Quand j’en ai ma claque de m’esquinter dans l’unique but d’enrichir grassement mes patrons qui n’en ont guère besoin (salutations, si vous me lisez !), je me perds dans les méandres de l’internet ; quand je suis au bout du bout de la saturation, il m’arrive d’ouvrir Metal Archives et de cliquer nonchalamment sur l’onglet « Random Band » en espérant tomber sur des groupes intéressants. Le résultat n’est, hélas, pas toujours très heureux, mais je remercie tout de même au passage le groupe américain DAJJAL pour le fou rire qui m’a prise en découvrant leur magnifique
photo promo lors d’une précédente crise de feignasserie. Et puis parfois, on tombe sur la petite découverte qui récompense autant d’efforts non rémunérés.
C’est donc de cette manière pour le moins hasardeuse, pour ne pas dire foireuse, que je tombe un beau jour sur GRIEF SYMPOSIUM. L’œil aiguisé, deux infos piquent immédiatement ma curiosité : Death/Doom Metal, parfait, une demo en 2021, bien, bien, bien ! Ça mérite que je me penche sur leur cas ! Un clic plus tard, premier regard circonspect sur l’artwork de ladite demo, intitulée
Monolithic Dark Metal, mais les jurisprudences, nombreuses en la matière, sont passées par là. Je me rappelle encore de KOMPOST (le truc super moche qui dissimule une très bonne surprise) et d’HADIT (pochette sublime mais assez peu raccord avec l’excellent propos musical). A y regarder de plus près, il ne s’agit pas du visuel d’un infâme groupe Pagan Folk pouet-pouet s’arrogeant illégitimement des références vaguement celtisantes, mais du monogramme du groupe, sobre et délicatement stylisé. Bon, ils sont Anglais, ils en ont bien le droit après tout. Mon index est déjà tout crampi et je tiens peut-être le premier groupe écoutable depuis que je me suis lancée dans cette quête sans queue ni tête. Ni une, ni deux, direction Bandcamp : j’appuie, sans grand espoir, sur le bouton lecture... Mazeltov ! C’est un oui, c’est un grand oui ! C’est bien vous, GRIEF SYMPOSIUM, que j’attendais pour donner à cette foutue journée un autre sens que celui du coût horaire d’une main d’œuvre corvéable à merci !
Au cours de cette première écoute, je passe par tous les états possibles : j’ai autant l’envie d’en découdre que de chialer, je dodeline de la tête tristement, je violente mes cervicales souvent, je bats frénétiquement la mesure du bout des doigts sur mon bureau quand je ne « danse » pas avec les mains, j’ondule lentement, je me trémousse furieusement sur mon siège, je suis prise au piège (et perds définitivement toute crédibilité devant mes collègues). Car c’est sans conteste la grande force de GRIEF SYMPOSIUM : procurer ce panel d’émotions en balayant en moins de vingt minutes un large spectre du Metal extrême avec un Death/Doom qui lorgne parfois vers le Funeral Doom tout en proposant de purs instants de groove irrésistible. Et c’est là que vous vous dites que
Monolithic Dark Metal doit être une demo faite de bric et de broc, dans laquelle on trouve un à boire et à manger indigeste, peut-être même inécoutable, mais pas du tout ! Parce qu’elle est le fruit d’un travail intelligent, mûrement réfléchi par des gars qui ont vraisemblablement du métier, malgré des CV relativement modestes. Ah !!! ls portent bien leur nom ! On a affaire à des spécialistes qui ne se contentent pas de proposer un Death Metal qui aurait pris trop de kilos et aurait du mal à se mouvoir ni un énième ersatz d’INCANTATION dont on ne saurait que faire.
Monolithic Dark Metal enchaîne brillamment les séquences de Death putride regorgeant de gargouillis jouissifs avec des cordes qui tournicotent impitoyablement (c’te fessée sur "Temple of Decay" !) et les plages de Doom affichant les rondeurs plantureuses et lascives du genre, avec en fil rouge un bon gros growl des familles. Et ça fonctionne à merveille ! Pourquoi ? Parce qu’on mesure aussi cet incontestable savoir-faire pour les compositions chiadées, cette générosité pour les brusques changements de rythmes et d’atmosphères, prenant souvent par surprise, ne laissant aucune place à la monotonie, cette utilisation parcimonieuse mais judicieuse de samples, parfaite pour mettre immédiatement l’auditeur dans l’ambiance ("Among Dead Gods"), cette maîtrise dans la montée en puissance de chacun de ces trois morceaux bichonnés jusqu’à la dernière seconde. Impossible de prendre GRIEF SYMPOSIUM en flagrant délit de bâclage. La longue clôture de "In The Shadow of the Sleeping Monarch" en déroutera peut-être plus d’un avec ces trois minutes de claviers/voix féminine, tout en douceur et en beauté ; j’y vois plus de l’audace et de l’élégance (le Death/Doom couillu assumant sa part de féminité sans perdre une once de virilité sans doute) et peut-être aussi le seul moyen de nous faire sortir de la tête THE riff qui tue, ultra addictif, dansant, entendu quelques instants plut tôt.
On le sait, la concurrence est rude dans cette niche. Cependant, GRIEF SYMPOSIUM dispose d’un sérieux atout dans la manche pour sortir son épingle du jeu en proposant une vision personnelle et enrichie d’un Death/Doom de darons mêlant, dans une incroyable cohérence, ambiances, puissance, émotions, riffing impeccable et encore et toujours ces savoureuses séquences groovy à faire remuer les popotins les plus imposants.
Cette chronique ressemble plus à une sommaire autopsie d’un crush inespéré, mais qui se confirme jour après jour, suite à un
date inopiné au cours duquel mon prétendant répondant au doux nom de GRIEF SYMPOSIUM, doté d’un don prémonitoire, aurait immédiatement compris ce qui me ferait craquer pour que je reste jusqu’à la fin du temps imparti, soit les vingt minutes que dure
Monolithic Dark Metal. Il va sans dire que j’accepterai sans réserve et en trépignant d’impatience un second rendez-vous, qui prendra, j’espère, la forme plus longue d’un album, suite logique à cette demo fort prometteuse !
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