Chronique
Asphyx Incoming Death
Selon ma formule consacrée, je ne vais pas te faire l’insulte de te présenter Asphyx. Vu maintes et maintes fois en concert (et jamais déçu), adoré sur album, tu ne vas pourtant pas échapper à ma litanie de vieux con. Asphyx est le death metal. Comme bien peu peuvent s’en targuer. Asphyx n’a jamais commis de faute. Comme bien peu peuvent s’en targuer. Et, à la différence de tous ces groupes copié-collé, soit 95% de la scène à mon sens depuis 1990, Asphyx sait composer des albums intéressants, puissants, qui ne ressemblent à personne d’autre. Car la gangrène du death, tu l’auras compris – et c’est ce qui me l’a fait lâcher depuis plus d’une décennie – c’est la photocopieuse ou l’imprimante 3D à idée, qui permet de dupliquer à l’infini ce qui a déjà été fait et refait 1000 fois. Asphyx n’est pas de ceux-là et Incoming Death va te le prouver à nouveau.
On peut avoir pondu des chefs d’œuvre incontournables (The Rack et Last One on Earth), être revenu d’entre les morts (Death… the brutal way, Deathhammer) ou avoir simplement enquillé les albums de bon niveau en léger pilote automatique (God cries, Embrace the death et On the wings of Inferno), et être toujours aussi efficace et surprenant presque 30 ans après. Car Incoming death est une perle, d’une diversité qui pourrait vous surprendre.
Tu trouvais Deathhammer trop mou ? Candiru attaque pied au plancher pour une mandale de 2’40 qui troue la chair. Incoming Death en fera de même quelques minutes plus tard. Le mélange presque parfait de gros death et de pointes de thrash fonctionne à merveille (It Came from the Sky encore où les accélérations à la Slayer se font sentir).
Tu trouvais Asphyx lourd ? Incoming death est écrasant. Le son est surpuissant – tout en restant totalement organique, d’une épaisseur presque étrange. En un mot, il est palpable. Il suinte le gras, le goudron, le plomb en fusion, enrobant les titres de plusieurs couches opaques quasi impénétrables (The feeder, Wardroid, Wildland Fire parmi d’autres…). Un régal.
Le mid-tempo d’Asphyx est efficace ? Son intérêt est multiplié au contact de ce son râpeux, chaud comme un pyjama en pilou-pilou où le sentiment de pilonnage en règle attrape de suite l’auditeur (Division Bradenburg). La structure n’est pas sans rappeler les vieux Bolt Thrower, ce mid-tempo guerrier magnifique bien mis en avant. Point de cassure ici mais de la reptation vicieuse, de l’avancée gueule dans la boue, dans l’ombre. Car la force de cet album – comme de certains autres d’ailleurs (Deathhammer en tête, Last one… aussi), c’est de parvenir à rester extrêmement brutal en mêlant pourtant à ses structures death une louche plus que conséquente de gros doom. Car à bien y regarder, Asphyx est de plus en plus un groupe de doom death. Moins lent que Winter certes, mais obsédé par le ralentissement ultra gras, par les tonalités souterraines et des sons de grattes à faire bouger les plaques tectoniques (Wardroid, The Feeder, Forerunners of the Apocalypse).
La mélodie n’est pas évacuée de ce bloc de granit. La dimension épique de certains morceaux non plus. The Grand Denial, pièce centrale de plus de 7 minutes, rampe à son tour, gratte tronçonneuse aux sons profonds et basse rondouillarde en berne, jolis soli parsemant le titre (Subterra Incognita aussi, dans une moindre mesure avec son final au piano ou encore Death: the Only Immortal). Placé ainsi au centre de l’album, ce morceau n’en brise pas la dynamique mais permet simplement de montrer une autre facette du groupe – sombre – et offre ainsi, à mi-parcours, une respiration bienvenue qui permet de basculer confortablement dans la seconde partie de l’album (le final à la guitare sèche est superbe). La transition est brutale car Incoming Death, le titre éponyme, qui suit est une claque thrashy, quasi punk qui tranche considérablement avec The Grand Denial, mode Serenade in Lead des temps anciens.
Si tu ajoutes à toutes ces qualités, un artwork certes classique mais qui ne t’induira pas en erreur sur la marchandise, tu auras dans les mains, une fois ton achat fait (je te félicite pour ton courage de ne pas télécharger), un produit haut de gamme comme le groupe en produit depuis 30 ans désormais, diversifié et sans faute de goût. La grande classe.
| Raziel 22 Octobre 2016 - 2891 lectures |
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