L’étape du second album est très souvent bien difficile pour un groupe de jeunes musiciens. Donner suite à une unique œuvre peut vite devenir un chemin de croix, écartelé entre l’hésitation à évoluer, se mettre en danger, et la tentation rassurante d’appliquer le même schéma qu’à la première sortie, au risque de stagner et décevoir. Sachant cela, on imagine aisément à quel point la situation des quatre Suédois d’Anata pouvait être délicate lors qu’il a fallu donner un successeur au prodigieux
The Infernal Depths of Hatred. Véritable chef d’œuvre de metal extrême, mélodique et personnel, ce premier essai semblait déjà représenter une certaine forme d’aboutissement. Le choix d’un groupe intelligent s’imposait alors de lui-même : la solution était clairement de ne pas naïvement se répéter en espérant surpasser l’insurpassable.
Anata aborde alors un tournant non négligeable. En réponse au style aérien et flamboyant de son prédécesseur,
Dreams of Death and Dismay montre une face beaucoup plus sombre et dure, une déclinaison bien plus agressive et frontale. Ajoutez à ceci un son plus lourd et compact, et vous comprendrez qu’une influence death metal US plus présente est le principal facteur de changement sur ce disque. Malheureusement, le groupe perd sur la majeure partie de l’album ce qui faisait le charme de son coup d’essai/de maitre, c’est-à-dire la noblesse mélodique indéniable de ses compositions, loin d’être compensée par cette hausse de violence. Pourtant le départ laisse présager du meilleur avec le très intense « Die Laughing » et ses leads cosmiques. Et encore plus sur le magistral « Faith, Hope, Self-Deception ». C’est bien simple, ce morceau fait partie de ceux qui ont tout pour eux : introduction classieuse, riffs rouleaux compresseurs, soli gorgés de feeling et harmonies élégantes au possible. Le meilleur moment d’un disque qui ne trouvera pas d’équivalent jusqu’à la fin (ou presque). En effet, les Suédois ne présenteront plus que des titres assez brutaux difficiles à distinguer les uns des autres tant le tout est homogène, que ça soit sur le fond comme sur la qualité, qui est maintenue à un très bon niveau, il faut bien le reconnaître. On ne déplore pas vraiment de chanson faible, mais plutôt une certaine linéarité dont le groupe peine à sortir. Alors oui, « Metamorphosis by the Well Truth » redonne vite de l’accroche en alignant passages supersoniques et plus groovy, mais c’est bien maigre.
On sent qu’Anata se cherche un petit peu sur ce Dreams of Death and Dismay, notamment sur des morceaux assez inédits dans la discographie des Suédois, comme le très direct « Dreamon » et ses petites deux minutes trente au compteur, ou encore l’insaisissable « The Enigma of Number Three » à la structure plus progressive. Cependant c’est le final « The Temple/Erratic » qui s’impose comme une totale réussite. Anata s’initie aux titres ambitieux avec un succès éclatant (que l’on retrouvera sur les prochains albums de la formation), tant ces huit minutes parsemées de leads aventureux sont passionnantes et inspirées. Le riff d’outro appuyé viendra conclure le tout sur une note mémorable.
Au moment de tirer des conclusions sur ce
Dreams of Death and Dismay, on pourrait être franchement déçu par un album en deçà des espérances que pouvait susciter
The Infernal Depths of Hatred. Mais les qualités initiales d’Anata sont toujours présentes : la mise en place des musiciens reste spectaculaire, les vocaux rauques de Fredrik Schalïn (qui signe encore une fois à lui seul la quasi-totalité des titres) sont impeccables et gagnent en profondeur, sans compter les blast-beats massifs d’un Petersson bien mis en avant par la production. On regrettera juste une basse bien timide que l’on entendra vraiment que sur la fin du disque. Les Suédois ont toujours dans leur formule ce death metal de rêve, à la fois mélodique, technique et brutal (qu’ils arrivent à réaliser à certaines occasions sur cette deuxième sortie), et sortent d’un passage artistiquement pas évident avec un disque qui, à défaut d’être brillant, parvient à convaincre globalement.
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