Je vous avais prévenu : cette année je boucle des discographies dont tout le monde se fout. Enfin quand je dis "tout le monde", je parle de vous, chères lectrices, chers lecteurs, car à nos yeux, il n'y a que vous. Et toi qui nous lit, je ne t'apprends rien bien sûr : y a-t-il un jour sans que nous te témoignons notre amour ? Même von_yaourt t'aime mais il ne l'avouera jamais. Je ne suis pas naïf, je sais bien que tu aimes ce qui tape, ce qui fait mal aux oreilles, ce qui fait enrager tes voisins... Et Swallow The Sun ne rentre évidemment pas dans cette catégorie. Alors déjà que leurs chroniques d'albums ne font pas recette, qu'en sera-t-il d'un EP sorti il y a bientôt 5 ans ? L'avenir nous le dira. En tous cas, pour un EP, les Finlandais ne se sont pas moqués de nous puisqu'il concentre un peu plus d'une heure de musique, rien que ça : au programme, un titre fleuve de 34 minutes élaboré pour un projet combinant metal et ballet (projet qui n'a jamais vu le jour), et 4 vieux morceaux qui composaient leur première démo "Out of This Gloomy Light" (2003).
1. Plague of Butteflies
Alors que
"Hope" faisait le grand écart entre un doom/death hargneux et un metal plus atmosphérique, plus lumineux, "Plague of Butterflies" se recentre sur un style moins bipolaire, très sombre, déterminé à créer chez l'auditeur une sensation de mal-être profond. Bien sûr, le groupe continue de jouer sur les contrastes, alternant sans cesse errances et accélérations, mais la durée exceptionnelle de cette première partie dilue les oscillations dans le temps et les variations d'ambiance. D'ailleurs, cette progression que proposent ces 34 minutes ne vous laissera pas l'occasion d'atteindre la surface, le sol sous vos pieds se dérobant un peu plus à chaque minute qui passe.
A l'écoute de cette pièce, on peut vraiment se demander à quoi devait ressembler ce ballet avec une telle bande originale. Toujours est-il que ce titre fleuve a hérité d'un côté théâtral étranger au reste de la discographie du combo, une mise en scène très bien exécutée qui donne une véritable densité à cette expérience unique. S'il vous faudra du temps pour dompter la bête, l'accroche est immédiate et la tension générée ne laisse jamais le soufflet retomber, vous maintenant en halène jusqu'à la dernière note. Excepté une narration hasardeuse et un chant clair peu convaincant, je ne vois rien à redire à cette exercice : du grand Swallow The Sun, froid, écrasant et mélodique comme le doom/death doit l'être.
2. Out of This Gloomy Light
Placer une démo aux côtés d'un production récente n'est pas toujours le meilleur moyen de la mettre en valeur. Cette seconde partie aurait pu faire office de bouche trou face à un éprouvant "Plague of Butteflies". Contre toute attente, Swallow The Sun opère ici un coup de maître. En effet, ces 4 titres prolongent magnifiquement le périple de la précédente demi-heure : bien plus brut et glauque que leurs productions actuelles, Swallow The Sun donne une véritable leçon de doom/death, 4 hymnes parfaitement équilibrés entre puissance et émotions, aux mélodies imparables et à l'atmosphère parfaitement maîtrisée. L'absence de chant clair et de parties plus calmes ne pénalisent en rien la musique et offrent un visage à la formation que je n'avais jamais entendu, dont la dureté dégage un charme certain.
Cet EP est loin d'être anecdotique, même dans une discographie qui compte de nombreuses pépites. Ce "Plague of Butteflies" est une autre manière d'appréhender la musique des Finlandais, une production inédite qui ne sera sans doute jamais reconduite, dont la singularité séduit et surprend, sans doute d'autant plus si vous n'avez pas suivi la formation depuis "The Morning That Never Came". Une belle découverte en ce qui me concerne.
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