Autumnal - The End of the Third Day
Chronique
Autumnal The End of the Third Day
Faites-vous partie de ces gens qui pensent qu'un album de Novembre ne devrait sortir qu'en novembre, qu'un album de See You Next Tuesday ne devrait sortir qu'un mardi prochain et qu'un album de 1349 n'aurait du sortir qu'en 1349 ? Personnellement ça m'est égal puisqu'on n'est visiblement pas près d'avoir des nouvelles du premier et que je me tape des deux autres. Néanmoins, le hasard fait bien les choses car l'automne dernier sortait le second album d'Autumnal. Enfin le hasard allez savoir : vu que leur précédente production remonte à 2006, il est fort probable que tout ça ait été calculé, n'étant plus vraiment à quelques mois près. Bref, tout ça pour dire que l'arrivée du froid a coïncidé à merveille avec celle de "The End of the Third Day", comme quoi même dans les pays chauds où les plages sont peuplées de nanas avec les seins à l'air, on s'apitoie sur son sort. Ca doit être dans la nature humaine.
L'artwork signé Mario C. Vaises (qui nous a habitué à mieux) vous aura peut-être induit en erreur et je vous prie de m'excuser par avance si vous avez perdu votre temps à lire ces quelques lignes. Non ce n'est pas une réédition d'un truc culte des années 70. Il ne s'agit pas non plus d'un groupe de rock progressif. Autumnal nous vient d'Espagne et pratique un doom/death aussi déprimant que de voir une requête SQL dans une vue. Marchant dans les pas de ses prédécesseurs, le groupe n'a pas d'autre prétention que de vous filer le cafard et s'en sort admirablement dans cet exercice. A la croisée des chemins entre les lamentations d'un The Foreshadowing, la nonchalance suicidaire d'un My Dying Bride (de la fin des années 90) et le savoir-faire mélodique d'un Saturnus, leur style est un mélange qui peut paraître convenu mais qui fonctionne plutôt bien : on y retrouve un chant principalement clair et un poil pleurnichard, tirant parfois vers les hurlements ou les growls (quand on a de la chance), quelques nappes de violon pour la forme et surtout beaucoup de guitares, aériennes et dominantes comme elles peuvent l'être dans tout bon disque de doom/death. Les Espagnols alternent les dynamiques : souvent sur des tempos moyens et des traversées atmosphériques, ils n'hésitent pas à forcer l'allure et savent insuffler énergie et puissance à leur musique sans pour autant trahir son essence. Au final, l'ambiance dégagée par ce disque se révèle assez caractéristique des productions espagnoles et portugaises, beaucoup plus désolée et monochrome que ce que peuvent notamment proposer les Scandinaves, mariant l'exigence de l'école angelo-saxone avec l'aridité des paysages de leurs contrées.
"The End of the Third Day" n'est pas du genre à s'apprivoiser facilement et j'avoue avoir souffert pour le dompter. Sa richesse, la durée de ses morceaux (la plupart avoisinant les 10 minutes) et l'hétérogénéïté de l'ensemble font qu'on s'accroche péniblement ici et là sur quelques passages qui nous parlent immédiatement, priant le seigneur pour que l'écoute suivante soit plus fructueuse. Pour autant, vous ne perdrez pas votre temps à vous y perdre, l'album se révélant de bonne facture à défaut d'être original. Le groupe s'illustre notamment sur les leads mélodiques (l'interminable "Resigned to Be Lived" par exemple) et les trop peu nombreuses parties death qui gagnent du coup en impact comme sur l'intro de "The Storm Remains the Same" ou le break à 5'00" de "Man's Life Is the Wolf's Death" (oh mon dieu). Le groupe s'essoufle toutefois après le démoniaque "The Storm Remains the Same" : la reprise de "Don't Leave Me Now" de Supertramp laisse aussi perplexe que l'originale (clairement pas le meilleur titre des Anglais...) et les violons larmoyants de "Father's Will" ne m'ont pas non plus convaincu, tirant en longueur des mélodies peu excitantes. Cependant, le gros point faible de cet album demeure pour moi la voix de Javier. Son omniprésence n'ayant d'égal que sa platitude, les compositions pâtissent globalement de cette faiblesse, malgré des lignes de chant au potentiel intéressant. Dommage car j'avoue y revenir régulièrement, ne pouvant m'empêcher d'aboutir aux mêmes conclusions. Sans doute pas l'album de doom/death à retenir de l'année dernière mais pas non plus dénué de charme, "The End of the Third Day" mérite qu'on lui laisse une chance, ne serait-ce que pour les quelques temps forts qu'il compte ou simplement pour "Resigned to Be Lived". Qui sait, vous pourriez bien être surpris ?
| Dead 29 Mars 2015 - 524 lectures |
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