Pissgrave - Suicide Euphoria
Chronique
Pissgrave Suicide Euphoria
Deux ans et demi après la sortie du premier album de Pissgrave, j’ai forcément un peu l’impression d’arriver après la bataille… Mais bon que voulez-vous, ce n’est pas une raison suffisante pour passer sous silence cet album dont on a déjà beaucoup parlé ici et là. Et s’il y a plusieurs raisons à cela dont la qualité même de ce premier album, l’une des plus évidentes concerne bien évidemment l’artwork choisi par les Américains pour illustrer ce Suicide Euphoria. Loin d’être choqué ou même dérangé par celui-ci, je reconnais bien volontiers avoir trouvé étonnant ce choix tant il appartient bien souvent à des groupes officiant dans un registre quelque peu différent, celui du Goregind (Last Days Of Humanity en tête). Pourtant, combien d’illustrations mettent en scène des choses encore beaucoup plus explicites ? Sauf que là, il s’agit effectivement d’une photographie, a priori sans trucage, d’un corps qui n’en est plus un dans ce qui s’apparente (je ne suis pas médecin légiste) à un cas d’extrême décomposition. Une vision absolument sans filtre de la mort que l’on n’a pas l’habitude de nous voir imposer mais qui reflète pourtant très bien ce que l’on peut trouver à l’écoute de ce premier album.
Originaire de Philadelphie, Pissgrave sort sa première et unique démo en avril 2014. Une cassette à l’artwork elle aussi particulièrement dégueulasse et sur laquelle on trouvait déjà à l’époque trois titres qui figureront plus tard sur Suicide Euphoria ("Blood Fog", "Prevail In Hell", "Fields Of Scattered Bones"). Il ne faudra ensuite que quelques mois pour que le groupe mené par les frères Mellon (ex-Abhomine (live)) se voit proposer un contrat avec Profound Lore Records pour la sortie de ce premier album paru en août 2015.
A l’image de l’artwork, le Death Metal de Pissgrave s’impose par la force des choses, avec violence et excès. A l’aide de cette production à coucher dehors qui fait la part belle aux distorsions et autres saturations en tout genre, les Américains n’entendent pas séduire le monde entier mais bel et bien pousser les amateurs de Death Metal dans leurs derniers retranchements. La démarche du groupe n’est donc pas si éloignée que ça de celles de formations telles que Blasphemy, Conqueror ou Revenge. On trouve en effet chez Pissgrave ce même sens de l’extrémisme sonore qui se traduit par des compositions relativement courtes (rarement plus de trois minutes) dont est absente toute idée de compromission. Entre la voix exagérément saturée de Tim Mellon (d’ailleurs très proche dans l’esprit de celle de James Read), les guitares abrasives et primaires de Tim Mellon et Demian Fenton qui bourdonnent de douleur ainsi que les assauts d’un Matt Mellon peu avare en blasts, Suicide Euphoria s’apparente bel et bien à l’œuvre d’infâmes terroristes. N’espérez alors aucune compassion ou faiblesse ni même aucuns véritables moments de répit puisque tout n’est ici que chaos, crasse et destruction.
D’un point de vue plus descriptif, la musique de Pissgrave n’est donc pas nécessairement à rapprocher de celle des quelques groupes évoqués plus haut. En ce qui me concerne, je pense plutôt aux Canadiens d’Antediluvian pour ces mêmes riffs rampants, torturés et infernaux et cette manière si particulière qu’ils ont de tournoyer ("Impaled Vibration", "Pain Enchantment", "Suicide Euphoria", la deuxième partie de "The Second Sorrowful Mystery", "Blood Fog"...). On trouve également des séquences beaucoup plus proches d’un Deicide de la première époque, notamment lorsque les Américains accélèrent la cadence comme par exemple sur les plus radicaux et primitifs "Perpetual War", "Fields Of Scattered Bones", "Prevail In Hell", "The Second Sorrowful Mystery" et ces quelques passages à l’esprit Hardcore évident, "Mass Cremation" ou encore sur les séquences rapides de "Blood Fog"). Ces riffs malades et gangrenés, qu’ils soient d’obédience canadienne ou américaine, sont sublimés dans leur démence par quelques solos chaotiques (malheureusement trop peu à mon goût) qui ne vont faire que renforcer cette intensité et ce côté déjà particulièrement excessif ("Pain Enchantment" à 2:52, "Fields Of Scattered Bones" à 1:21, "The Second Sorrowful Mystery" à 3:23). Rajoutez-y cette voix ultra saturée (a priori Tim Mellon utilise deux micros pour ses prises vocales) et vous voilà en compagnie de l’un des disques de Death Metal les plus abrasifs et intenses sortis ces dernières années.
Si vous suivez l’actualité des sorties de près, il y a fort à parier que Suicide Euphoria ne vous soit pas inconnu. Ce premier album sorti il y a déjà plus de deux ans maintenant a en effet très vite fait parler de lui, d’abord à cause de cet artwork immonde mais aussi et surtout grâce à cette approche radicale et tout en excès. Celle-ci a donné forme à un Death Metal furieusement cradingue, capable d’alterner matraquage en bonne et due forme et séquences beaucoup plus tourmentées le tout dans un esprit de démence évident. L’un dans l’autre, Suicide Euphoria est un album traduisant la nature la plus crade et vicieuse de l’homme. Celle que l’on ne veut pas voir mais qui pourtant existe bel et bien, ici plus particulièrement.
| AxGxB 13 Février 2018 - 2193 lectures |
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