En septembre 2018, les Suédois de Runemagick partageaient l’affiche du Kill-Town Deathfest en compagnie d’une tripotée d’autres formations toutes plus alléchantes les unes que les autres. Parmi celles-ci se trouvaient notamment Spectral Voice, Blood Incantation, Scolex et Ascended Dead. Cette histoire aurait alors pu en rester là, sans un "bonjour" ni un "au revoir" d’échangés si les trois américains en fin esthètes ne partageaient pas le même respect à l’égard du groupe de Nicklas Rudolfsson. C’est ainsi de cette rencontre qu’est né l’idée d’un split entre Runemagick et Chthonic Deity, groupe dans lequel on retrouve justement Erika Osterhout (Scolex...), Paul Riedl (Blood Incantation, Spectral Voice...) et Charlie Koryn (Ascended Dead...).
Paru avant même la première démo de Chthonic Deity, ce split sorti en octobre dernier sur Parasitic Records propose sous la forme d’un 12’’ illustré par Nir Doliner (guitariste de Sonne Adam et Venomous Skeleton) trois titres inédits pour près d’une demi-heure. Une générosité qui saura certainement rassurer ceux qui ont peur de ne pas en avoir pour leur argent.
Honneurs aux (grands) anciens avec sur la face A une pièce de treize minutes intitulée "The Moon Is The Portal To Death (Part 1)". Fidèle à ce Death/Doom qu’il façonne depuis maintenant plusieurs années, Runemagick ne surprendra certainement personne avec cette formule déroulée efficacement et qui, sans être d’une grande originalité, révèle tout de même ces traits de personnalité qui font de Runemagick un groupe à part, avec son identité. Mais de toute façon, cette originalité n’a jamais eu beaucoup d’importance pour les Suédois puisque l’essentiel a toujours résidé ailleurs. En effet, l’intérêt de Nicklas Rudolfsson et de sa petite troupe se trouve surtout dans cette capacité à évoquer les choses, notamment la mort et l’obscurité, et à nous les faire ressentir. Une atmosphère pesante bâtie à l’aide de guitares abrasives et crépusculaires étirant leurs mélodies sombres et lancinantes sur de longues minutes, d’une batterie funéraire posant ses patterns avec une délicatesse qui toutefois ne manque pas de fermeté et enfin ce growl vieillissant mais toujours très en place de Nicklas. Un chant âpre, habité par ces idées obscures qu’il va prendre le temps d’étirer tout en ayant le bon goût d’être là quand il le faut et quand il le faut seulement. Ces treize minutes, Runemagick va les aborder comme bien souvent à travers un enchainement de séquences aux subtiles nuances permettant ainsi de varier son propos tout en conservant en trame de fond une véritable homogénéité. Un travail par toujours évident puisqu’il évite une certaine redite tout en donnant le sentiment de dérouler le même riff et les mêmes patterns de batterie pendant près d’un quart d’heure. En attendant, dans la lignée de ce qu’à pu produire le groupe auparavant, Runemagick propose ici un titre toujours extrêmement bien ficelé qui ne manquera pas de séduire les amateurs de la formation toujours aussi sous-côté de Gothenburg.
Face B ce sont les Américains de Chthonic Deity qui prennent le relai avec deux nouveaux morceaux à la durée étonnamment longue en comparaison des titres de la démo
Reassembled In Pain. Enfin c’est surtout vrai pour "Galaxies Of Perpetual Interment", premier titre de cette face B qui dans ses deux premières minutes, avec ces riffs sombres et terriblement inquiétants et cette batterie plombée, va très vite revêtir des faux-airs de... Runemagick. La suite va cependant faire preuve de davantage d’allant avec notamment cette séquence musclée entamée dès 2:45 à base de blasts et de tchouka-tchouka et qui, après quelques répétitions marquées par le chant de Paul Riedl, trouvera sa conclusion aux alentours des 5:20. La dernière partie marque quant à elle un retour à des riffs beaucoup plus lourds en faisant notamment la part belle aux instruments avant le retour du growl d’Erika sur les dernières secondes du morceau.
Du haut de ses presque cinq minutes, "Summoning Malevolent Entities" prend le temps de se mettre en place avant d’accélérer tranquillement la cadence sur la base de riffs simples mais entêtants et d’une batterie volontaire bien qu’encore sur la retenue. Il faudra attendre 2:06 pour que les choses s’agitent davantage, d’abord grâce à cette séquence peu rapide mais au groove ô combien efficace et un peu plus tard grâce à ce passage marqué par cette accélération franche menée à coups de tchouka-tchouka haletants et sur laquelle va venir se poser ce solo bref mais impeccable. La dernière minute va quant à elle venir condenser tout ça en reprenant le riff et le rythme du début pour ensuite accélérer brièvement la cadence le temps de conclure. Si je garde personnellement une préférence pour le titre "Galaxies Of Perpetual Interment" plus riche et abouti, "Summoning Malevolent Entities" n’est pas pour autant sans faire son effet. L’un dans l’autre, Chthonic Deity propose là encore du bon travail. Certes, ce n’est pas le groupe le plus original qui soit mais sa formule désormais plus étoffée à sûrement de beaux jours devant elle. En tout cas l’avenir nous le dira.
Certes le format n’est pas forcément le plus apprécié ni forcément le plus pratique mais entre cet artwork fort réussi, ce vinyle coloré plutôt joli et surtout ces trois compositions inédites franchement réussies, les amateurs de Runemagick et Chthonic Deity ne devraient en aucun cas se montrer déçus.
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