Gatecreeper - Deserted
Chronique
Gatecreeper Deserted
Depuis ses débuts en 2013 le combo de l’Arizona fait preuve d’une régularité impressionnante en matière de sorties, qui se succèdent au rythme effréné d’au moins une chaque année. Avec une qualité systématiquement au rendez-vous il était donc logique qu’il finisse par se faire remarquer de la part d’un gros label, chose qui arriva pour le très bon « Sonoran Depravation » publié par Relapse Records, qui lui permis de se faire une petite notoriété et de sortir de l’underground… du moins pas tout à fait. Car le quintet tient à conserver une certaine liberté et cela s’est confirmé par la suite sur ses différents formats courts qui virent le jour sur des structures plus qu’obscures et de manière autonome, le travail de la mythique écurie de Pennsylvanie n’intervenant que pour les albums. Officiant toujours dans un gros Death Metal gras et lourd venu de Suède la bande a néanmoins rallongé son propos, car ce second opus a une durée plus importante que son prédécesseur via des morceaux moins expéditifs mais qui conservent leur spontanéité et leur côté velu. Cependant il ne faut pas s’attendre à un changement majeur de sa part, celle-ci continuant de miser majoritairement sur un tempo particulièrement écrasant et massif, où le Doom n’est parfois jamais très loin, même si elle n’oublie pas de balancer la sauce quand cela est nécessaire.
Ce point de vue va se ressentir d’entrée de façon flagrante avec l’excellent « Deserted », qui outre le fait d’être le titre le plus long de cette nouvelle galette va proposer beaucoup de variété rythmique, histoire de montrer de suite de quoi le groupe est capable. Si le démarrage va se faire de façon lente afin de prendre le temps de la découverte, la suite va elle monter en pression en jouant les montagnes russes via des parties entraînantes et remuantes (à la cadence implacable), et où un solo fait même son apparition de façon surprenante (il n’y en avait aucun sur le précédent long-format) sur un passage enlevé et rapide. Jouant sur le grand-écart (on retrouvera ce type de construction à plusieurs reprises par la suite) on remarque aussi que les gars ont pris de l’expérience et que leur musique contient un soupçon de technique supplémentaire, mais qui conserve sa spontanéité portée notamment par une production écrasante (la basse étant d’une lourdeur absolue). Pour continuer à donner le ton c’est ensuite la réalisation la plus courte (« Puncture Wounds ») qui est mise à l’honneur, et qui va faire preuve d’une sobriété imparable tout en voyant son rythme global monter progressivement en vitesse. Pas de place ici pour le bridage bien au contraire, car le mid-tempo et la rapidité seront de sortie sans discontinuer, et se retrouvent mises en avant par un schéma ultra-prévisible qui provoque une certaine accessibilité non-négligeable.
Du coup après seulement deux compositions on sait à peu près à quoi s’attendre car le reste va continuer à reprendre les mêmes ficelles via une construction relativement semblable (les riffs et plans de batterie vont avoir tendance à se ressembler), ce qui donnera du coup un côté interchangeable mais qui ne nuira pas à la qualité intrinsèque. Car on avait pu percevoir chez les américains que sous ses airs simples et monolithique leur écriture se révèle être d’une attractivité à toute épreuve, et aussi remuante à souhait grâce à un groove présent de façon quasi-continu (et qui a été poussé plus loin sur ce nouveau chapitre), qui permet ainsi de conserver une cohérence de bout en bout. Preuve en est avec l’intense et dynamique « From The Ashes » au headbanging contagieux (malgré un bridage en règle), et sur les très réussis « Ruthless » et « Barbaric Pleasures » tout en variations et ponctués de quelques pointes explosives jouées de façon minimaliste, afin de ne pas casser ces sentiments d’oppression et d’étouffement qui restent majoritaires. D’ailleurs plus on va avancer dans l’écoute et plus on va avoir la sensation de s’enfoncer dans des abîmes putrides où l’humidité et la graisse ne cessent de se densifier, vu qu’au fur et à mesure de l’avancée tout va ralentir et rendre l’ensemble encore plus étouffant. Il n’y a qu’à écouter les premières secondes de « Boiled Over » pour s’en rendre compte, car outre une envie pressante de remuer la nuque la technique se fait légèrement plus aventureuse grâce à des cassures bien senties qui permettent de trouver de l’air au milieu de cet amas granuleux, qui ne va cesser de gagner en volume. En effet « Absence Of Light » (dont le nom est parfaitement en raccord) va s’enfoncer dans une facette Doom des plus obscures (et qui rappelle les grandes heures d’ASPHYX) sans qu’on ait le sentiment de pouvoir s’en échapper, le manque d’oxygène semblant être définitif, et afin de conclure tout cela dignement quoi de mieux que de jouer le contre-pied. Là où tant de formations terminent par leur plage la plus radicale ici c’est tout l’inverse qui se produit, vu qu’on n’y trouve nulle trace d’accélération au milieu de ce magma coagulant. Tout le contraire du monstrueux « Sweltering Madness » qui retentit un peu plus en amont et qui propose un peu de tabassage au milieu de cet abîme, ainsi qu’une froideur supplémentaire.
Autant dire qu’on est présence d’un disque plus qu’intéressant et qui va se déguster à chaque écoute, tant les fautes de goût y sont rares et pas pour autant rédhibitoires (cela concerne les moins inspirés « Everlasting » et « In Chains » joués un peu trop en roue-libre et qui cèdent à une certaine facilité). Bref il n’y a pas grand-chose à reprocher à cette livraison plus aboutie que la précédente, d’où il est plus facile d’extraire des passages qui se démarquent du lot preuve qu’un palier a été franchi par ses créateurs. Il est effectivement évident qu’ils ont confirmé les espoirs placés en eux en signant cette œuvre de très bon goût, qui se place comme une des grandes sorties de 2019 en matière de Swedeath (en attendant quelques autres du même acabit qui ne vont plus tarder). Dans un style qui semble depuis quelques temps à la recherche d’un second souffle il est certain que GATECREEPER a marqué des points pour la suite, et qu’on est bien parti pour continuer d’en entendre parler dans le futur, montrant de fait que le Death suédois continue de s’internationaliser avec réussite, et qu’il est loin d’avoir dit son dernier mot.
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