Si vous n'avez jamais écouté l'album
Mental Funeral d'Autopsy, un conseil : écoutez-le. Tout de suite. C'est comme jouer à Duke Nukem 3D en Oculus Rift, avec sprites dégueulasses, strip-teaseuses aux pixels qui dégoulinent et fascination pour les porcs à forme monstrueuse, type Lovecraft raconté par les productions Troma. C'est vachement bien. La vie est trop courte et moche pour se passer d'un disque comme celui-là.
Et une fois que vous avez tourné et retourné ce disque jusqu'à rêver le soir de tabasser des punks à crête fluorescente (et tête de cochon, c'est important), vous pouvez vous lancer dans l'écoute de cet album d'Anatomia, qui est aussi vachement bien... pour un amateur d'Autopsy, période
Mental Funeral. Tout y est, des accélérations death metal avec un feeling punk aux décélérations doom donnant envie de botter des mutants, armé de boots en ciment aux pieds. La formation menée par Takashi Tanaka a bien compris ce qui faisait le sel de l'album-phare de la bande à Chris Reifert, au point d'avoir rapidement eu un petit succès au sein de la scène doom/death de l'époque, alors moins mise en lumière qu'actuellement et ayant du mal à se remettre de la perte d'un de ses meilleurs représentants – Autopsy, auteur de
Mental Funeral (qui est vachement bien). Aujourd'hui, après le retour d'anciennes gloires et l'arrivée de nouvelles, tout le monde ou presque paraît avoir oublier le groupe japonais, respectueux d'un cahier des charges peu handicapant quand il s'agit de death (où l'originalité n'est qu'optionnelle). Il y a clairement de quoi contenter le fanatique sur
Dissected Humanity, de la voix putride aux guitares possédant des accents necro particulièrement jouissifs lorsque le ton s'élève (« Suicides » ou « Tortured Bleeding End » par exemple).
Une œuvre s'inscrivant dans une certaine tradition et à réserver uniquement aux suiveurs de celle-ci, donc ? Sans doute, à ceci près qu'Anatomia est japonais et cela se sent sur
Dissected Humanity. Certes, celui qui reprochera à ce premier longue-durée d'être trop fervent dans son admiration pour les Ricains n'aura pas tort (démarche assumée jusqu'à cette reprise de « Stillborn ») mais, en faisant l'effort de gratter la croûte, un début de cette personnalité qui explosera sur le petit frère de 2012
Decaying in Obscurity est déjà palpable dans cette langueur excessive, ce terne presque spectral décelable dans certains cris et lignes de guitares, donnant envie de faire des ponts entre cet essai et un groupe comme Evoken, voire, si l'on excuse l'anachronisme,
Hear Me, O' Death d'Encoffination (les arpèges cristallins de « Morgue of Cannibalism » ou encore le passage atmosphérique situé à mi-parcours sur « Deceased »). Anatomia, en bon admirateur trop conscient pour chercher à faire mieux que le maître lui-même, ne fait pas du Autopsy pur jus mais une version à la fois plus sensuelle et morose de celui-ci, remplaçant les drogues et ruelles sordides par une ambiance de festin cannibale vécu au grand air, où le sexe et l'appétit de chair humaine prennent leurs analogies au pied de la lettre.
Des choses encore en gestation ici mais qui laissent déjà penser que les Japonais se situent au-delà de ce rip-off dans lesquels on aime parfois les placer. Si Anatomia se perd parfois dans des longueurs disproportionnées lors de ces quarante-cinq minutes ("Only Consumed by Dead" entre autres), le plus gros défaut de ces dernières est clairement de mal subir une comparaison avec le plus personnel
Decaying in Obscurity.
Dissected Humanity n'en reste pas moins un album à posséder car si pomper Autopsy d'une si belle manière est déjà satisfaisant, en offrir une relecture discrète est un plaisir morbide qui ne se refuse pas.
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