Ad Patres - A Brief Introduction To Human Experiments
Chronique
Ad Patres A Brief Introduction To Human Experiments
Alors qu’AD PATRES vient de fêter ses dix ans d’existence au mois de décembre dernier, celui-ci est enfin de retour et c’est probablement une des meilleures nouvelles de ce début d’année, déjà fort chargé en sorties de qualité. En effet plus de six ans se sont écoulées depuis l’excellentissime
« Scorn Aesthetics » qui avait fait l’unanimité en 2012, et dont on attendait avec hâte un successeur afin de voir s’il était capable de rééditer cette performance. Renforcé désormais par Pierre-Yves Marani à la seconde guitare (en lieu et place de Canard) il est également un des rares noms de l’écurie Kaotoxin à avoir été conservé sur sa nouvelle mouture Xenokorp, qui a bien eu raison de faire ce choix. Car malgré cette longue attente les choses n’ont guère changé pour le quintet tant ce nouvel album aurait pu être enregistré dans la foulée du précédent, vu qu’on y retrouve le même son et la même construction de morceaux qui ne s’éternisent toujours pas et restent assez brefs. Pourtant il ne faut pas croire qu’il s’est bêtement contenté de faire un copier-coller, certes les grandes lignes de son Death sont toujours présentes mais il a aussi densifié son jeu afin que ce deuxième long-format marque encore plus les esprits que son prédécesseur. Si cette ambition pouvait paraître un peu prétentieuse au départ le résultat est largement à la hauteur des attentes, vu qu’il surpasse le précédent à plat de couture, et qu’il va marquer indéniablement 2019 de son empreinte.
En effet pendant un peu plus d’une demi-heure les bordelais vont offrir un vrai récital où technique, puissance et variations vont être de la partie sans jamais baisser en intensité, et où les points sur les i vont être présents dès la fin de la courte introduction. C’est sur « Mechanical Enlightenment » que s’ouvre les hostilités et le moins que l’on puisse dire c’est qu’on va être littéralement happé par la musique (ce sentiment ne s’arrêtera qu’une fois l’écoute terminée) tant la densité entendue ici est tout simplement bluffante. Proposant d’entrée toute la palette de jeu de ses créateurs ce morceau d’ouverture montre une énergie incroyable, porté notamment par le jeu à la fois dynamique et déchaîné d’Alsvid derrière son kit qui se lâche totalement (et montre une fois encore qu’il est bel et bien un des batteurs français les plus impressionnants) et qui se met au diapason de ses compagnons de route. Ça frappe fort et précis entre des alternances blasts et mid-tempo, courtes cassures de rythme et passages plus lents, le tout calés entre des longues rasades de tabassage intempestif où le côté remuant et presque groovesque propre au groupe ne se perd pas en route. Autant dire que la barre est placée très haut avec ce démarrage ultra-classique sur la forme mais où l’on ressent que les gars ont haussé leur niveau, sans que cela ne nuise à la musique proposée ici, qui ne va pas hésiter à lever le pied quand il le faut et à rallonger son propos sans lasser. C’est le cas avec « The Disappearance Of I » où là-encore les transitions entre les tempos font mouche, couplés avec quelques courts émoluments tribaux qui servent de break avant que ça ne joue le grand-écart, et que des leads discrets mais impeccables se fassent entendre (ceux-ci sont d’ailleurs plus nombreux qu’auparavant). On ne sait pas si cela est lié à l’arrivée du nouveau venu, toujours est-il que les solos sont plus importants qu’avant mais ils restent sobres, car une fois encore c’est le collectif qui prime sur l’individuel.
Si les girondins ont pris un virage légèrement plus travaillé qu’à leurs débuts ils n’ont cependant pas oublié leur passé récent, la preuve avec le furieux « Led By Flesh » qui aurait très bien eu sa place au sein de leur précédente sortie. Ne s’éternisant pas en longueur il montre leur côté le plus radical tant ici les blasts sont omniprésents et restent actifs quasiment tout le temps, seulement mis à l’arrêt par quelques passages plus posés où l’on est pris d’une envie irrépressible de headbanguer, car une fois de plus l’entrain est imparable et surtout contagieux. Cependant après cela la surprise est encore mise à l’honneur vu qu’avec « Symbiosick » la vitesse est toujours active mais elle se faite plus massive, aidée en cela par des riffs plus sombres et une technicité à toute épreuve. Avec un rendu toujours excellent qui conclut ainsi cette première partie sans fautes, on est en appétit avant la seconde qui va encore gagner en intensité et qualité, pour atteindre des sommets. Car une fois le court interlude « Sermon » terminé « Verses Void » va monter d’un cran en puissance avec une fois encore toute la palette de la bande exécutée avec panache et sans jamais trop en faire, à l’instar du monstrueux « Spellbound ». Dernière compo du disque d’obédience classique elle fait résonner toute la quintessence du combo où l’ensemble de sa patte est présente et se mélange sans discontinuer avec un dynamisme encore à toute épreuve, avant que la doublette de clôture n’intervienne et ne dévoile un visage différent du reste, mais toujours aussi superbe. « Enclosing Terror » embarque l’auditeur dans un univers plus massif et suffocant porté par un tempo bridé qui ne relâche son étreinte qu’en de courtes explosions de colère, et dont l’écriture se fait plus directe vu que l’ensemble ne varie pas des masses, au contraire du long et étonnant « The Floating Point » particulièrement froid et obscur. Privilégiant ici encore la lourdeur au détriment des pointes de vitesses rares et lumineuses, cette compo offre en plus d’une longue et angoissante introduction des parties de guitares étranges où les solistes s’en donnent à cœur joie, montrant ainsi que les sudistes savent créer quelquechose d’ambitieux et différent sans s’éloigner de sa ligne directrice.
Autant dire que cette longue et insoutenable attente en valait largement la peine tant la formation s’est surpassée et a mis au jour un des disques français de l’année, on ne prend pas trop de risques en l’affirmant si tôt. Si jusqu’à présent elle avait montré de très bonnes choses et figurant parmi les grands noms en devenir de l’hexagone il ne fait plus aucun doute désormais qu’elle a passé un cap, et qu’elle est dorénavant une des têtes de gondole du Metal de la mort de notre beau pays. Malgré une colère exacerbée elle arrive à rester cohérente grâce à une justesse et une précision chirurgicale, où chacun des membres entraîne les autres dans son sillage, ce qui créé ainsi une alchimie totale sans faiblesses ni baisses de régime. Désormais attendus et reconnus les aquitains ont tout ce qu’il faut pour entamer un nouveau statut dans leur carrière, à eux désormais d’en faire bon usage mais vu leur intégrité et leur expérience dans le milieu il ne fait aucun doute que ça sera le cas.
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