Oyez, oyez lecteurs et lectrices aux goûts douteux et déviants ! Le plus cradingue des groupes de Death Metal est enfin de retour et croyez-moi celui-ci n’est toujours pas là pour rigoler. Une reprise d’activité marquée par la sortie il y a quelques jours d’un troisième album intitulé
Malignant Worthlessness qui vraisemblablement (on ne m’avait rien dit à moi, comment se fait-il ?) vient mettre un point final à une trilogie entamée en 2015 avec la sortie de
Suicide Euphoria. Sans surprise, c’est évidemment sous les couleurs du label canadien Profound Lore Records que s’opère ce retour aux affaires avec à la clef et pour ne rien changer à ses habitudes une illustration toujours aussi gratinée et pour le coup particulièrement grouillante.
Également fidèle au poste, le producteur Arthur Rizk a qui a été confié une fois encore l’enregistrement, le mixage et le mastering de ces neuf nouvelles compositions. Aussi, la production de ce troisième album s’inscrit dans la continuité de celle de son prédécesseur, nous offrant effectivement les mêmes excès et les mêmes caractéristiques jusqu’au-boutistes qui ont toujours fait le charme et la particularité de la musique de Pissgrave (chants hyper saturés, guitares particulièrement abrasives, batterie dépouillée et naturelle et des basses aux abonnés absents...). Un parti-pris qui en dépit d’une lisibilité toujours indiscutable propose pourtant une expérience extrêmement agressive et très certainement clivante. Car si les photographies particulièrement crues servies en guise d’illustrations ont probablement laissé plus d’un auditeur curieux sur le bord de la route, je suis convaincu que la production "harsh" et bruitiste d’Arthur Rizk en a également découragé plus d’un...
De fait, même si ce sont effectivement six longues années qui séparent
Posthumous Humiliation de ce récent successeur, n’attendez pas des Américains qu’ils fassent un pas de côté afin d’emprunter d’hypothétiques chemins de traverses... S’en tenant coûte que coûte à ce plan esquissé à grosses mailles sur sa toute première démo sortie en 2014, Pissgrave poursuit ici son travail de sape physique et psychologique en déroulant ce Death Metal nihiliste qui est le sien depuis maintenant plus de dix ans.
Malignant Worthlessness n’est donc pas bien différent de ses prédécesseurs et c’est très bien comme ça.
Comme à l’époque de
Suicide Euphoria, ce nouvel album renoue avec des morceaux plus courts (entre deux et quatre minutes par titre) faisant ainsi de lui un disque nettement moins long (de près de douze minutes) que
Posthumous Humiliation. Un détail qui d’ailleurs n’en est qu’un car en termes de contenu, on ne peut pas vraiment dire que cela change quoi que ce soit en matière de rythme ou de dynamique.
En effet, si
Malignant Worthlessness démarre sur les chapeaux de roues, l’album n‘en reste pas moins truffé de ralentissements et de séquences nettement moins frontales qui vont permettre comme toujours d’apporter ce qu’il faut de contraste, de lourdeur et parfois même de groove face à ces passages tous plus radicaux les uns que les autres. Ainsi de "In Heretic Blood Christened" à 0:36 et toute sa seconde moitié à compter de 1:58 aux toutes dernières secondes de "Three Degrees Of Darkness" en passant par l’essentiel de "Malignant Worthlessness" et "Dissident Amputator" (malgré quelques coups de chaud dispensés ici et là), "Heaping Pile Of Electrified Gore" à 2:01, le très chaloupé "Interment Orgy" ainsi que d’autres moments que je ne vais pas tous vous citer afin ne pas vous assommer d’exemples minutés, ce nouvel album fait preuve de plus de variété rythmique (aussi bien dans son riffing que dans ses coups de casseroles) que ne le laisse supposer le caractère excessif et intense de Pissgrave.
Car ne vous y trompez pas, le groupe de Philadelphie a beau lever le pied régulièrement, les coups de boutoir et autres démonstrations de force restent malgré tout légion tout au long de ces trente et une minutes particulièrement éreintantes. Si derrière ses fûts Matt Mellon distribue avec toujours autant de générosité et d’efficacité ses cavalcades et autres blasts implacables, on retiendra surtout le riffing dense, plus ou moins complexe et extrêmement sournois dispensé par le duo Demian Felton / Tim Mellon. Un riffing qui à la manière d’un certain Portal bourdonne à nos oreilles telle une menace diffuse et insidieuse. Une sensation renforcée par le caractère quelque peu répétitif et entêtant des deux Américains même si en y prêtant attention on se rend compte malgré tout que leur jeu est lui aussi plus varié qu’il n’y paraît de prime abord. Toujours dans un souci d’entretenir un certain degré de frénésie, saluons également ces quelques solos chaotiques qui effectivement participent à l’hystérie collective qui se joue une fois de plus tout au long de l’album. Enfin il y a bien sûr ces doubles vocalises ultra pitchées qui font toujours autant écho à celles de James Read de Revenge. Deux chants complémentaires (l’un plus profond, l’autre plus aiguë) toujours aussi intenses et incompréhensibles qui évidemment ne font que renforcer le sentiment d’agression qui règne à chaque instant.
Dernier album d’une trilogie débutée en 2015,
Malignant Worthlessness vient rappeler à ceux qui l’auraient oublié que Pissgrave est l’un des groupes de Death Metal les plus sales et les plus excessifs qui soient (sans bien entendu tomber dans la parodie ou la bêtise auxquelles se prêtent certaines formations). Plus concis et un poil moins curieux que son prédécesseur qui s’essayait (le temps d’un morceau) à des choses relativement nouvelles (en tout cas pour un groupe tel que Pissgrave), ce troisième album est tout ce que l’on pouvait attendre de la part des quatre Américains après presque six ans d’absence. Car s’il n’offre aucune véritable surprise si ce n’est celle de renouer avec des titres sensiblement plus courts,
Malignant Worthlessness témoigne une fois de plus d’une vision pure et entière n’ayant en aucun cas cédé à une quelconque forme de compromission. À l’image de ses prédécesseurs, ce nouvel album s’impose comme un disque affreusement dégueulasse, excessivement intense et particulièrement éreintant, autant physiquement que mentalement mais à l’image de ses prédécesseurs, on en redemande.
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