Dans quelques jours à peine, les Américains d’Innumerable Forms sortiront leur nouvel album intitulé
Philosophical Collapse en collaboration une fois encore avec le label canadien Profound Lore Records. Avant de nous y intéresser de près, retour tardif mais obligatoire sur leur premier essai "longue durée" qui célébrait il y a encore quelques semaines ses quatre années d’existence1...
Originaire de Boston, Innumerable Forms voit le jour en 2007 sous l’impulsion d’un seul homme, monsieur Justin DeTore. Pour ceux d’entre vous qui ne seraient pas bien au fait de son curriculum vitae, sachez que le bonhomme a fait ses premières armes au sein de la scène Hardcore dans des formations telles que Boston Strangler, Mental, No Tolerance, Righteous Jams ou The Rival Mob avant d’étendre ses activités à d’autres projets allant du Punk / Thrash (Death Evocation) au Doom (Solemn Lament, ex-Magic Circle) en passant par le Heavy Metal (Stone Dagger, Sumerlands). Bref, la crème de la crème du Massachusetts.
Cette configuration en solo, Justin va la tenir jusqu’en 2017 et l’arrivée dans la formation de quatre autres musiciens aux expériences toutes aussi alléchantes. Chris Ulsh (Impalers, Power Trip, Iron Age, ex-Hatred Surge, ex-Mammoth Grinder...) et Jensen Ward (Iron Lung, ex-Artimus Pyle, ex-Gehenna...) vont ainsi prendre place derrières les deux guitares alors que Doug Cho (transfuge de The Rival Mob) et Connor Donnegan (Genocide Pact, Witchtrial, ex-Red Death...) vont respectivement se charger de la basse et de la batterie. Tous les cinq sortiront en août 2018 ce premier album intitulé
Punishment In Flesh.
Pour illustrer ce dernier, le groupe a fait appel à l’artiste Seth Goodkind qui livre pour l’occasion une œuvre qui, sans être forcément exceptionnelle, colle plutôt bien à l’atmosphère générale de l’album. La production est quant à elle signée des mains de Ryan Abbott (enregistrement), Chris Corry (mixage) et Dan Lowndes (mastering) pour un résultat là encore en parfaite adéquation avec le genre pratiqué bien qu’elle conserve néanmoins dans son ADN un peu de ce pédigrée Punk / Hardcore propre à chaque membre, notamment à travers un côté brut et naturel évoquant l’esprit D.I.Y. qui anime encore ces deux scènes intimement liées.
Ayant suffisamment la tête sur les épaules pour comprendre qu’il ne révolutionnera rien avec sa musique, Innumerable Forms s’applique à en proposer une version particulièrement soignée et ainsi exempte de véritables défauts. Versant dans un Death / Doom épais et abrasif dénué de cette mélancolie anglaise ayant fait la spécificité de groupes comme Paradise Lost, My Dying Bride et Anathema (dont pourtant il s’inspire beaucoup), le groupe va s’attacher à respecter une certaine tradition. Passé ainsi cette courte introduction permettant de se mettre doucement dans le bain d’un album sombre et anxiogène ("Intruders"), l’auditeur habitué à ce genre d’union va vite retrouver l’essentiel de ce qui fait le charme d’un disque estampillé de l’attribut "Death / Doom". Les Américains y vont ainsi de cette alternance de séquences plombées construites sur la base de riffs particulièrement pesants et menaçants et d’un growl noir et abyssal (les deux premières minutes de "Punishment In Flesh", "Purity’s Demand", "Joyless", "Firmament", la première partie de "Meaning"...) et de passages plus ou moins dynamiques ("Punishment In Flesh" à 2:11, le début de "Petrified", "Reality" à 0:39, "Meaning" à 1:51) absolument essentiels puisqu’ils vont permettre d’apporter un semblant de rythme et de nuances à l’ensemble. Si certains de ces moments sont menés le couteau entre les dents (les premières secondes de "Purity’s Demand", "Stress Starvation", "Meaning" à compter de 1:52...), c’est néanmoins plus souvent à coup de mid-tempo au groove naturel ("Re-Contanimated", "Reality", "Meaning" à partir de 3:20...) qu’Innumerable Forms mène sa barque tout au long de ces trente-huit minutes. Enfin, si ce sentiment de mélancolie automnale largement suggérée par le Peaceville Three évoqué plus haut n’est pas de la partie chez les Américains, l’album est néanmoins truffé de leads et autres solos mélodiques qui vont venir très habilement renforcer l’ambiance sombre, désespérée et pesante qui règne ici. De "Punishment In Flesh" à "Petrified" en passant par "Purity’s Demand", "Reality" ou "Stress Starvation", Chris Ulsh fait là de l’excellent travail grâce à ces mélodies froides et décharnés capables de suivre l’intensité et l’énergie du moment ("Stress Starvation").
Après onze ans de carrière et un line-up particulièrement chamboulé, Justin DeTore et Innumerable Forms signent avec
Punishment In Flesh un premier album des plus réussis. Certes, chaque titre est l’occasion d’y entendre toutes les principales influences du groupe qui pour l’essentiel vont de Paradise Lost à Eternal Darkness en passant par My Dying Bride ou Winter mais pour autant, il faudrait être sourd pour ne pas se rendre compte à quel point le groupe de Boston maitrise son sujet. Enfin, même si l’affiliation reste légère pour ne pas dire ténue, on saura néanmoins apprécier ce qu’il reste des influences Punk / Hardcore de chaque musicien, que ce soit à travers cette production abrasive et naturelle ou à travers l’intensité et l’énergie que ces derniers sont capables d’insuffler à ces séquences les plus musclées. Alors oui, il m’a fallu un peu plus de quatre ans pour vous en parler mais le mal est aujourd’hui réparé. Et la bonne nouvelle c’est que l’on va pouvoir enchaîner avec
Philosophical Collapse. Vous l’aurez donc compris, ne vous amusez pas à faire l’impasse sur ce disque si les quelques références évoquées ici résonnent favorablement à vos oreilles.
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