Il y a quelques semaines de cela, nous évoquions ensemble le cas de
Spoiled Marrow, premier EP des Américains d’Anthropophagous paru à l’époque sur Headsplit Records et Blood Harvest Records. Depuis, le trio originaire de Montague dans le Massachusetts ne s’est pas vraiment tourné les pouces puisqu’il a en effet sorti l’année dernière une seconde démo intitulée
Post-Natal Abortion parue au seul format cassette via Headsplit Records et plus récemment ce premier album baptisé
Death Fugue sorti là encore sous la bannière de l’incontournable label de Portland.
Plus engageant visuellement que
Spoiled Marrow,
Death Fugue est pourtant illustré une fois de plus par son chanteur/guitariste Shane Dupuy. D’ailleurs, monsieur n’est pas que chanteur et guitariste puisqu’il tient également ici le rôle de bassiste en lieu et place d’un certain Mike F. qui depuis la sortie de cette première démo en 2019 semble aujourd’hui avoir quitté le navire. C’est donc désormais sous la forme d’un duo qu’opère le groupe américain et une chose est sure, cela n’a pas entamé sa motivation ni sa capacité à générer du chaos, bien au contraire...
Enregistré dans le local de répétition d’Anthropophagous,
Death Fugue est animé dès les premières secondes (enfin passé ce sample servant d’introduction) par un très fort sentiment d’urgence et une intensité aujourd’hui décuplée. Une chose que l’on doit en partie à cette production ultra abrasive et crachotante qui tout en conservant un très fort caractère a gagnée en dynamisme là où celle de
Spoiled Marrow se faisait à l’époque plus dense et opaque. Surtout, on se rend compte assez rapidement que sans forcément changer leur fusil d’épaule, les Américains on quelque peu musclé leur propos. Si l’on retrouve tout ce qui faisait déjà le sel de cette première démo (ces attaques sauvages mêlées à ce groove redoutable), c’est bien le dosage qui a été revu ici avec en supplément l’apport d’influences Death/Thrash pour le moins dynamisantes.
Là encore, les noms de Verminous, Necrovation ou Repugnant résonnent avec évidence à l’écoute de
Death Fugue dont l’intensité et le riffing extrêmement tendu rappellent en effet ces quelques leçons de Death Metal dispensées par les Suédois en leur temps (avec cependant un côté plus Thrash). Ce que propose les deux américains sur ce premier album n’a donc évidemment rien de très original mais derrière cette impression de déjà-vue et cette simplicité flagrante se cache heureusement un sens de l’efficacité particulièrement aiguisé qui ne devrait pas avoir de mal à convaincre les amateurs éclairés des quelques groupes sus-cités. Difficile ainsi de résister à l’envie de se taper la tête contre les murs lors de ces accélérations thrashisantes dispensées tout au long de l’album comme c’est le cas sur "True Heresy" à 0:58, "Lead Casket" à 0:12, "On Black Wing And Foul Wind" à 1:24, "Pile Them Up" à 2:24 ou sur l’entame frénétique de l’excellent "Ransackers Of The Temple" ou de ne pas succomber aux charmes de ces nombreuses séquences bien plus sauvages et musclées que le duo va mener à coups de blasts punitifs comme sur "True Heresy" à 1:09, "Death Fugue" à 1:53, les premières secondes de "Pile Them Up", "Ransackers Of The Temple" à 1:26 ou "I Wield The Flame Of Chaos" à 1:25. Non, Anthropophagous n’est pas là pour amuser la galerie et ces trente-trois minutes particulièrement sportives sont là pour en attester.
Pour autant, vous vous en doutez,
Death Fugue n’est pas dépourvu de relief grâce à tout un tas de passages moins soutenus qui vont notamment permettre aux Américains d’amener une pointe de groove particulièrement savoureuse à leur Death Metal de fous furieux. Aussi, des moments brise-nuques, Anthropophagous va en distribuer avec générosité comme sur "True Heresy" à 2:13, "Lead Casket" à 1:28 et 2:15, le premier tiers de "Death Fugue", "Escaphism" à 3:21, "Pile Them Up" à 0:43 et 2:48, "Ransackers Of The Temple" à 2:07 ou "I Wield The Flame Of Chaos" à 2:57. Dans un autre registre, évoquons également ces quelques touches mélodiques un poil plus subtiles et sporadiques qui participent elles aussi à apporter évidemment un peu de relief dans ce Death Metal bas du front mené le couteau entre les dents ("True Heresy" à 2:50, "Death Fugue" 3:36, "Pile Them Up" à 3:20, "I Wield The Flame Of Chaos" à 0:53).
Après des débuts prometteurs mais peut-être un poil trop timorés (outre ce format court pas toujours idéal pour se faire une idée d’un groupe, on avait un petit peu le sentiment que le groupe avait le cul entre deux chaises), Anthropophagous vient ici mettre les pendules à l’heure et montrer qu’il compte désormais parmi les clients les plus sérieux dans le genre. Bien sûr, tout ça manque cruellement d’originalité mais comme souvent ce n’est pas ce que l’on attend de ce genre de Death Metal primitif et bas du front taillé pour dérouiller quiconque posera ses oreilles dessus. À ce titre, on l’a vu, les Américains se défendent haut la main et s’imposent avec fracas comme l’une des bonnes surprises de 2021 en matière de Death Metal sauvage et rétrograde. Car même si
Death Fugue ne fera pas date dans l’histoire, celui-ci rempli parfaitement son office et donne surtout terriblement envie d’y revenir !
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