Quatre ans, c'est le temps qu'il m'aura fallut pour réussir enfin à pénétrer dans l'univers des Finlandais d'Hooded Menace. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé à plusieurs reprises et de différentes façons. D'abord lorsque
Fullfil The Curse est sorti en 2008. Ensuite en live, fin 2010, durant leur set au Black Mass Ritual Festival à Helsinki. Mais ni l'un ni l'autre n'ont réussit à me convaincre. A l'époque je trouvais ça juste inintéressant et surtout très chiant. Et puis, leur présence à la troisième édition du Kill-Town Deathfest m'a convaincu d'y jeter à nouveau une oreille en me plongeant cette fois-ci dans leur deuxième album, l'excellent
Never Cross The Dead. Et là, comme par magie, la sauce à enfin fini par prendre, envoyant ainsi valser tous mes précédents blocages au sujet d'Hooded Menace. Tant mieux car depuis quelques semaines est sorti sur Relapse leur troisième album intitulé
Effigies Of Evil.
Coutumier du fait, Hooded Menace nous livre un nouvel album à l'artwork encore une fois remarquable et que l'on doit cette fois-ci à David V. D'Andrea. Si la thématique demeure la même, on ne peut que saluer cette constance dans l'excellence. Et bien que celle-ci soit sûrement la plus colorée et la moins obscure, elle n'en demeure pas moins superbe. Une bonne entrée en matière dans l'univers rampant et obscure de ce groupe Finlandais à géométrie variable. En effet, depuis sa formation en 2007, il ne reste aujourd'hui que Lasse Pyykkö (Claws, Vacant Coffin...) comme membre originel. Ce dernier est épaulé depuis 2009 par Pekka Koskelo (Vacant Coffin, ex-Phlegethon) et pour les aider dans leur perpétuelle descente aux enfers (notamment en live), les deux font régulièrement appel à du personnel volant. Les derniers arrivés étant Teemu Hannonen (guitare) et Markus Makkonen (Chant live). Et contre toute attente, cette instabilité ne leur à jamais causé de tord, Hooded Menance jouissant d'une discographie particulièrement complète (cinq sorties entre 2011 et 2012).
Pour ce troisème album, pas de grands boulversements à l'horizon. Le groupe de Joensuu continue dans l'ombre son petit bonhomme de chemin sans trop chercher à se remettre en question. Et ce n'est pas cette signature sur Relapse qui va changer quoi que ce soit. Ainsi, ce que je pouvais trouver pénible à une certaine époque ne l'est définitivement plus aujourd'hui. Ces riffs lourds et lanscinants, cette batterie écrasante et répétitive, cette voix ultra caverneuse et monocorde... Tout ça font aujourd'hui mon bon plaisir et c'est tant mieux. Malgré tout, ceux qui trouvait déjà la musique d'Hooded Menace pénible ne risque pas de changer d'avis à son sujet avec ce troisième album.
Deux choses distinguent pourtant Hooded Menace. Sa musique d'abord qui emprunte énormément au Doom traditionnel et notamment à des groupes comme Candlemass et Cathedral. On y retrouve ainsi cette lourdeur oppressante ainsi qu'une certaine tristesse mise en avant ici par ces nombreux leads toujours très inspirés. Un Doom aux accointantes Death particulièrement rampant et plutôt monolithique offrant tout de même son lot de variations même si elle peuvent sembler parfois imperceptibles étant donné la longueur des titres en général. Pour autant, on ne s'ennuie pas et Hooded Menace réussi même à se faire groovy à plusieurs reprises, accélérant légèrement la cadence sur quelques passages ("Vortex Macabre" à 3:27, "Effigies Of Evil", "Curses Scribed In Gore", "Evoken Vulgarity"... Doom, la musique d'Hooded Menace l'est donc indiscutablement mais à la différence d'autres groupes, elle ne fait pas l'impasse sur l'aspect Heavy qui la caractérise également. Ainsi, les atmosphères d'
Effigies Of Evil se veulent épiques et lugubres, emprunt également d'une certaine mélancholie glaciale. Idem pour les soli qui, s'ils ne sont pas exécutés à la vitesse de la lumière, ne manque pourtant pas d'énergie.
Loin de jouer simplement la carte d'un Heavy/Doom traditionnel, Hooded Menace se distingue également par le type de chant adopté par Lasse Pyykkö. Loin de verser dans des vocalises mélodiques à la Candlemass ou Cathedral, l'homme propose un chant profond et ultra caverneux. Ce dernier offre encore moins de variations que la musique mais apporte beaucoup à ces atmosphères déjà sinistres et glaciales. Un chant parfaitement en adéquation avec les thèmes horrifiques évoqués sur ce nouvel album dont les textes ont une fois encore été confié à Kevin Campbell et Tanya Sim. En effet, c'est une caractistique propre à Hooded Menace que de confier ses paroles à des membres extérieurs au groupe. Après tout, pourquoi pas puisque de toute façon Lasse Pyykkö ne cache pas son incapacité pour l'écriture. Pour marquer ces ambiances marécageuses, on retrouve également tout au long d'
Effigies Of Evil plusieurs samples tirés de divers films d'horreurs des années 60/70. Une mise en perspective efficace.
Pas de grosse surprise à l'écoute de ce nouvel album d'Hooded Menace qui néanmoins maîtrise son propos sur le bout des doigts. Le groupe finlandais demeure ainsi fidèle à lui même et continue surtout de proposer des morceaux inspirés et convaincants alliant ainsi la lourdeur et une certaine mélancolie propre au Doom à la puissance et à la noirceur du Death Metal. Un disque de saison qui saura se faire apprécier au coin du feu, un bon livre à la main.
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