Fuoco Fatuo - The Viper Slithers In The Ashes Of What Remains
Chronique
Fuoco Fatuo The Viper Slithers In The Ashes Of What Remains
Outre l’un des meilleurs jeux de mots de mon week-end à Copenhague lors de la dernière édition du Kill-Town Death Fest, (Jean-Pierre) Fuoco Fatuo fût aussi l’une des bonnes surprises du « Gloomy Sunday », dernière journée du festival dédiée au Doom et à ses dérivés (Death / Doom, Funeral Doom...).
Fuoco Fatuo est donc un groupe italien formé à Varèse en 2011 par des membres, devenus depuis pour la plupart ex-membres, de Funest, Into Darkness et Rogo. Ensemble, le trio n’a pas chômé puisqu’il a sorti dans la même année (2012), deux EP intitulés Fuoco Fatuo et 33 Colpi Di Schizofrenia Astrale Nell'Abisso Nero ainsi qu’un split en compagnie de Black Temple Below. Le groupe décidait alors de lever le pied en sortant l’année suivante une simple compilation regroupant, sur une seule et même cassette, l’intégralité des deux EP susmentionnés. Se faisant, Fuoco Fatuo se laissait ainsi l’opportunité de composer les titres devant figurer sur son premier album. Un premier album disponible depuis février dernier sur le label italien Iron Tyrant.
Premier constat extrêmement positif, le soin apporté à l’artwork. S’il y avait sur Thrashocore un classement des plus belles pochettes de l’année, nul doute que celle de The Viper Slithers In The Ashes Of What Remains figurerait dans ma liste personnelle. Produit 100% italien, l’artwork est l’œuvre d’un certain Raoul Mazzero exerçant sous le nom de View From The Coffin (Bastard Sapling, Deathrite, Kröwnn...). Rien de bien nouveau, un crâne fendu, un serpent, un logo bien Metal, du noir et du blanc et hop, le tour est joué, le chaland appâté, les euros dépensés, l’appartement encore un peu plus encombré…
Une présentation visuelle plutôt fidèle de ce que l’on peut retrouver sur disque : un Funeral Doom massif et particulièrement oppressant ponctué par quelques accélérations salvatrices ("Junipers Of Black Iridescence" à 1:52 puis 4:16, "Inner Isolation In A Sea Of Mist" à 0:33 ainsi que les 6/7 dernière minutes plutôt bordéliques de "Requiem For Nulun") venues apporter un soupçon de fraîcheur à ce bloc de grisaille funeste. Au jeu des comparaisons, on retrouve dans The Viper Slithers In The Ashes Of What Remains un fort côté Evoken qui n’est évidemment pas pour me déplaire. De ce growl profond et sinistre à ces accords de guitares lancinants plaqués avec puissance et détermination en passant par les ponctuations rythmiques d’une batterie tout en retenue, voire presque aérienne, le parallèle est très vite tracé avec le grand maître américain. Toutefois, il manque à Fuoco Fatuo ce voile mélodique funèbre qui fait ici toute la différence avec Evoken. C’est d’ailleurs à mon sens le défaut majeur de cet album à qui il manque ces leads mortifères et/ou ces nappes de cordes (quelques soient synthétiques ou naturelles) brumeuses et inquiétantes conférant aux albums d’Evoken une atmosphère toute particulière en plus d’une force mélodique évidente. De fait, la musique de Fuoco Fatuo ne s’aborde pas tout à fait de la même manière, cette absence de variations et de mélodies n’aidant pas à pénétrer l’univers compact des Italiens et le rendant parois même trop répétitif. D’autant que lorsque le groupe tente l’une de ses seules approches mélodiques, il se prend les pieds dans le tapis, accouchant d’une séquence beaucoup trop facile et terriblement nian-nian ("Junipers Of Black Iridescence" à 5:07).
Mais malgré ces quelques défauts pointés de ce doigt accusateur, on peut reconnaître à Fuoco Fatuo une certaine maitrise du genre, même si le chemin est encore long pour espérer se frotter aux quelques seigneurs régnant sans partage sur le genre. Car en effet, The Viper Slithers In The Ashes Of What Remains n’en est pas moins un album fort d’un point de vue émotionnel. Comme souvent, la musique de Fuoco Fatuo prend l’apparence d’une longue et sinistre procession funéraire, avançant le pas trainant, les visages émaciés et dénués de toute expression. Une atmosphère où la Mort règne en maître absolu, débarrassée de toutes les futilités émotionnelles du quotidien. La Mort toujours aussi prompt à trouver son chemin, s’échappe également des entrailles d’un Milo Angeloni dont le râle caverneux et morbide semble mener cette procession à sa propre perte. A moins qu’ils ne s’agissent de ces riffs aliénants capable de rendre n’importe qui complètement schizophrène après quelques écoutes répétées. Difficile en effet de ne pas se laisser rattraper par des sentiments contradictoires à l’écoute d’un tel album, partagé que nous sommes entre l’envie que les choses s’accélèrent et la sensation pourtant étrange de se laisser attirer par le fond sans fin que représente cette bande son. Frustrant.
La Toussaint est déjà loin et les réjouissances de Noël approchent à grand pas. Pourtant, c’est bien dans vos poches que vous laisserez vos sourires à l’écoute de The Viper Slithers In The Ashes Of What Remains, abandonnant peut-être même l’idée de pouvoir le récupérer un jour. Mais si Fuoco Fatuo semble être sur le bon chemin du Funeral Doom, les choses sont loin d’être tout à fait acquises. Il manque au groupe deux petites choses essentielles pour espérer marquer et convaincre l’auditeur : plus de riffs marquants et aussi plus de relief, notamment à travers davantage de mélodies ou de passages plus rapides. Les choses étant dites, je vous laisse seul juge mais ce premier album possède assurément de quoi séduire.
| AxGxB 1 Décembre 2014 - 598 lectures |
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