Hooded Menace - Gloom Immemorial

Si ce que l’on a tendance à retenir des Finlandais d’Hooded Menace ce sont naturellement ces trois albums chroniqués ici même, il ne faut pas non plus oublier que le groupe est depuis longtemps passé maître dans l’art du split, proposant ainsi depuis 2010 pas moins de six occurrences dans sa discographie. Loin d’être de simples collaborations entre deux groupes dont l’univers est parfois assez éloigné, Hooded Menace a très vite compris comment faire de ces splits de véritables objets de désirs, notamment pour tous les collectionneurs ainsi que pour cette vermine que l’on nomme plus communément spéculateur...
Anima Morte, Ilsa, Coffins, Asphyx, Horse Latitudes, Loss, autant de groupes avec lesquels Hooded Menace à collaboré le temps d’un titres ou deux. Un exercice couché systématiquement sur vinyle, parfois au format 7", parfois au format 12", avec dans presque tous les cas (à l’exception du split en compagnie de Horse Latitudes) un artwork suffisamment alléchant pour justifier à lui seul un achat. Disponibles en quantités limitées, ces collaborations se sont très vite raréfiées pour le plus grand bonheur des spéculateurs (voir les prix pratiqués sur Discogs). Enfin ça c’était avant la sortie de Gloom Immemorial, compilation providentielle regroupant sur un seul et même CD l’ensemble des collaborations ainsi que les titres de la démo The Eyeless Horde et du EP Labyrinth Of Carrion Breeze sorti l’année dernière. On regrettera néanmoins l’absence des deux reprises figurant sur le EP Necrotic Monuments accompagnant l’édition die hard de l’album Effigies Of Evil.

Proposé par Doomentia Records, Gloom Immemorial se présente sous deux éditions différentes. La première, très classique, en version jewel case. La seconde, dont il est question ici, sous la forme d’une très belle box en carton réunissant de nombreux objets à commencer par l’intégralité des différents artworks présentés individuellement sur de jolies cartes. On y trouve également un grand livret constitué de photos promotionnelles et des paroles de chaque titre, un poster reprenant l’artwork de Gloom Immemorial, un patch brodé ainsi qu’un badge pour orner votre plus belle veste en jeans. Bref, une édition particulièrement consistante qui ne devrait pas vous faire regretter les quatorze euros nécessaires pour en faire l’acquisition.

Pendant plus de soixante-quinze minutes vont ainsi se succéder par ordre chronologique ces onze titres sortis entre 2007 et 2014.

"Fulfill The Curse" / "The Eyeles Horde":
Avant de figurer au tracklisting de son premier album paru en 2008 sur Doomentia Records, ces deux titres constituaient en fait la toute première démo des Finlandais. Sortie en 2007 par le groupe lui-même, celle-ci avait été rééditée l’année suivante par Doomentia et marquait ainsi le début d’une longue et fructueuse collaboration... A priori, si vous êtes amateurs d’Hooded Menace, ces deux morceaux ne vous sont pas inconnus. Hormis la production et quelques arrangements/passages sensiblement différents, il est bien difficile de faire le distinguo entre les deux enregistrements. Quoi qu’il en soit, Hooded Menace était déjà à l’époque celui que l’on connaît aujourd’hui, versant déjà à l’époque dans ce registre bien particulier qu’est celui du Doom/Death horrifique dont il s’est fait depuis cette première sortie l’un des meilleurs (et seuls) représentants.

"A Decay Of Mind And Flesh":
Deux ans après Fulfill The Curse, Hooded Menace revient le temps d’un split en compagnie d’Anima Morte. Sur cette collaboration, chacun des deux groupes va reprendre un titre de l’autre. Les Finlandais portent leur dévolu sur "A Decay Of Mind And Flesh" paru sur l’album Face The Sea Of Darkness. Face à l’originale, que je vous invite d’ailleurs à découvrir ici, la relecture proposée par Hooded Menace lui donne un tout autre visage. Alors que la version d’Anima Morte mêle à ses sonorités 70’s délicieusement désuète un je ne sais quoi d’Ennio Morricone, la reprise d’Hooded Menace accentue encore davantage l’aspect inquiétant de ces sonorités qui rappellent le cinéma d’horreur italien des années 70 et 80. Titre instrumental, "A Decay Of Mind And Flesh" mise ainsi exclusivement sur l’atmosphère développée par les instruments. Une ambiance intensifiée par des phases mélodiques un peu plus marquées ici que sur la version originale. Une belle réinterprétation qui, dans la discographie des Finlandais, trouve naturellement sa place.

"The Haunted Ossuary":
Un mois après la sortie du split avec Anima Morte, Hooded Menace sortait son deuxième album intitulé Never Cross The Dead. Pourtant, cinq mois plus tard, le groupe revenait à la charge avec un split en compagnie des Japonais de Coffins. Un bel objet rapidement épuisé et très vite devenu un bien de convoitise. "The Haunted Ossuary" est en fait un titre tiré des sessions d’enregistrement de Never Cross The Dead. Une chute de studio ? Non, loin de là. La qualité est une fois de plus au rendez-vous grâce au groove irrésistible de ce titre et à des leads démoniaques amenant à 2:59 un break brise-nuque absolument fatal. A partir de là, le reste n’est que bonus.

