Death Metal « second couteau » pour certains il y a encore quelques années, illustres inconnus pour d’autres, la recrue de luxe Jonas Albrektsson (King Of Asgard, Retaliation, ex-Thy Primordial) au poste de bassiste et la signature chez Pulverised Record auront indubitablement aidé Vanhelgd à sortir de l’ombre et pousser à l’écoute de leur troisième album
Relics Of Sulphur Salvation. Une découverte qui convertira à sa cause dès les premières secondes du monstrueux « Dödens Maskätna Anlete ». Un coup de maître « 100% swedish » plutôt original en ces temps convenus, à la fois ravageur et frissonnant surclassant de loin leurs précédentes œuvres et figurant unanimement parmi les meilleures sorties de l’année 2014. Alors avec un line-up et un studio identiques, autant vous dire que tout était prévu pour que ce nouvel opus
Temple Of Phobos termine la crucifixion de ses récents disciples.
Contrairement à ses influences originelles de Stockholm, Vanhelgd, toujours dans l’évolution, n’aura jamais sorti deux fois la même galette et
Temple Of Phobos ne déroge pas à la règle. Le death suédois 90’s primaire et percutant s’efface d’avantage au profit des savoureuses références aux prémices (joyaux) death/black mélodique de leur adolescence (Eucharist, At The Gates (old), A Canorous Quintet, Edge Of Sanity, Unanimated). Tremoli glacials accrocheurs qui tient aux tripes dans une ambiance sombre et mélancolique. Une ambiance qui devient l’artère principale de leur musique particulièrement tournée vers leur aspect doom entraperçu sur
Relics Of Sulphur Salvation. Le groupe diminue ainsi d’un gros cran son débit pour et jouera la carte des riffs lancinants toujours imprégnés par ce metal « nostalgie » (Paradise Lost, My Dying Bride, Katatonia). « Gravens lovsång » ou le final « Allt hopp är förbi » aux airs viking (King Of Asgard ?) ne pouvaient pas mieux présenter l’hommage. Tout cela sous une production exemplaire toujours aussi puissante (saturation de mise) mais à l’effet désormais « étouffé » afin d’appuyer une atmosphère relativement occulte. Le chant féminin de « Den Klentrogenes Klagan » en tête pour un sacrifice dans le temple de Phobos (fils d’Arès et Aphrodite, incarnation de la peur en grec pour rappel).
Malgré un « name dropping » des plus salivants et un nombre d’écoute conséquent effectué, les défauts de
Relics Of Sulphur Salvation ne sont malheureusement pas gommés ici… De gros coups de mou qui étaient balayés par une accélération dantesque à l’époque. Cette fois le résultat est plus partagé, des moments de flottement qui tiennent en longueur (constat fait dès l’ouverture assez asthmatique « Lamentation Of The Mortals »). La faute à des compositions aux passages moins inspirés voire rachitiques par moment (pilotage automatique ou fond de tiroir) et donnent plutôt envie de se replonger dans ses vieilleries suédoises poussiéreuses.
Temple Of Phobos n’a pourtant rien de réellement médiocre, il est même de qualité. L’efficacité antérieure refait surface, je pense à « Rebellion Of The Iniquitous » (qui aurait pu aisément apparaitre sur le précédent opus), le morceau éponyme ou le poignant « Rejoice In Apathy » tout droit sorti d’un Vinterland. Les vocaux de possédé de Mattias vous traversent encore le corps (contraste saisissant avec le chant féminin du titre final) et appuyés des lignes gutturales du deuxième guitariste (bête humanoïde cachée au second plan), le résultat est imparable. Ce dernier est même un peu trop discret, on redemande de ses grognements, la langue suédoise étant indubitablement des plus jouissives pour le genre.
Surpris par une saveur death metal moindre, les anciens adeptes seront peut-être déçus par ce Vanhelgd plus « doomy » et jouant d’avantage sur l’ambiance au détriment de sa furie.
Temple Of Phobos fera clairement son effet dans un registre autre mais paraîtra moins inspiré et marquant que son aîné. Certains passages demeurent néanmoins excellents, reprenant les adjectifs « touchant » et « accrocheur » (références suédoises 90’s) coutumiers de Vanhelgd... Mais finalement un peu maigres pour complètement nous sustenter. Assez frustrant quand beaucoup attendait un album de la trempe de
Relics Of Sulphur Salvation. Il faudra patienter encore un peu pour parachever le rituel.
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