Puisque depuis quelques semaines j'ai trouvé goût à la musique des finlandais d'Hooded Menace, pourquoi ne pas revenir sur une partie de leur discographie (non, je ne pense pas avoir le courage ni le temps de faire une chronique pour chacun des splits que le groupe à sorti - cinq au total depuis 2010)? Ainsi, revenons sur l'album qui m'a fait basculer du bon côté de la barrière.
Intitulé
Never Cross The Dead, ce deuxième album voit le jour en 2010 sur le label américain Profound Lore. Celui-ci fait suite à un premier album intitulé
Fulfill The Curse passé plutôt inaperçu lors de sa sortie deux ans auparavant mais rapidement plébiscité par un public d'amateurs avertis (surtout depuis les repressages effectués par Doomentia). La superbe pochette est le travail d'un certain Matthew Carr, aka Putrid, déjà responsable de l'essentiel de l'identité visuelle d'Hooded Menace en plus de quelques collaborations avec des groupes comme Acid Witch, Cardiac Arrest, Crypticus, Graveyard, Vacant Coffin...
Aussi, le groupe de Joensuu n'a pas attendu son troisième album (
Effigies Of Evil) récemment sorti sur Relapse pour peaufiner sa recette.
Never Cross The Dead montre un groupe déjà parfaitement rôdé et surtout très à l'aise avec son mélange de Doom traditionnel et de Death Metal horrifique. De fait, apprécier cet album revient peu ou prou à apprécier tout le reste de la discographie des finlandais qui qualitativement se montre d'une régularité sans faille. Difficile dans ces conditions ne pas sombrer dans la redite et la paraphrase...
Quoi qu'il en soit,
Never Cross The Dead est un album plutôt facile à appréhender, la musique d'Hooded Menace faisant référence à des codes bien connus des amateurs du genre. Ainsi, comme évoqué lors de la chronique d'
Effigies Of Evil, l'originalité d'Hooded Menace est de conserver dans son Doom ces forts accents Heavy qui confèrent à la musique des finlandais une atmosphère à la fois triste et épique, soit l'essence même du Doom. Car si les riffs et la rythmique se font d'une lourdeur indécente, posant ainsi une énorme chape de plomb au dessus de notre tête, l'atmosphère n'en devient pas ridiculement étouffante pour autant. Il faut dire que la présence de ces nombreux leads tout au long de
Never Cross The Dead y est pour beaucoup. Ces derniers apportent évidement un vent de mélodies à l'ensemble, créant au passage des ambiances tantôt épiques tantôt horrifiques voir les deux à la fois. Malgré une moyenne de six minutes par titres, l'album s'enfile comme une lettre à la poste, sans flottement, toujours avec la même énergie et la même puissance. Une homogénéité parfaite faisant de
Never Cross The Dead un album plus abouti que son prédécesseur. D'autant que la cohabitation avec les influences Death Metal du groupe se fait une fois encore sans aucune anicroche. Le chant de Lasse Pyykkö est d'une telle profondeur qu'on en a presque le vertige. Un chant ultra caverneux, aussi lourd et plombé que le reste de la section rythmique et qui n'a de cesse d'écraser l'auditeur, encore et encore et encore... Mais comme pour
Effigies Of Evil, cette lourdeur est souvent contrebalancée par des passages plus "rapides" dotés d'un certain groove. Une façon de donner du rythme à l'ensemble et de conserver l'attention de l'auditeur pendant toute la durée de l'album.
Les ambiances constituent également une partie importe de la musique d'Hooded Menace. L'artwork du groupe est d'ailleurs plutôt clair à ce sujet mais ce n'est pas le seul élément à prendre en compte dans la construction de ces atmosphères moisies et putrides. Les paroles, confiées une fois de plus à plusieurs éléments extérieurs, renvoient inévitablement à tous ces films d'horreur de série Z édités par la Hammer dont un hommage évident est même présent sur ce disque avec le titre "The House Of Hammer". Mais ce n'est pas le seul clin d'oeil cinématographique puisque le titre instrumental "Theme From Return Of The Evil Dead" renvoie, lui-aussi, à une autre institution du genre. On retrouve également plusieurs samples tirés de ces fameuses productions afin d'illustrer encore davantage le propos d'Hooded Menace. Ainsi, à cette liste de collaborateurs figurent quelques noms connus comme Wayne Sarantopoulos aka Elektrokutioner (batteur au sein de Father Befouled, Decrepitaph, Encoffination...) et Billy Nocera (patron du label Razorback) venus apporter leurs visions macabres d'un univers peuplé de zombies putrescents et autres joyeusetés sanguinolentes de ce genre.
Bien qu'identique à
Effigies Of Evil, je trouve que
Never Cross The Dead est tout de même un poil plus intéressant dans son ensemble. Principalement parce que les riffs de cet album m'accrochent tout de suite un petit plus l'oreille, à commencer par ce premier titre éponyme envoûtant. Rien de rédhibitoire puisqu'au final ces deux albums sont vraiment au coude à coude mais ma préférence n'en est pas moins affirmée. Quoi qu'il en soit, cet album possède tous les atouts pour séduire les amateurs de vieilleries aussi bien étiquetées Death Metal que Doom. Si vous avez fait l'impasse cette année sur le dernier album des finlandais et n'avez toujours pas exploré ces contrées épiques et horrifiques que nous propose Hooded Menace, alors n'hésitez pas à plonger dans cet excellent deuxième album qui, je vous le jure, n'a que des qualités.
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