Ils étaient jeunes, ils étaient beaux, ils sentaient bon l'hydromel chaud. Thyrfing, dans ses jeunes années, jouait encore au viking, rêvant d'obtenir un siège à la table d'Odin après une mort héroïque sur un quelconque chant de bataille, se faisant servir de la cervoise par des Valkyries peu farouches. On a les rêves d'ados qu'on mérite hein.
Quand ces rêves d'ados se traduisent musicalement, on se retrouve avec un album on ne peut plus classique de « Viking Metal », utiliser un autre terme serait abscons tant ici tout est fait pour sonner le plus Scandinave possible. Que ce soit l'artwork, qui illustre on ne peut mieux ce que doivent être les boustifailles là haut au Valhalla, ou les paroles, qui n'auraient pas à rougir si elles étaient confrontées à l'œil critique de Johan Hegg (vocaliste d'Amon Amarth), on est ici en terrain connu : du guerrier, du barbu, avec des muscles saillants et l'envie d'en découdre au plus vite.
Cependant, le thème guerrier s'arrête chez Thyrfing à la pochette : la musique est quand à elle un peu trop « gentillette » pour égaler la sauvagerie de ses confrères, au premier rang duquel les Moonsorrow, qui ont une approche plus adéquate car beaucoup plus brutale. En effet, Thyrfing tire ses racines du heavy / speed metal plutôt que du black metal comme d'autres groupes du genre, et par conséquent les tempos sont majoritairement mid, sans aucun blast à l'horizon, et la musique est surtout rythmée par les claviers et quelques riffs de guitares dans l'ensemble insignifiants. Car « Valdr Galga » n'est pas un album basé sur les guitares, bien au contraire : dans l'ensemble elles ne servent que d'accompagnement au clavier, véritable maître d'orchestre de l'ensemble des compositions. Et c'est là que le bat blesse : on a parfois l'impression d'être dans un album de Dimmu Borgir (1997-1999), tant l'omniprésence des nappes de claviers rend les guitares quasi inexistantes. Et si certaines mélodies sont très accrocheuses et donnent à elles seules un cachet de qualité à certains titres (« Askans Rike » ; l'excellente « Deceitful », « Firever »), le superflu tue sur la longueur l'intérêt de l'album : trop de clavier tue le clavier, en quelque sorte. Et je ne m'étendrais sur le son à proprement parler du clavier, beaucoup trop « bombastique » pour son propre bien.
Ce constat est d'autant plus regrettable que lorsque les guitares daignent s'exprimer au premier plan, cela donne les meilleurs titres de d'albums, que ce soit l'angoissant démarrage du titre éponyme ou le tubesque « From Wilderness Came Death » et cette formidable mélodie acoustique reprise en électrique, qui a tout du coup de cœur dès la première écoute. L'exemple le plus flagrant est l'excellent « Deceitful », qui sur sa première moitié est dominé par le clavier, qui anime superbement le titre ; et alors que l'essoufflement se fait sentir, au bout de 3mn et quelques c'est un riff de guitare efficace et headbanguant au possible qui relance la sauce avant un final on ne peut plus classique. L'équilibre n'est malheureusement pas aussi bien calibré sur d'autres titres (« Arising » est bâti sur le même schéma, la mélodie électrique à 3mn08 relançant superbement le titre mais la fin est beaucoup trop longue)…On se rassurera néanmoins à contrario que sur les albums à venir, Thyrfing corrigera le tir en accordant beaucoup, beaucoup plus de place aux guitares...
A noter, que si la partie musicale est vous l'aurez compris perfectible, on ne dira pas de mal du fabuleux vocaliste qu'est Thomas Väänänen, définitivement et déjà à l'époque l'un des meilleurs chanteurs du genre. Ses hurlements de damnés mettent immédiatement en condition et chaque syllabe est hurlée du fin fond de ses tripes. Et le meilleur reste à venir
(« Farsotstider »).
Malgré tout, le pari est réussi : sur sa première moitié, « Valdr Galda » remplit son contrat, à savoir nous faire voyager au pays des casques à cornes et des tables en bois de 20m de long, agrémentée d'une escale sur quelques champs de bataille ici et là ; mais on redescend en catastrophe du drakkar passé la seconde moitié de l'album, car l'ennui pointe alors le bout de son nez poilu, accompagnée de sa meilleure amie la redondance. « Valdr Galga » est un bon album de Viking Metal, il y a certainement mieux dans le genre, mais il préfigure du futur de Thryfing, et notamment de l'excellent
« Urkraft » qui sera lui beaucoup plus mature et abouti dans le genre.
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