Il y a deux ans, Brain Drill avait créé la sensation avec son premier full-length
Apocalyptic Feasting qui suivait déjà un EP très prometteur,
The Parasites. Mais son jusqu'au boutisme avait scindé le public en deux. Brain Drill, c'est soit on adore, soit on déteste. Il faut dire que le délire ultra technique inhumain poussé dans ses derniers retranchements, symptomatique d'une certaine frange de la scène moderne souvent plus préoccupée à s'astiquer le manche qu'à composer de vrais morceaux, avait de quoi effrayer. Après tout, on est bien loin de l'esprit du death metal. Malgré tout, je faisais partie des admirateurs. Après l'éviction de la moitié du line-up suite à une affaire de mauvaise herbe compromettante, j'avais toutefois quelques doutes quant à ce
Quantum Catastrophe, sorti au printemps chez la lame en métal.
Exit donc le batteur Marco Pitruzzella et le bassiste Jeff Hughell, welcome Ron Casey (Flesh Consumed) et Ivan Munguia (Odious Mortem, Arkaik, Insanity). Ne restent que le chanteur Steve Rathjen et bien sûr le maître à penser Dylan Ruskin. Pas de problème pour Ivan Munguia mais le choix de Ron Casey paraissait déjà plus étonnant. Et effectivement, n'est pas Lord Marco qui veut. Pas que le bonhomme soit mauvais mais le son ultra synthétique de la batterie triggée et quantisée, couplé à un mixage trop envahissant et à des pseudos blast-beats tout pourris rendent le tout difficile à apprécier. Une vrai horreur même! C'est un peu mieux quand il s'adonne (souvent) aux gravity-blasts, même si on sent bien que ça a été retouché vu la vitesse et la précision, mais on aurait aimé un autre sort pour la batterie. C'était un peu la même histoire sur l'opus précédent mais chez moi, ça passait mieux.
Voilà un premier point noir et pas des moindres. Qu'en est-il de la guitare? Brain Drill évolue toujours dans un brutal death centré sur la technique et la rapidité d'exécution, rien n'a changé pour un groupe résolument tape-à-l'oreille. Ce qui nous donne des titres de 3-4 minutes très rapides.
Quantum Catastrophe se fait toutefois légèrement plus accessible que son grand frère grâce à des breaks, ou plutôt des tempi "modérés", plus fréquents (pas assez toutefois pour qualifier les compositions de variées) et à un effort au niveau des riffs puisque chaque morceau comporte son riff simple et groovy (toujours véloce avec la double à fond, faut pas déconner non plus). C'est à peu près les seules concessions des Américains car pour le reste, c'est de la démonstration pure et dure. En gros, ça sweepe plus souvent que ça ne riffe. Mais autant ça ne me dérangeait pas outre mesure sur
Apocalyptic Feasting, autant ça coince pour
Quantum Catastrophe. Pourquoi? Parce que les sweeps n'ont souvent ni queue ni tête et que les morceaux font plus figure de successions de plans sans cohésion que de compositions fluides. C'est frustrant parce que quand Brain Drill fait l'effort de construire et de proposer de vraies lignes mélodiques comme sur le solo de "Beyond Bludgeoned", les balayages à 2'02 de "Nemesis Of Neglect" et à 2'23 sur "Mercy To None" ou encore sur la lead orientalisante de "Monumental Failure" et son intro gravity + sweep traumatisante, on change de niveau. La preuve la plus convaincante reste toutefois le dernier titre. A part car dépassant les 16 minutes (vous pouvez cela dit en retirer 5 pour un sample final minimaliste, long, chiant et inutile), "Quantum Catastrophe" montre un visage plus intelligent de Brain Drill. Si le title-track commence (mal) comme les autres pistes, il s'envole vers la deuxième minute pour ne plus jamais toucher terre grâce à une succession de très bons solos et de rythmiques entraînantes presque thrashies. Ces passages davantage mémorables se font toutefois trop rares. Trop souvent, les guitares semblent parler le même langage que R2D2 et ses bips-bips élecroniques irritants. Ecoutez "Beyond Bludgeoned" juste avant le solo, l'intro d'"Awaiting Imminent Destruction", "Nemesis Of Neglect" à 0'45 ou encore "Quantum Catastrophe" jusqu'à la deuxième minute, c'est du n'importe-quoi! Et en plus de sonner de façon aléatoire,les titres s'enchaînent et se ressemblent tous malgré les cassures rythmiques. Un sentiment auquel n'est pas non plus étranger le chant de Steve Rathjen, un growl très commun, sans hargne, que viennent seconder trop peu souvent quelques shrieks. Finalement c'est Ivan Munguia qui s'en sort le mieux avec sa basse agile et frétillante mais au placement entre les lignes toujours juste.
Handicapé par tous ces défauts, il est difficile pour
Quantum Catastrophe de s'en sortir, lui qui porterait vraiment bien son nom sans quelques éclairs de génie salvateurs. Autant dire qu'après un jouissif
Apocalyptic Feasting, Brain Drill déçoit avec un album moins inspiré, moins extrême et composé de façon trop anarchique. Une énième confirmation que la technique ne fait pas tout. Et une impression de gâchis vu le niveau des musiciens et le résultat quand ils se montrent plus fluides. Est-ce moi qui me suis simplement lassé du délire des Californiens? Peut-être. Quoiqu'il en soit, c'est surtout l'artwork dément de Pär Olofsson que je retiendrai. Ca veut tout dire...
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