Mourning Beloveth - Rust & Bone
Chronique
Mourning Beloveth Rust & Bone
Malgré ses indéniables qualités, je réalise qu'il m'arrive assez rarement de revenir sur
"Formless". Pas toujours évident de trouver le temps de s'enfiler un pavé de 80 minutes et surtout de se laisser envahir par ce flot continu de désespoir, le son froid et brut du malheur martelé encore et encore sur des pièces qui n'en finissent pas... Les Irlandais se sont donnés tellement de mal à annihiler toute forme de sentiment positif sur cet album que son écoute requiert presque une préparation psychologique. Cette aura d'un noir profond, Mourning Beloveth en a fait son identité et je m'attendais à ce qu'elle embrasse toute l'âme de ce sixième album. Visiblement quelque chose a changé, et pas en bien (ou en mal selon votre point de vue).
Cela a du en surprendre plus d'un : le groupe a fait court cette fois-ci. Cinq titres incluant deux petites instrumentales ("Rest" et "Bone") pour une durée inférieure à quarante minutes, voilà qui ne ressemble guère à nos marathoniens du doom plutôt habitués à titiller les limites techniques de contenance d'un CD. Pour autant les Irlandais n'ont pas perdu leurs mauvaises habitudes et entament les hostilités avec un "Godether" avoisinant les 17 minutes venant dissiper tout malentendu éventuel concernant leurs motivations. Dès les premières minutes, on reconnaît la pâte inimitable du quintette, ses hymnes glaciaux et son atmosphère poisseuse servies par des rythmiques lancinantes orchestrées par le chant caverneux de Darren ; les quelques ralentissements et incursions des lamentations de Frank au chant clair ne sont en fin de compte qu'une sorte de léger anesthésiant, tentant péniblement de vous préparer à la douloureuse agonie qui vous attend. Cette ouverture fait honneur à l'incontestable talent du combo, un concentré de savoir-faire en matière d'ambiance et de progression tragique, une montée en puissance redoutable qui se termine sur un déferlement de violence qu'on ne leur connaissait pas, aux faux airs d'Enslaved. Mais c'est surtout la seconde partie du morceau qui continue de me hanter, surprenante dans la construction de ses choeurs, magnifiquement réalisé sans sa montée en puissance... Mourning Beloveth vous fait don de son sixième sens afin que vous puissiez vous aussi entendre le chant des morts avant qu'ils ne quittent ce monde. Superbe.
De cette entrée en matière on en ressort éprouvé. Et après ? Malheureusement, rien n'atteindra l'intensité de cette première partie. Ni la constance, les excellents riffs et le final aérien de "The Mantle Tomb", ni les guitares acoustiques et les complaintes vocales de "A Terrible Beauty Is Born", encore moins les transparentes instrumentales qui séparent chaque titre majeur. Plus lumineux, plus accessible, Mourning Beloveth s'éloigne un peu de son habituelle austérité, un visage qui ne lui réussi peu. La répétitivité de sa musique alors amputée d'une partie de son âme torturée en vient à susciter l'ennui là où elle était ces coups de marteau incessants sur le clou planté dans votre chair. L'album s’essouffle finalement de lui-même et on en garde un arrière goût d'inachevé. Regardez amis Irlandais, je me tiens encore debout, je devrais être à genou. CQFD.
| Dead 21 Février 2016 - 793 lectures |
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