Il y a trois ans, j’entamais ma chronique d’
Ossuarium Silhouettes Unhallowed en évoquant la régularité impressionnante avec laquelle le groupe finlandais aimait à se rappeler à nos bons souvenirs. Trois ans et neuf mois plus tard, me voilà aujourd’hui de retour pour aborder avec vous le cas de
The Tritonus Bell, sixième album d’Hooded Menace paru en août dernier sur Season Of Mist.
Entamée à la sortie de son prédécesseur sus-mentionné, cette collaboration avec le label français semble pour le moment placée sous de bons hospices. En effet, outre les louanges qui lui furent adressées à l’époque, il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil au line-up pour se rendre compte que Lasse Pyykkö semble avoir trouvé enfin un petit peu de stabilité. Eh oui, c’est bien la première fois qu’entre deux albums il n’y a pas de mouvements dans les rangs de la formation originaire de Joensuu. Comme quoi, tout finit par arriver...
Après avoir fait appel à Matthew Carr, David V. D’Andrea, Justin Bartlett et Adam Burke, artistes talentueux aux univers et aux coups de pinceaux pour le moins variés, Hooded Menace est allé chercher un autre grand nom de l’illustration. C’est en effet Wes Benscoter (Autopsy, Cattle Decapitation, Incantation, Mortician, Slayer, Vader…) qui signe ici l’artwork particulièrement engageant de ce nouvel album. Une envie de varier les plaisirs que les Finlandais vont pousser jusqu’au choix du producteur. Ainsi, après Jaime Gomez Arellano (Cathedral, Enthroned, Grave Miasma, Primordial, Sólstafir...) embauché notamment pour la qualité de son travail chez Paradise Lost, c’est aujourd’hui Anders Lars-Erik Allhage aka Andy LaRocque (King Diamond, At The Gates, Lord Belial, Runemagick, Shining...) qui signe la production de
The Tritonous Bell pour un résultat impeccable et bien balancé alliant puissance, clarté et caractère dans un esprit résolument tourné vers le passé.
Si comme moi vous êtes friands du Death / Doom proposé par les Finlandais depuis maintenant plusieurs années, vous savez que les choses n’ont fondamentalement pas beaucoup changé depuis les premières sorties du groupe qui remontent maintenant à plus de dix ans. Néanmoins, vous savez également aussi bien que moi que depuis la parution de
Darkness Drips Forth en 2015, Hooded Menace a sensiblement modifier sa trajectoire afin d’y inclure des nuances mélodiques évoquant beaucoup la scène anglaise du début des années 90, Paradise Lost en tête. Si Jaime Gomez Arellano n’est cette fois-ci pas de la partie,
The Tritonus Bell n’en reste pas moins touché par les mêmes symptômes, notamment à travers un travail mélodique toujours aussi intéressant (en effet celui-ci ne remonte pas à
Darkness Drips Forth) mais qui depuis maintenant deux albums renvoie énormément au groupe d’Halifax. De "Chime Diabolicus" à 3:58 à "Blood Ornaments" à 0:59 en passant par "Those Who Absorb The Night" à 0:15 et cette superbe séquence entamée à 1:04 qui rappelera de bons souvenirs à tous ceux qui ont un jour poncé
Icon ou
Draconian Times, "Corpus Asunder" à 2:12 ou "Scattered Into Dark" à 6:56, les points de comparaisons avec la bande à Nick Holmes ne manquent pas. C’est essentiellement à travers l’utilisation de leads et autres solos particulièrement soignés que les Finlandais entretiennent ce lien de parenté mais également à l’aide de quelques passages moins suffocants et surtout beaucoup plus mélancoliques ("Those Who Absorb The Night" à 1:04 et "Scattered Into Dark" à 6:56).
Outre cet hommage évident à Paradise Lost,
The Tritonus Bell est également marqué par une influence Heavy Metal assez surprenante. Certes, celle-ci n’apparaît qu’en filigrane et ne vient pas changer l’ADN des Finlandais pour autant. Cependant, elle n’en demeure pas moins évidente. Déjà grâce à cette reprise de W.A.S.P. située en fin de parcours (en tout cas pour ceux qui auront mis la main sur la version limitée de l’album). Une reprise particulièrement réussie qui tout en restant fidèle à la version originale des Américains y apporte les éléments caractéristiques des Finlandais. Mais au-delà de cet exercice de style, cette influence Heavy Metal se fait surtout sentir à travers quelques unes des accélérations proposées tout au long de l’album et dont la dynamique évoque effectivement le genre (l’entame sur les chapeaux de roue (pour un groupe de Death / Doom évidemment) de "Chime Diabolicus" ainsi qu’à 3:33, "Blood Ornaments" à 2:27, les premières secondes galopantes de "Corpus Asunder"). C’est également le cas de certains de ces solos et autres leads particulièrement bien sentis (les excellents "Chthonic Exordium" et "Instruments Of Somber Finality" qui servent ici d’introduction et de conclusion, "Chime Diabolicus" à 5:38, "Blood Ornaments" à 3:56, "Corpus Asunder" à 0:41) qui nourrissent à leur manière ce sentiment.
Bien entendu, tout ce qu’il y a autour de ces éléments ne déroge pas à la formule consacrée par Lasse Pyykkö depuis les débuts du groupe en 2007. On retrouve ainsi ce délicieux Death / Doom aux intonations automnales et mélancoliques (grâce, on l’a vu, à ces mélodies façon campagne anglaise dans la brume) mais à l’atmosphère générale toujours aussi morbide et caverneuse. Une ambiance délétère qui s’impose à nous dès le premier regard grâce à cette très chouette illustration mais surtout grâce ces riffs plombés et pesants, à ce growl d’outre-tombe et à ces paroles toujours aussi imagées qui comme à l’accoutumée nous entrainent six pieds sous terre dans un caveau sombre et humide, un lieu poussiéreux et menaçant chargé d’histoires horrifiques à vous glacer le sang, de rituels ancestraux, de maléfices et autre magie noire. Bref, du Hooded Menace exécuté dans le respect d’un cahier des charges dévoilé il y a plus de dix ans maintenant.
Néanmoins vous l’aurez compris, si les Finlandais continuent ici dans cette voie qu’ils ont eux-même tracée, ils y apportent avec beaucoup de talent et de réussite des éléments nouveaux pour tenter de renouveler une formule qui effectivement commençait à sentir le déjà-vu (sans pour autant perdre en qualité, bien au contraire). Toujours profondément ancré dans ce Death / Doom putride et horrifique grâce auquel Hooded Menace s’est fait un nom,
The Tritonus Bell confirme l’inclinaison anglaise opérée d’un point de vue mélodique par les Finlandais depuis maintenant deux/trois albums tout en continuant d’y insuffler un soupçon de fraîcheur grâce dans le cas présent à des influences Heavy Metal relativement flagrantes. Après six albums, Hooded Menace continue ainsi son processus de maturation et le moins que l’on puisse dire c’est que ces évolutions permanentes sans perdre de vue ce qu’il est et d’où il vient lui vont plutôt bien.
The Tritonus Bell est ainsi probablement l’un des meilleurs albums de la formation parus à ce jour.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo