Ad Patres - Unbreathable
Chronique
Ad Patres Unbreathable
Aimant toujours prendre son temps afin de mieux se faire désirer AD PATRES a néanmoins été un peu plus rapide que d’habitude pour sortir ce nouvel opus, vu que cette fois-ci il s’est seulement écoulé cinq années depuis l’excellent
« A Brief Introduction To Human Experiments »... et ce malgré pas mal de mouvements en interne. En effet si le poste de deuxième guitariste semble décidément franchement instable (avec ici l’arrivée de Sylvestre Alexandre d’IRON FLESH en lieu et place de Pierre-Yves Marani) le départ du bassiste et pilier Arnaud Pecoste a franchement étonné, tant il était un membre important de l’entité et un de ses principaux contributeurs... tout ça sans compter une signature chez les néerlandais de Non Serviam Records qui a pu surprendre de prime abord. Heureusement les craintes légitimes liées à ces changements vont être immédiatement balayées vu que ce troisième album va être dans la droite ligne de ses prédécesseurs, avec toujours la même qualité et ce son sec et abrasif si reconnaissable... prouvant par la même occasion que la formation est bel et bien un des meilleurs étendards du Death Metal 100% hexagonal.
Elle va effectivement démontrer cela dès l’introduction passée via l’excellent « The Dream Chaser » où l’on va retrouver toute sa palette rythmique typique, entre les roulements impeccables du père Alsvid et ces plans de guitares agressifs qui oscillent entre blasts furieux, accélérations rugissantes et gros ralentissements oppressants pour alourdir et noircir une musique déjà bien lourde. Toujours aussi accrocheuse et fluide l’écriture de ce premier morceau va donner le ton de ce qui va suivre durant trente-huit minutes (ce qui est un record pour l’entité), sans que jamais l’on ne sente poindre de la lassitude et de l’ennui. Car même quand ça se montre un peu plus technique et lourd comme sur « Versus » les choses restent absolument attractives, en effet si le tempo est plutôt ralenti il n’en oublie pas de s’exciter à plusieurs reprises afin d’éviter toute linéarité dommageable, prouvant encore une fois que les gars ne cessent de se bonifier avec l’âge... et ce même quand la durée globale des titres s’allonge un peu. Du coup la suite va être exactement du même acabit du côté de l’envie d’en découdre comme d’écraser ses adversaires, que ce soit via l’obscur et suffocant « Deserter » au grand-écart affirmé ou sur le plus direct « Exodus », dont le rendu est plus frontal et bas de plafond vu que ça tabasse majoritairement (mais sans oublier un léger soupçon de mélodie sur un solo du plus bel effet) et qui nous renvoie à l’époque de
« Scorn Aesthetics ». Et si comme d’habitude l’interlude ne va rien amener de génial la suite de ce long-format va rester néanmoins d’un niveau particulièrement élevé et succulent. Tout cela en premier lieu avec le très court et radical « Chapter X » au groove incandescent et au tempo enlevé la plupart du temps (et dont la conclusion ultra-dynamique intitulée « Deus Deceptor » va reprendre la même base de construction), ainsi qu’avec les frontaux et équilibrés « The Medium » / « Rebellion Grief » qui vont miser sur la brutalité sans oublier de ralentir progressivement, et d’ajouter aussi des soupçons de mid-tempo propices au secouage de nuque.
De fait sans rien changer à son propos le combo continue cependant de proposer juste ce qu’il faut de différences par rapport à sa sortie antérieure pour donner l’impression de ne pas être dans la redite perpétuelle, et nul doute que ce nouveau volet de ses aventures va continuer à faire parler de lui en positif... bien qu’il reste encore trop peu méconnu au sein de la scène nationale. Car il mérite clairement plus que ce à quoi il est exposé aujourd’hui mais visiblement il n’en a cure et accumule de l’expérience pour continuer à délivrer aux fans ce qu’ils attendent... confirmant en tout cas que notre beau pays a actuellement une scène Death Metal de haute-volée qui mérite clairement que l’on se penche un peu plus à son chevet, tant l’on peut facilement citer les IRON FLESH, FALL OF SERAPHS, GOHRGONE et consorts qui depuis quelques temps pondent des disques qui n’ont rien à envier aux mastodontes venus de Suède comme des Etats-Unis. Autant dire qu’avec tout ça les bordelais marquent encore des points et qu’il serait très malvenu de ne pas se pencher sur cette œuvre qui file à toute allure, et a tout pour plaire au plus grand-nombre tant ça s’écoute facilement et sans compromission en mode défouloir comme massif, avec suffisamment de subtilité pour qu’on retienne facilement et rapidement quelques passages, patterns ou breaks très sympathiques... un signe qui ne trompe pas sur sa durée de vie globale et son efficacité permanente.
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