Alors que dans le domaine du Doom Death,
NOVEMBERS DOOM a depuis longtemps quitté sa partie Death avant de proposer, en 2017, un
HAMARTIA plutôt melodic progressive, je me suis dit que j'allais me laisser tenter par un groupe dont je ne connais rien, mais qui semble bien fier du style dans lequel il fait son office.
TEMPLE OF VOID est un quintet américain qui ne fait pas dans le dentelle. Il faut que ça crache, que ça soit plutôt gras. On n'est pas là pour faire des blast beats du Death tchouka-tchouka ou des tapping à la volée façon technical. Le riffing se veut abrasif, raclant, et la batterie est là pour marteler chaque coup et marquer son empreinte. Autant dire que, pour arriver à ce but, le premier morceau de l'album frappe fort. On rentre cash dans un Death Metal qui traîne la patte sous un growl avec de bons gros morceaux de terre dedans, qui n'est pas sans m'évoquer le gras de
PUNGENT STENCH. Là-dessus, l'instru granuleuse se détache, notamment par la gratte soliste qui fracasse. À côté, la basse et la guitare rythmique arrondissent un son solide, certes pas original, mais tellement efficace dans son traitement ! Mention spéciale à l'utilisation des tintements de cymbales qui ajoutent un petit quelque chose à cette ambiance.
Mais, en soi, c'est pas Doom cette affaire. Jouer lentement comme ils font, ça me fait plus penser à du Death old school qui joue en seconde, tranquille. Il faut attendre vers 4:50 et le solo qui suit pour avoir des effets un poil psyché et une fin assez trippante.
Et quand on a écouté ça, autant dire qu'on a tout écouté.
Car dès le morceau suivant, « A Watery Internment », on entre dans un riffing old school sous un rythme martial, le mélange qui sera sur presque l'intégralité de l'album. Le Doom ne se joue pas du tout sur la lenteur qu'on pouvait avoir notamment dans les premiers
NOVEMBERS DOOM ou dans
SATURNUS (qui pour moi sont des références du genre), mais plutôt sur la production et des effets. Ce qui ne me gêne pas quand c'est bien fait comme ici : sur ce titre, on sent qu'on a quitté la cave purulente pour aller dans des paysages dévastés, colorés par la mort, d'où se dégage un flottement hypnotique (la phase instru dès 2:10 monte lentement et est riche avec cette basse qui contraste avec la guitare lancinante). Cette mélodie qui est d'ailleurs intelligemment reprise en gras ensuite montre ce style d'écriture sous son meilleur jour.
Seulement, l'album prend trop rapidement ce rythme de croisière et devient prévisible : batterie qui martèle, gros riffing à l'ancienne et roule ma poule en mode « intro dans le sens du poil, break et passages qui piétinent légèrement jusqu'à un retour Death metal pour aller à un autre break, puis un passage différent et fini ». C'est d'autant plus visible passée la transition qu'est « An Omnious Journey » car, dans « The Gift » ou « Deceiver in the Shadows » rien ne se démarque réellement.
Fort heureusement, le groupe en a sous le capot, et sait éviter la monotonie. Il faut ainsi que je félicite le travail du chanteur, pour moi le point fort de ce disque. C'est simple, il suffit d'écouter l'ensemble pour entendre, notamment, des inspirations proches du fameux
DEMILICH par cette touche caverneuse qui m'évoque des grosses gouttes d'eau qui se fracasseraient sur un sol rocailleux en ruine.
Et si on se laisse embarquer par quelques morceaux, l'expérience devient plutôt rafraîchissante tant elle semble piocher dans les tréfonds du Death Metal d'avant. Les passages modérés de « The Hidden Fiend » me font penser au
GLOOMY REFLECTIONS des mexicains de
CENOTAPH, avec ces mélodies crasseuses, alors que « Graven Desires », lui, emprunte évidemment à
AMORPHIS par cette touche Melodic Death des origines qu'on entend une fois passé le départ. Départ d'ailleurs franchement agréable : avec ce tintement et la montée portée par ces complaintes et le grain de la basse, une ambiance s'impose. Cette track est véritablement la pièce maîtresse de l'album qui sait varier en instru comme en chant et qui va jusqu'au bout de son principe, tout en sortant du rythme qui bouclait depuis le début du disque. Dommage qu'il n'y ait pas eu plus de ces élans de créativité !
Car que me reste-t-il de cette écoute ? Pas grand chose, en fin de compte. Je n'ai retenu que deux-trois passages sympa sur les morceaux les plus efficaces. Ça s'écoute posément, ça peut aussi galvaniser, ça sait être varié par moments. On aurait peut-être voulu encore plus de prises de risques, mais elles restent présentes sur un titre qui, lui, va jusqu'au bout, et c'est fait avec suffisamment d'envie de bien faire pour nous satisfaire. Je ne trouve pas que ce soit la grosse révélation de l'année, mais ça fait passer un bon moment et, parfois, c'est tout ce qu'on demande à un album.
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