Nous avions quitté Mortiferum à la suite d’une première démo autoproduite rééditée quelques mois plus tard par une tripotée de labels ayant toujours eu le nez creux lorsqu’il s’agit de dégoter des formations dignes d’intérêt (Blood Harvest Records, Extremely Rotten Productions, Graceless Recordings et Profound Lore Records). Un coup de projecteur qui avait permis de mettre le groupe américain sur les radars de tous ceux qui suivent de près les sorties de qualités de ces structures dont la réputation n’est plus à faire.
Après un léger remaniement de line-up ayant vu le départ de son premier bassiste parti former Excarnated Entity (celui-ci ayant été remplacé dans la foulée par Tony Wolfe de Caustic Wound), Mortiferum s’est naturellement remis au travail, accouchant ainsi il y a quelques semaines de son premier album intitulé
Disgorged From Psychotic Depths. Sorti chez Profound Lore Records, ce dernier arbore un artwork particulièrement réussi signé des mains du guitariste Chase Slaker alors que les plus fins limiers auront surement remarqué la présence d’un nouveau logo que l’on doit au jeune Yuri Kahan (ex-Funebrarum ayant déjà collaboré avec Cerebral Rot, Chthe'ilist, Extraneous, Tomb Mold, Witch Vomit et quelques autres).
Première bonne nouvelle, le groupe a eu la bonne idée de ne reprendre aucun titre de
Altar Of Decay. Ceux d’entre vous qui connaissent déjà Mortiferum pourront ainsi se repaître de ces six nouvelles compositions - dont un court interlude de moins d’une minute ("Interlude (Anamnesis)") - sans avoir à se dire :
"Ah mais j’ai déjà entendu ce morceau !". Deuxième bonne nouvelle, la production conserve son authenticité tout en prenant au passage un sérieux coup de fouet. Signée Evan Mersky habitué à travailler pour le collectif Vrasubatlat (Triumvir Foul, Adzalaan, Uškumgallu, Serum Dreg...), elle suggère que les Américains ont franchi un cap en la matière. Aidé une fois de plus par le mastering impeccable de Dan Lowndes (Cruciamentum), le son sur ce
Disgorged From Psychotic Depths, aussi écrasant que limpide, dégage une espèce de force brute absolument implacable. Enfin, comme deux bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, il n’est pas trop tôt pour dire que ce premier album dépasse finalement toutes les attentes que je pouvais avoir à son égard et que mon impatience évoquée en conclusion de la chronique d’
Altar Of Decay a été récompensée comme il se doit.
Loin d’avoir changé son fusil d’épaule, Mortiferum opère toujours dans le registre d’un Death/Doom putride évoquant autant Disma que Krypts ou Spectral Voice. Une formule parfaitement rôdée qui à défaut d’originalité à pour elle un riffing aux petits oignons et un sens de la composition tout ce qu’il y a de plus redoutable et efficace. Certes, la musique de Mortiferum ne brille ni par son niveau technique ni par une quelconque débauche de riffs et de blasts mais à l’inverse les atmosphères dispensées par le groupe américain possèdent cette faculté d’embarquer l’auditeur dans les méandres les plus sombres et tordus évoqués par ce Death/Doom lugubre et sournois. Aussi, l’une des principales spécificités de ce dernier est, à l’instar des trois groupes cités ci-dessus, sa capacité à rompre avec cette espèce de monotonie engendrée par ces riffs plombés et ce growl profond et trainant. Pour y parvenir, Mortiferum va tout simplement faire le choix de séquences plus soutenues (et parfois inattendues) menées essentiellement à coup de blasts (mais pas que) et de riffs nettement plus incisifs qui, naturellement, vont venir sérieusement dynamiser l’ensemble ("Archaic Vision Of Despair" à 5:52, la première minute d'"Inhuman Effigy", "Putrid Ascension" à 1:20 et 2:48, "Funereal Hallucinations" à 1:20 puis à partir de 6:31, "Faceless Apparition" à 5:35 pour une dernière salve chaotique avant de rendre les armes). Dispensés également avec parcimonie, on appréciera grandement ces quelques leads et autres solos apportant ainsi une dimension plus mélodique tout en renforçant encore un peu plus le côté sinistre de l’ensemble (la conclusion particulièrement réussie d'"Archaic Vision Of Despair", "Inhuman Effigy" à 1:26 et 2:07, "Putrid Ascension" à 2:38 et 5:50, "Funereal Hallucinations" à 4:18, "Faceless Apparition" à 0:43). Entre ces quelques titres, on trouve également le très bon "Interlude (Anamnesis)", petit aparté acoustique de qualité permettant d’aérer brièvement l’ensemble avant un dernier titre pesant, toujours aussi vicié.
Toujours aussi classique dans le fond comme dans la forme, le Death/Doom de Mortiferum se distingue néanmoins une fois de plus par cette aptitude à souffler le chaud et le froid à coup de séquences plombées dont le développement ne fait presque aucun mystère et de passages à l’inverse nettement plus soutenus ayant parfois tendance à débarquer de manière plus ou moins inopinée. Alors effectivement,
Disgorged From Psychotic Depths ne fait que marcher dans les pas de cette première démo déjà particulièrement convaincante mais comment ne pas se montrer enthousiaste face à album aux riffs aussi prenants, aux atmosphères aussi soignées et à la production aussi impeccable ? Non, décidément, il faudrait être un fieffé grincheux pour ne pas se régaler à l’écoute de ces trente-sept minutes parfaitement exécutées.
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