Church Of Disgust - Veneration Of Filth
Chronique
Church Of Disgust Veneration Of Filth
Church Of Disgust, groupe texan formé en 2010, avait fait parlé de lui il y a trois ans avec la sortie sur le label espagnol Memento Mori d’un premier album intitulé Unworldly Summoning. A l’époque je n’avais pas vraiment daigné y jeter une oreille par faute de temps et de motivation. Il aura fallu l’artwork du bien nommé Putrid Matt, remarqué pour son travail avec des artistes tels qu’Anatomia, Acid Witch, Autopsy, Cardiac Arrest, Cryptborn, Hooded Menace ou Sadistic Intent, pour que je me décide enfin à écouter ce que les Américains avaient à proposer.
Si le premier album de Church Of Disgust avait été composé et enregistré sous la forme d’un duo réunissant alors Dustin James (chant, guitares) et Joshua Bokemeyer (basse, batterie), le line-up s’est depuis quelque peu étoffé avec l’arrivée fin 2013 de Travis Andrews à la basse et Dwane Allen à la batterie. C’est donc aujourd’hui sous la forme d’un quatuor que nous revient Church Of Disgust pour la sortie de ce deuxième album intitulé Veneration Of Filth paru en octobre dernier sur Memento Mori.
Comme on pouvait s’y attendre à la vue de cet artwork dégoulinant façon « swamp thing » rappelant naturellement ces horror comics des années 50, 60 et 70, Church Of Disgust n’est pas le genre de groupe à initier de grandes révolutions. Son Death Metal à l’ancienne, dénué de toute originalité, n’a pas d’autre ambition que celle de convaincre tous les amateurs peu pointilleux qui, comme moi, n’attendent rien de particulier d’un groupe de cette trempe si ce n’est une succession de riffs efficaces associés à une certaine dynamique.
Et effectivement, il n’y a rien d’autre à attendre d’un album tel que Veneration Of Filth. Si vous êtes dès lors tout à fait à l’aise avec l’idée de mettre les pieds en terrain connu, de ne pas être surpris par une succession de riffs atypiques ou encore de ne pas vous enthousiasmer face à des structures complexes et alambiquées, alors vous ne devriez pas avoir trop de problème pour vous immerger dans l’univers puant et marécageux de Church Of Disgust. Car à défaut d’être original, ce deuxième album a le bon goût d’être suffisamment varié pour ne jamais lasser. En contrastant à ses séquences les plus soutenues des passages écrasants à l’image de cette créature des marais qui orne cette belle pochette, les Américains apportent à leur deuxième album du relief ainsi qu’un véritable dynamisme qui rend l’écoute de son Death Metal très agréable. Une sensation d’ailleurs accentuée par la production massive et granuleuse du Finlandais Jani Loikas dont on a déjà pu apprécier le travail sur certains albums de Desecresy, Nerlich ou Slugathor.
De ces dix compositions émane ainsi une atmosphère épaisse et suffocante façon vieux film d’horreur qui colle à la perfection à l’artwork signé Putrid Matt. Church Of Disgust connait sa leçon sur le bout des doigts et nous le montre ici en toute simplicité à travers un Death Metal old school certes, sans surprise, mais exécuté avec brio et dans les règles de l’art. Pour commencer, les riffs des Texans puent le cimetière défraichi à plein nez. Accompagnés par des leads démoniaques et épaulés par une basse particulièrement vrombissante et généreusement mise en avant, le groupe prend un malin plaisir à nous faire bouffer la terre souillée de ces tombes pourrissantes. Largement influencé par Autopsy mais sans le côté déglingué de la bande à Chris Reifert, Church Of Disgust va plomber l’atmosphère de ses séquences lourdingues et écrasantes. Des passages toujours bien sentis sur lesquels l’auditeur va aller se rompre les cervicales avant d’achever le travail à grand coups de tchouka-tchouka et autres diableries à rendre dingue. On appréciera enfin cette dualité vocale avec l’utilisation par Dustin James de deux chants complémentaires. Le premier qui est celui le plus utilisé est un growl épais et caverneux dans la plus pure tradition Death Metal. Le second, utilisé de manière sporadique, est un chant plus criard sans pour autant être aigue. Un changement de registre qui, au même titre que ces changements de rythmes, apporte un peu de variété au Death Metal relativement balisé de Church Of Disgust.
Alors non, Veneration Of Filth ne fera pas date dans l’histoire du Death Metal ni même dans les bilans de fin d’année. Néanmoins, il est de ces albums agréables qui s’écoutent avec grand plaisir et sur lesquels on ne rechigne jamais à revenir. Tout y est rondement mené pour un résultat simple et efficace. Si vous ne savez pas quoi vous caler sous la dent pour combler votre soif inextinguible de Death Metal à l’ancienne, ce deuxième album de Church Of Disgust délicieusement rugueux et suintant pourrait très bien répondre à vos attentes.
| AxGxB 5 Janvier 2017 - 830 lectures |
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