Noctem Cursis - Nocturnal Frost

Le black metal... Il est passé par toutes les sauces en plus de 20 ans. Et il continue de sévir malgré ce que certains blasés essaient de faire croire pour justifier leur lassitude du genre. Oui, le black est bel et bien vivant, et les groupes sont nombreux, entre les vieux de la vieille et les jeunes de la jeune, entre les evilutionnistes et les évolutionnistes, entre les dents dures et les durs de la feuille. Et ce qui me surprend le plus ce sont ces jeunes qui décident de faire du black à l’ancienne, comme NOCTEM CURSIS.

Ce groupe français vient de Chambéry et, vous le verrez à leur faciès dans le livret, les membres ont l’air bien juvéniles. Bon, c’est une réflexion venant d’un vieux gars qui approche de la quarantaine et qui avait donc leur âge à la fin des années 90, mais qui est heureux de trouver une relève pour un style particulièrement mal représenté depuis justement quelques années : « le black galopant et sa délicieuse gelée de clavier du début des années 2000 ». Et je le dis tout suite : Non, ce n’est pas péjoratif ! Et j’ajoute pour éviter les quiproquos : Non ce n’est pas non plus un groupe de BM symphonique.

Pour essayer de donner quelques repères, disons qu’ils ont des points communs avec BLOOD STAINED DUSK, ANGMAR et MALEFICENTIA, paf, les premiers venus à l’esprit. Jamais du CRADLE OF FILTH, GLOOMY GRIM ou ANOREXIA NERVOSA. C’est du black agressif et rapide, mais qui met des riffs clairs de guitares très en avant, montrant un goût évident pour le heavy et qui arrose le tout de claviers qui ne se lancent pas dans des démonstrations mais accompagnent les morceaux, en nappe assez discrètes. Bref, du black à fortes tendances épiques. Ce serait exagéré de dire que l’équilibre entre force et douceur est parfait vu la part importante des mélodies mais l’on n’a jamais l’impression d’écouter un groupe de mollasson, notamment parce que les vocaux attaquent constamment et qu’il n’y a aucune voix féminine.

NOCTEM CURSIS montre de plus son attirance pour le pagan, et plusieurs riffs sonnent ainsi plus NYDVIND / CATUVOLCUS, pour ne pas citer les premiers BELENOS. D’ailleurs Loic Cellier fait une apparition remarquée sur « Les Rivages de la Mort ». Après être apparu en 2011 sur un titre des CHANTS DE NIHIL, il prouve qu’il aime bien l’exercice de la participation comme invité et donne un bon coup de pouce à NOCTEM CURSIS. En tous cas il transforme ce titre en l’un des plus importants de la galette aux côtés des très galopants « From Space » et « Secrets of the Elders » (et son break excellentissime à 3:37 emprunté à WINDIR). Ces deux morceaux viennent chambouler les neurones et font dresser les oreilles à chaque écoute.

Tous les titres contiennent de toute façon leurs lots de riffs et c’est bien la force du groupe. Il en abuse peut-être, mais pour les fans du style c’est un plaisir. Il n’y a ni titre faible ni lassitude car certains morceaux jouent sur un rythme moins soutenu et apportent de la diversité. Côté diversité, on peut aussi apprécier l’utilisation d’un violoncelle sur « World to Ashes », joué par Louz Valfreja, dommage qu’il ne soit pas mis plus en avant par contre... Les titres ont enfin des durées raisonnables, entre 4 et 6 minutes, sans réel passages en trop.

Je pourrais juste reprocher deux points. Tout d’abord les vocaux qui ne transmettent pas assez d’émotions variées parce qu’ils restent toujours dans la même texture. Ce n’est pas un grand handicap puisqu’ils sont bons dans leur genre et que les instruments se chargent de véhiculer les sensations manquantes. Ensuite, plus gênant, il y a un problème avec la batterie qui sonne parfois bien trop artificielle malgré la présence d’un réel batteur. Les morceaux auraient gagné en puissance si elle avait eu un son plus percutant.

NOCTEM CURSIS fait un bon début et se montre très professionnel. On lui souhaite de poursuivre dans cette voie et de corriger les petites imperfections citées afin d’être plus mémorable encore. Et une dernière petite requête, s’il pouvait choisir entre l’anglais ou le français au lieu de passer de l’un à l’autre selon les morceaux cela créerait une meilleure unité.

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