cette rapidité d'exécution, ces changements continuels et ce sentiment d'une force qui avance de manière implacable… Un petit mot sur le remplaçant de Sengaya à la batterie, pas un inconnu qu'il officiait déjà de fort belle manière chez Divine Empire (lire ma chro de « Methods of Execution » pour un peu de son) : très carré (ce qui n'était pas toujours le cas de son prédecesseur), et un jeu assez classique mais assurant la puissance et le style nécessaire au Fetus. On est loin du groove d'un Kevin Talley, mais Timlin parvient à convaincre, c'est déjà pas mal !
Certains groupes sont fait pour évoluer. Pour surprendre. Pour briser des barrières. D'autres s'appellent Dying Fetus, et ont pour eux de faire une musique tellement jouissive qu'on ne souhaite pas qu'ils ne changent pas un demi poil de leur modèle de composition. (Ca tombe bien, Gallagher est chauve !) Plus sérieusement, « War of Attrition » est un très bon album, et il marque le grand retour du Fœtus Agonisant, après 4 ans d'attente qui ne furent donc pas vains… A voir maintenant sur scène, peut être au Hellfest ou au moins en tournée française prochainement !
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