Asphyx - Necroceros
Chronique
Asphyx Necroceros
Asphyx appartient à cette race de groupes pour lesquels j’ai le plus grand respect. Carrière impeccable, albums souvent proches de l’excellence et tenue live irréprochable. Pas de mensonge, pas de tricherie, de la brute et du bon. Comme tu le sais déjà si tu me lis un peu, je pleure à intervalles réguliers le décès du death metal que j’ai aimé, il y a longtemps, très longtemps, me remémorant combien les temps anciens furent bénis, avant que l’Homme n’invente le papier carbone, la photocopieuse et le copié-collé. Or, précisément, Asphyx dresse un pont entre ces temps ancestraux, lui qui existe depuis 1988, autant dire l’avènement du death, et qui poursuit donc une carrière absolument remarquable parsemée de chefs d’œuvres (The Rack, Last One on Earth, On the Wings of Inferno, Deathhammer…), d’albums un cran en dessous mais demeurant large au dessus de la masse (God Cries, Asphyx) et d’un panel de passages live à faire rougir un groupe de grind.
Necroceros est donc le petit dernier, sorti tout juste en début d’année. Et comme à l’accoutumée, le death d’Asphyx est largement agrémenté d’un doom gras qui lui donne toute sa richesse. Necroceros est, de nouveau, un sacré album où, dès l’ouverture, dès le frontal The Sole Cure is Death, tu comprends que les Maîtres ne vont pas lâcher le trône de sitôt, surtout que, pour une fois, la diversité me semble être davantage de la partie.
Ce premier titre est une pure décharge d’énergie brutale. Le son, gras et lourd, scotche littéralement au mur, alternant les passages blastés aux ralentissements typiques du combo batave, sans oublier le pont central ultra lourd, quasi doom trad’. Une entrée en matière parfaitement choisie, sans temps mort, sans répit, qui amène précisément Molten Black Earth et Mount Skull, plus traditionnels, mais tout aussi destructeurs et surtout, qui montrent une légère inflexion dans la musique des hollandais. Presque épiques, avec des riffs plus nettement portés sur l’emphase guerrière, l’influence Bolt Thrower fortement mise en avant, ces deux morceaux offrent un visage plus atypique d’Asphyx, que l’on connaissait sur les albums les plus anciens, moins sur les plus récents brûlots.
Cette transition est là encore bien pensée puisque dès Knights Templar Stand, des atours plus groovy, plus rock n’ roll se détachent clairement de la structure. Placé au cœur de l’album, ce titre plus « doux » permet de basculer vers une troisième influence, celle des grands noms du doom trad’, Paradise Lost par exemple, du temps de Gothic et de Lost Paradise, où les riffs se font plus nocturnes, plus nettement sombres et « bruineux ». Three Years of Famine, Botox Implosion ou encore In Blazing Oceans reposent ainsi, à des intensités différentes, sur ces longs riffs étirés, invoquant la pluie et le brouillard. Si la brutalité n’est pas mise à l’écart, notamment sur Botox Implosion où le thrash se mêle au death brutal dans les accélérations les plus virulentes, ce sont bien davantage ces ambiances nocturnes qui prennent le dessus.
Si la fin de l’album est plus convenue (The Nameless Elite et Yield or Die me semblent de trop), le final avec le titre éponyme permet de clore parfaitement ce nouvel effort, tout en ambiances sombres et menaçantes, dopé par une intro progressive, rappelant un peu la montée en puissance de The Rack ou le Final Thoughts d’Obituary. Extrêmement pesant, ce Necroceros évoque la marche de l’animal du même nom, mais une marche qui, de nouveau, prend des chemins parfois inattendus, parsemés de lead plus lumineux, de groove et de changements de rythmes pertinents.
Necroceros rompt, à mon sens, avec les derniers efforts plus directs du combo. Il en sort grandi car Asphyx accouche là d’un album bien plus diversifié qu’il n’y paraît à la première écoute, bourré d’influences qui vont de Bolt Thrower au doom trad’ en passant par le doom death anglais et le thrash. Un très bel effort.
| Raziel 10 Avril 2021 - 2110 lectures |
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