I, Devil Master":
Disponible jusque là sur la compilation Live Evil Vol. 1 éditée exclusivement pour la première édition de ce festival londonien 100% Fenriz approved, "I, Devil Master" est peut-être l’un des titres le plus « faible » (toute proportion gardée) de ce disque. Au delà du rythme toujours aussi rampant, c’est surtout le manque de relief et de mélodies véritablement marquantes qui semble faire défaut à ce titre sympathique mais un peu en deçà en comparaison des autres morceaux présents sur Gloom Immemorial. Ceci étant, ne boudons pas notre plaisir car au delà du caractère inédit qui accompagne "I, Devil Master", celui-ci se laisse tout de même apprécier, notamment grâce à ce chouette solo à 2:58 et la séquence un peu plus rythmée qui s’en suit.

"Catacombs Of The Graceless":
Tiré du split en compagnie des Américains d’Ilsa, "Catacombs Of The Graceless" est touché par le même mal que le titre précédent. L’aspect aliénant et processionnaire des riffs couplé à l’absence de mélodie n’aide pas forcément à accrocher outre mesure à ce titre efficace de part son atmosphère funéraire et aliénante mais néanmoins un peu trop redondant. Rien de rédhibitoire, surtout qu’il est assez vite éclipsé par l’excellent morceau qui suit.

"Abode Of The Grotesque":
Pièce probablement la plus recherchée sur Discogs, ce split avec Aphyx est assurément l’une des plus belles réussites du groupe finlandais. Au delà de l’objet (un 7" en édition gatefold à l’artwork particulièrement réussi), "Abode Of The Grotesque" est l’un des titres les plus entêtants d’Hooded Menace (titre enregistré en 2009, probablement durant les mêmes sessions que pour Never Cross The Dead). Rien que l’introduction en fade-in sur ce lead mélodique suffit à me coller des frissons. La suite ne faiblit pas, alternant ainsi séquences rampantes et passages plus épiques grâce à l’appui de ce fameux lead qui, pour mon plus grand plaisir, vient ici se répéter à deux reprises (en plus de l’introduction).

"Instruments Of Eternal Damnation":
Comme évoqué dans mon introduction, le split en compagnie de Horse Latitudes est probablement celui dont l’artwork est le plus anecdotique de tous. On y retrouve ainsi les logos de chaque groupe superposés l’un au dessus de l’autre sur un simple fond noir... On a vu mieux, c’est certain. Pour ce qui est du titre en lui-même, rien de neuf sous le soleil finlandais. Hooded Menace accouche ici d’un titre de plus de huit minutes, toujours aussi lent et qui, malgré une certaine redondance, propose une série de riffs capable de faire remuer la tête avec plaisir. A cela vient également s’ajouter quelques leads moins épiques mais toujours aussi bien sentis, insufflant ainsi à cette longue procession une atmosphère morbide et inquiétante.

"Chasm Of The Wraith" / "The Creeping Flesh":
Taxé moi de branleur si vous voulez mais pour le détail de ces deux titres, je vous invite à lire ma chronique au sujet de Labyrinth Of Carrion Breeze disponible en cliquant ici.

"Monuments Of Misery":
Je dois reconnaître que c’est plutôt une bonne surprise de voir figurer ce titre sorti pourtant l’année dernière sur un split en compagnie des Américains de Loss. Ce dernier titre d’Hooded Menace prend une fois de plus l’apparence d’une longue et sinistre procession menant ici, comme le suggère d’ailleurs très bien l’artwork, le condamné à une mort par pendaison. Une atmosphère pensante accentué bien évidemment par la lourdeur des riffs et le chant toujours aussi profond et abyssal de Lasse Pyykkö. Malgré les neuf minutes, cette redondance liée au riffing et au rythme particulièrement lent qui pourrait portée préjudice au groupe finlandais (enfin pour les gens qui comme moi on davantage besoin d’action) est une fois encore rompu grâce à l’ajout de nombreux leads, pas forcément plus rapides et/ou démonstratifs, mais apportant une véritable dimension mélodique à la musique d’Hooded Menace. Et puis il y a surtout ce break à 6:17 qui vient ainsi offrir une fin de titre un peu plus catchy grâce à ce riff bien gras et ces quelques soli pas dégueulasses.

Difficile donc de faire plus complet que cette compilation regroupant, à l’exception de Necrotic Monuments, l’intégralité des démos, splits et autres EP d’Hooded Menace. Qui plus est, le degré d’application engagé par les Finlandais pour faire de Gloom Immemorial une sortie digne d’intérêt, frise le génie. En général, je ne suis pas forcément client de ces box car trop encombrantes et inutiles (décapsuleur, statuette, tire-bouchon… non merci) mais dans le cas présent, il faut quand même reconnaître que nous sommes plutôt gâtés notamment grâce à cette très idée lumineuse consistant à proposer sur du carton de qualité l’ensemble des artworks ayant servi à illustrer ces multiples sorties. Bref, vous l’aurez compris, je ne cache pas mon enthousiasme face à Gloom Immemorial qui comblera ceux qui n’ont pas forcément l’envie ou les moyens de mettre au moins 20€ dans un 7" deux titres ainsi que ceux qui aiment les beaux objets soignés et indispensables. Car pour le coup, cette édition limitée l’est assurément.

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